Quel matériau pour ma maison écologique ?

Paille, bois, béton de chanvre, brique en argile crue… les matériaux biosourcés s’invitent régulièrement dans la maison individuelle. Quels sont leurs vrais atouts ? À quel label faut-il se fier ? Découvrez comment ces matériaux peuvent changer votre habitat.

Pour construire une maison vraiment écologique, il faut opter pour des matériaux biosourcés. © RossHelen/Shutterstock

Enfants, nous avons tous écouté médusés l’histoire des trois petits cochons. Si au jeu du grand méchant loup, la brique remportait la palme de la solidité, rien n’était dit sur les conséquences environnementales de ces matériaux. Ni sur la santé des trois petits cochons qui vivaient à l’intérieur. Pourtant, aujourd’hui, les chiffres sont clairs. Le secteur du bâtiment produit à lui tout seul 40 % des émissions de CO² des pays développés. Et selon l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur (OQAI), la France comptabilise 20 000 décès par an dus à la présence de polluants dans les logements. Impossible donc de négliger le choix des matériaux de construction de votre futur chez-vous.

Depuis plusieurs décennies maintenant, des matériaux biosourcés, autrement dit fabriqués à partir de matières premières végétales ou animales, fleurissent dans le monde du bâtiment. Paille, argile crue, chanvre, bois… ces alternatives vertes sont utilisées le plus souvent sous forme d’isolants, mais parfois aussi comme matériau autoportant. Il s’agit encore d’une filière d’avenir, mais leurs utilisations plus répandues pourraient aider à réduire de manière significative notre consommation de matières premières non renouvelables et à limiter les émissions de gaz à effet de serre. Les constructeurs s’y mettent alors pourquoi pas vous ?

Faire construire votre maison

La paille 

Saviez-vous que la plus vieille maison en paille du monde se trouve au Nebraska aux Etats-Unis ? Construite à la fin du xixe siècle, elle est toujours là solide sur ses bottes de paille enduites de terre. C’est le plus bel exemple de la longévité de ce matériau ! Évidemment, depuis, le secteur a fait du chemin. On ne comptabilise pas moins d’une douzaine de techniques différentes pour utiliser la paille dans l’habitat. Mais toutes les applications ne sont pas professionnelles. Ainsi, la paille version matériau porteur (le greb) reste réservée à l’autoconstruction. Par contre, les caissons de paille préfabriqués en atelier constituent une vraie alternative aux matériaux traditionnels. Ils restent non porteurs, mais servent d’isolant pour l’ensemble de la structure. Et pour cause, la paille présente d’excellentes qualités thermiques.

Selon Maël Steck, président de Batinature Scop et administrateur du Réseau français de la construction en paille, « les maisons paille permettent d'atteindre des niveaux de performances énergétiques largement en phase avec les impératifs actuels ». Et c’est loin d’être son seul atout. Au niveau de son cycle de vie, son empreinte carbone reste assez faible puisque c’est un matériau composé à base de déchets agricoles et qu’il est présent sur l’ensemble du territoire. Mieux, la paille retient carrément le carbone dans ses fibres. Elle absorbe également l’humidité, ce qui évite les problématiques liées à la condensation et aux moisissures. Entièrement biodégradable, la paille se classe A+ en matière de qualité de l’air. Attention toutefois aux colles utilisées qui peuvent contenir des formaldéhydes. Dernier point non négligeable, la paille est un matériau particulièrement dense, ce qui lui donne un avantage pour le confort d’été.

🪵 Le bois  

Construire une maison bois en France n’est plus un mythe. Il suffit de se balader sur les routes de l’Héxagone pour s’en rendre compte. Si le chalet et la cabane ont encore des adeptes, la maison bois contemporaine a pris le pas. Dans les faits, ce matériau est utilisé dans la construction depuis de nombreuses années maintenant, mais le bois a pris un nouvel essor avec l'arrivée de la RE 2020. En structure porteuse, en bardage, en panneaux, pour les menuiseries et même sous forme de laine pour l’isolation, le bois est partout. Question mode constructif, vous pourrez opter pour des rondins, des madriers, des poteaux-poutres ou des panneaux préindustrialisés. Cette dernière méthode appelée hors site permet de gagner du temps sur les chantiers. Le tout en profitant des qualités écologiques du bois.

Le bois est en effet un excellent isolant thermique et acoustique, tout en étant bien noté sur la qualité de l’air. Si vous utilisez de la laine de bois, sachez toutefois que des traitements chimiques restent nécessaires. Les maisons en bois ont la réputation d’être saines, notamment parce que le bois massif retient l’humidité avant de la rejeter petit à petit à petit quand l’air intérieur devient trop sec. Sur un chantier, le bois se révèle également exemplaire. Les éléments préfabriqués en usine limitent les déchets et le non-recours à l’eau réduit le gaspillage de cette ressource essentielle.

🧱 La brique de terre crue

Moins connue que le bois ou la paille, la terre crue est pourtant une alternative écologique assez intéressante. Ce matériau 100 % naturel (les briques sont simplement composées d’argile et d’eau) ne nécessite aucune cuisson. « Il suffit de laisser les briques sécher entre 48 et 72 heures pour qu’elles durcissent et elles sont prêtes pour être mises en œuvre », explique-t-on chez la société Argilus. L’argile est extraite directement dans une carrière située à proximité de l’outil de production pour éviter les transports trop longs.

