Quel matériau pour votre maison ?

Manuel Apruzzese
Mis à jour par
le 19 juillet 2019
Journaliste chez PAP.fr

Le choix du matériau de construction pour une maison individuelle a une forte influence sur le confort intérieur et ne se fait pas au hasard. Le point sur les tendances du marché et les conseils pour bâtir solide et durable !

Cette maison passive a été réalisée en blocs coffrants. © DOMINDO

Choisir le matériau de construction avec lequel sera bâtie votre maison neuve est une étape importante ! Bloc béton, brique, béton cellulaire… l’éventail est large et la comparaison pas toujours facile. L'esthétique n'étant pas le seul critère, votre choix devra également être déterminé par les performances techniques de chaque matériau. Ils ne possèdent pas tous les mêmes qualités thermiques et mécaniques. De bonnes raisons pour étudier leurs caractéristiques de plus près avant de vous lancer dans votre projet de construction de maison.

Le parpaing : prêt pour le E+C- 

Qu'on l'appelle parpaing, moellon ou agglo, le bloc béton (c'est son nom officiel) se retrouve dans près de 50 % des maisons. Les raisons de ce succès ? Il est bon marché, facile à poser et possède une solidité à toute épreuve. Loin de s'endormir sur leurs lauriers, les industriels l'on fait évoluer pour en faire aujourd'hui un matériau technique à plus forte valeur ajoutée. L'époque des parpaings empilés avec un bourrelet de ciment pour rattraper une erreur de niveau est définitivement révolue. Désormais leur assemblage est d'une haute précision. Les joints ne font plus qu'un millimètre d'épaisseur et ils se collent.

La moitié des maisons sont construites en blocs béton. © Franck Paubel

Certains blocs ont vu leurs performances thermiques boostées par l'injection d'Airium dans leurs alvéoles. Véritable technologie de rupture en matière d’isolation thermique, cette mousse minérale a largement convaincu les industriels du bloc. Sa densité six fois plus faible que le ciment piège une grande quantité d’air, ce qui permet d'atteindre des performances thermiques comparables à celles des matériaux d’isolation traditionnels. Totalement inerte, cette mousse ne dégage aucun Cov et ne présente donc aucun risque pour les occupants. Autre atout, son empreinte carbone est inférieure durant son cycle de vie comparée à d’autres solutions isolantes. Enfin le confort d’été, durant les fortes chaleurs, est largement amélioré par rapport à une isolation traditionnelle grâce à un changement de phase thermique en moyenne deux fois supérieur à d’autres matériaux isolants. Les blocs béton affichent un R pouvant atteindre 1,77 m2k/W.

Les points forts du bloc béton 
• Bon marché 
• Technique maîtrisée 
• Excellentes qualités mécaniques 
• Bonnes qualités thermiques pour les blocs à isolation renforcée 
• Proximité du réseau de production et de distribution 
• 100 % recyclable 
Les inconvénients du bloc béton 
• Nécessite la pose d'un isolant rapporté 

Le bloc coffrant : très performant 

Cette technique se rapproche du béton à bancher. Chaque bloc coffrant isolant est composé de deux parois de polystyrène solidarisées par de fines entretoises métalliques à l’intérieur desquelles est coulé du béton. Un bloc de polystyrène ne pèse que 2 kg d'où une manutention très facile. Les blocs s'assemblent très rapidement comme des Lego®.

Le bloc coffrant offre un très haut niveau de performances thermiques. © DOMINDO

Résultat, pour le constructeur, la mise en œuvre est divisée par deux par rapport à une construction traditionnelle. Il suffit de monter les murs d'élévation et de remplir de béton le vide entre les deux planelles à l'aide d'un camion toupie. Une fois sec, on coule la dalle du premier et les maçons passent au deuxième niveau. Avec ce système constructif, l'étanchéité des maisons est très élevée. Des tests de perméabilité atteignent 0,12 m3/h/m2 alors que le plafond réglementaire est fixé à 0,60 m3/h/m2. Quant à la résistance thermique (indice qui mesure les capacités isolantes du matériau), elle varie de 5,67 à 8,96 m2.K/W selon l'épaisseur des planelles.

Les points forts du bloc coffrant 
• Les meilleures performances thermiques du moment
• Délais de réalisation divisés par deux
Les inconvénients du bloc coffrant 
• Coût
• Nécessite de faire appel à une société spécialisée

La brique : pour une maison écologique

La brique de terre cuite a su évoluer. Aujourd'hui les fabricants améliorent encore plus les performances du matériau en comblant les alvéoles des blocs avec de la laine de roche haute performance. Non seulement ce type de bloc répond aux exigences de la réglementation thermique actuelle mais devance même celles à venir. Côté performances on atteint des niveaux élevés. Pour une épaisseur de 30 cm, ce type de brique peut afficher un R = 4.05 m2.K/W, pour une épaisseur 36 un R = 4,88 m2.K/W et un R = 5,71 m2.K/W pour épaisseur de 42 cm !

La pose joints minces est aujourd'hui généralisée. Ces briques nouvelle génération se collent à l'aide d'une pâte de polyuréthane. © Terreal

Autre évolution majeure, ces blocs se collent au millimètre près avec un joint colle ou une mousse pour améliorer l'étanchéité à l'air. Là encore cette pose collée à la mousse de polyuréthane permet d'obtenir un gain de temps de l'ordre de 30 à 50 % pendant la construction. Et un délai de réalisation plus court, c'est moins de loyers à payer durant la construction de la maison !