Outre sa faible empreinte carbone, cette brique a une forte densité et présente d’excellentes propriétés d’inertie et de déphasage thermique. « Construire une maison en terre crue c’est un peu comme vivre dans ces vieilles maisons en pierre qui sont capables de garder la chaleur en hiver et de préserver la fraîcheur en été », assure-t-on chez Argilus. Autre atout de taille, l’argile constitue un parfait régulateur d’humidité à l’intérieur de la maison. Il absorbe naturellement l’eau et la restitue sous forme de vapeur d’eau. Et, cerise sur le gâteau, d’un point de vue esthétique, ces briques autorisent de jolies finitions variées. D’ailleurs, l’argile se décline évidemment sous d’autres formes pour la décoration de la maison.

Le béton de chanvre

Et pourquoi pas du chanvre ? Cette plante a de nombreuses applications dans le domaine de la maison. Sous forme d’isolant, 100 % pur chanvre ou mélangé avec du lin, elle se révèle particulièrement efficace. Le béton de chanvre apparaît ainsi comme une vraie opportunité pour tous ceux qui souhaitent faire construire une maison vraiment écologique. « Pour commencer, c’est l’une des rares plantes qui ne nécessite aucun traitement chimique car elle pousse rapidement et étouffe de manière naturelle les mauvaises herbes », détaille Nathalie Fichaux, directrice d’Interchanvre et secrétaire générale de Construire en chanvre.

Les murs en béton de chanvre sont respirants, autrement dit ils captent l’humidité de l’air en hiver et la restituent en été. Cela fait l’effet d’une ventilation naturelle. « Le chanvre et le bois sont deux matériaux qui s’allient très bien. Suite à différents tests, il a été établi que le béton de chanvre était un matériau coupe-feu », souligne Nathalie Fichaux. Concernant les labellisations, assurez-vous quand le chanvre est associé à de la chaux que cette dernière ait bien reçu une validation d’un organisme professionnel.

Question qualité de l’air, le chanvre est donc garanti sans COV (composés organiques volatils) et sans moisissures. Au niveau de son cycle de vie, il apparait comme particulièrement exemplaire. Non seulement un champ de chanvre est capable de capter énormément de CO² (1 ha absorbe 10 tonnes), mais en plus c’est le seul matériau dont on pourra récupérer la matière première en fin de vie et la remettre au champ.

Le lin dans la maison

Le lin est en train de devenir le matériau star dans la mode, car il répond à un type de consommation durable. C’est une ressource locale, renouvelable, qui nécessite zéro irrigation, qui ne produit pas de déchets et qui ne présente aucun OGM. Et en plus, il stocke du CO². Enfin son process de transformation naturel et mécanique renforce sa faible empreinte carbone. « Il a également de nombreuses applications intéressantes pour l’habitat », insiste Julie Pariset, en charge du pôle Innovation & RSE de Alliance du lin et du chanvre européens. Vous le trouverez sous forme de tissus d’ameublement pour l’intérieur comme l’extérieur, en revêtements muraux, en panneaux acoustiques, en papiers peints tissés et même en objets design. « Mais le lin présente aussi d’excellentes qualités isolantes », rappelle Julie Pariset.

Les isolants en lin sont durables, régulent l’humidité, garantissent le confort d’été (inertie thermique) et d’hiver (isolation thermique efficace contre le froid) et sont faciles à mettre en œuvre. En plus, ils constituent un répulsif naturel contre les parasites tout en restant non irritants à la pose. Ils se déclinent aussi en sous-couche sous parquet (plébiscités notamment pour leur atténuation des bruits de pas) ou en laine d’isolation (souvent mélangés avec d’autres matériaux comme le coton).

Les autres alternatives biosourcées

En dehors de ces cinq références incontournables, il existe aujourd’hui une multitude de matériaux biosourcés. Ils se présentent le plus souvent sous forme d’isolants et ont des caractéristiques écologiques reconnues.

👉Les panneaux en liège qui permettent d’isoler efficacement toute la maison (planchers, combles perdus, rampants de toiture, murs…) sont fabriqués à partir du chêne-liège ou d’anciens bouchons. C’est un matériau très résistant, imputrescible et qui ne nécessite pas l’ajout d’additifs. Par contre, il devra souvent être importé.

👉 Le textile recyclé, récupéré à partir des chutes de l’industrie de la mode ou des vêtements déposés dans les bennes à recyclage, se conditionne sous forme de panneaux. Ces derniers, simples à mettre en œuvre, n’émettent ni COV ni poussière mais ils doivent être traités et peuvent se tasser en application verticale.

👉 La ouate de cellulose se façonne à partir de journaux recyclés et pourra être utilisée en panneaux ou en vrac. Elle est appréciée pour ses performances thermiques et phoniques et sa régulation de l’humidité, mais il faudra la traiter chimiquement pour qu’elle soit résistante au feu.  

Matériaux biosourcés : un label pour vous guider

Cycle de vie, empreinte carbone, origine naturelle ou recyclée, absence ou non de traitements chimiques ou de COV… il n’est pas toujours évident de se renseigner sur la qualité des matériaux de construction. Encore plus quand ils sont biosourcés. Premier réflexe, rendez-vous sur les Fiches de déclaration environnementale et sanitaire (FDES). Elles vous renseigneront sur le cycle de vie de chaque produit (www.inies.fr).

Des certifications comme l’Ecolabel européen (accordé sur des critères sérieux et précis) constituent également un indicateur fiable (www.ecolabels.fr). Enfin, depuis 2015, le label Produits Biosourcés représente une nouvelle avancée pour informer le grand public. Mis au point par Karibati, reconnue comme une entreprise solidaire d’utilité sociale par l’Etat, ce label a pour ambition de mettre en lumière les matériaux qui intègrent une part significative de biomasse. À ce jour quinze produits sont déjà labellisés (isolants en chanvre en panneaux et en vrac, lin, coton, ouate de cellulose, isolants rigides en fibres de bois…). www.karibati.fr


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