Les points forts de la brique
• Ses performances thermiques
• Son inertie thermique qui lui permet d’emmagasiner la chaleur l’hiver et de conserver la fraîcheur l’été
• Les qualités thermiques pour les blocs à isolation renforcée
• Sa régulation hygrométrique
Les inconvénients de la brique
• Prix un peu élevé

Le béton cellulaire : agréable en toute saison

Le béton cellulaire est un matériau de construction offrant de belles performances thermiques en toute saison. Ce n'est pas un hasard si de prestigieux chais dans le Bordelais l'utilisent pour élever leurs différents millésimes. Ce matériau c'est du sable, de la chaux, du ciment, de l'eau et de la poudre d’aluminium. Suivant un savant dosage, les composants sont malaxés. La pâte obtenue est ensuite coulée et on attend qu'elle lève comme une pâte à gâteau sous l'effet de la poudre d'aluminium. Des millions de microbulles d'air se forment et sont emprisonnées :le béton cellulaire est gorgé d’air.  C'est cette structure particulière qui donne toutes ses qualités au matériau. 

Les blocs de béton cellulaire sont parcourus de millions de bulles d'air. C'est le secret de leurs excellentes qualités thermiques. © Ytong

A la fois léger et facile à couper, il se pose rapidement et facilement. Si le béton cellulaire atteint de bonnes performances en hiver, c’est surtout son comportement en période estivale qui reste son principal atout dans un contexte d'étés de plus en plus chauds. Sa bonne inertie thermique lui permet d’amortir les pics de températures extérieures. Pour un bloc de 30 cm, on obtient un déphasage de 13.5 heures (idéalement au moins 12 heures) et une excellente atténuation des amplitudes thermiques. La chaleur se diffuse donc peu et très lentement dans la maison. Autre atout : on peut se passer d'un doublage isolant intérieur. Les fabricants ont tous développé un système constructif complet pour bâtir entièrement une maison.

Les points forts du béton cellulaire 
• Très bonnes qualités thermiques en toute saison 
• Ne nécessite pas forcément un doublage isolant 
• Faible emprunte carbone 
• 100 % recyclable 
• Légèreté du matériau aisément manipulable 
Les inconvénients du béton cellulaire 
• Mise e œuvre plus délicate qui nécessite un savoir-faire particulier 
• Plus cher 

Des blocs plus écologiques

Le miscanthus, un végétal d'origine chinoise ressemblant à un roseau est promis à un beau développement. Un cimentier a d’ores et déjà déposé un brevet pour la fabrication de blocs de miscanthus, à l’instar du béton de chanvre. L'objectif est de remplacer le bloc béton qui possède un moins bon bilan carbone. Ce nouveau bloc contient environ 60 % de miscanthus à la place des traditionnels granulats. Ses qualités mécaniques sont bonnes ainsi que son pouvoir isolant puisque sa résistance thermique de R = 0.7 m2.K/W est compatible avec les exigences de la future RE 2020. Résultat il est environ trois fois plus isolant que le bloc béton classique avec des qualités mécaniques irréprochables. Sa pose reste simple et traditionnelle et respecte les méthodes de travail des artisans maçons. 

L'impression 3D en devenir 

L'impression 3D n'en est qu'à ses débuts mais pourrait se développer dans les prochaines années.  Cette technique consiste à déposer un ciment spécifique couche par couche à l'aide d'un bras robotisé. Concrètement, les murs sont en réalité faits de deux couches de polyuréthane, un matériau isolant.

La réalisation des maisons en impression 3D est encore une technique expérimentale. Cette technique innovante garantit une grande précision de réalisation mais surtout une rapidité d'exécution inédite. © Micallef (Plurial Novilia)

Le vide entre les parois est ensuite rempli d’un béton fibré à ultra-hautes performances pour assurer une bonne rigidité à l'ensemble. Une fois les murs et même le toit imprimés, il ne reste plus alors qu'à réaliser le second œuvre : plomberie, électricité, menuiseries. Cette technique assure un gain de temps important et surtout permet de laisser libre cours à toutes les audaces architecturales. La construction d'une maison peut être réalisée en un mois tout en réduisant son impact environnemental. L'impression 3D devrait révolutionner le secteur de la construction.

Le bois séduit de plus en plus 

Avec 10 855 maisons construites en 2018, le marché de la maison bois a augmenté de 12 % par rapport à 2016 selon l'enquête nationale de France Bois Forêt et du Comité des industries de l'ameublement et du bois. Manifestement la construction bois séduit de plus en plus d'acquéreurs. C'est dans l'air du temps : ils sont très attachés aux questions environnementales et désormais moins sensibles aux préjugés sur la maison bois. La maison ossature bois (84 %) reste le mode constructif le plus choisi.

L'un des avantages de la maison bois : des délais de construction deux foi plus courts. © Isover

Quel que soit le mode constructif, les maisons sont rapides à bâtir. Entre l'ouverture du chantier et la remise des clefs, il se passe souvent moins de six mois. Pas de séchage de béton ou du ciment ! Ces délais deux fois plus courts des travaux de construction s’expliquent techniquement, mais surtout par une organisation de chantier rigoureuse. Tous les éléments du bâti sont préfabriqués en usine avec une grande précision. La construction n'est donc pas soumise aux caprices de la météo. Parois et planchers sont souvent pré-équipés avec les pieuvres électriques, les revêtements ainsi que les portes et les fenêtres sont réalisés en atelier puis transportés sur le chantier où ils sont mis en œuvre en un temps record grâce à un engin de levage simple. Solide et souple, les volumes et cloisons sont aussi facilement modifiables pour s’adapter aux évolutions futures des propriétaires.

Les points forts du bois 
• Préfabrication des panneaux en usine 
• Construction rapide 
• Faible emprunte carbone 
• 100 % recyclable 
Les inconvénients du bois 
• Entretien plus contraignant 
• Inertie thermique plus faible 
• Prix 


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