Jamais les maisons neuves nont été aussi performantes. Ce haut niveau defficacité, elles le doivent à des règles de construction très strictes, qui imposent notamment une isolation de haut niveau. Cette dernière concerne tous les points de la maison, qu'il s'agisse des murs, des planchers bas et intermédiaires, des toitures, des baies vitrées, des portes, etc. La pose obéit à une très grande rigueur. Elle est d'ailleurs réglementée et les artisans doivent être spécialement formés. Pour suivre ces règles rigoureuses et vous permettre de marier confort et économies dénergie, constructeurs et fabricants proposent une kyrielle de solutions techniques. Reste à choisir la bonne
Maison neuve : l'isolation en bref
- La réglementation thermique (RT 2012) impose aux maisons neuves davoir un bâti très performant, ce qui passe par une bonne isolation. La RT 2012 ne privilégie pas de solution technique particulière.
- Tous les matériaux isolants permettent datteindre les objectifs de la réglementation. Les solutions techniques sont choisies au stade de létude thermique. Le résultat dépend de la qualité de la mise en uvre.
- Laine de verre ou de roche, polystyrène expansé, polyuréthane, matériaux biosourcés comme la fibre de bois ou la ouate de cellulose, les matériaux isolants sont très nombreux. Les constructeurs emploient des solutions certifiées.
- Dans la majorité des cas, les maisons sont isolées par lintérieur. Cette solution présente le meilleur rapport performance/facilité de mise en uvre/prix. Autres options : lisolation répartie, lisolation par lextérieur et lisolation mixte (par lintérieur et par lextérieur).
- Pour une efficacité maximale, tous les points de la maison sont isolés (planchers, murs, plafonds, etc.). Les ponts thermiques sont spécialement traités. Les menuiseries sont elles aussi isolantes.
1- Isolation : que dit la réglementation ?
La réglementation thermique 2012, la norme qui encadre la construction, nimpose ni matériau, ni mode constructif particuliers. Vous pouvez parfaitement bâtir une maison en brique ou en bloc béton, lisoler par lintérieur ou par lextérieur. Logique : « la principale exigence de la RT 2012, cest une obligation de résultats », indiquent D. Molle et P.-M. Patry, du bureau détudes Senova.
Avec la RT 2012, la consommation de votre maison ne doit pas dépasser 40 à 65 kWh par mètre carré et par an selon les régions. Il faut donc miser sur une enveloppe (lensemble matériau/isolation) performante. Pour ce faire, la réglementation introduit le coefficient Bbio. Il mesure, en points, lefficacité de cette enveloppe sans tenir compte des appareils de production dénergie.
Concrètement, le bureau détudes thermiques entre dans son logiciel ladresse et laltitude de la construction. Il obtient un coefficient Bbio maximum (Bbio max). Le Bbio de la maison doit être inférieur au Bbio max. Sinon la maison nest pas conforme à la RT 2012. Ainsi, lisolation va contribuer à faire baisser le Bbio de la maison pour le ramener en dessous du Bbio max.
Ces éléments figurent dans létude thermique réalisée par le bureau détudes. Ce dernier conseille le constructeur pour que la règle du Bbio soit respectée. Il va par exemple recommander tel type disolation, en tenant compte de son efficacité, de sa facilité de mise en uvre et de son coût. « Lobjectif du constructeur est certes de bâtir une maison performante et conforme à la réglementation, mais aussi de maîtriser ses prix pour préserver le pouvoir dachat de ses clients », explique Serge Nauges, P-DG des Maisons Serge Olivier.

2- Isolants : quelles performances ?
Deux indicateurs permettent dévaluer les performances des matériaux disolation. Le lambda mesure la conductivité thermique. Plus il est bas, meilleures sont les capacités disolation du matériau. Le coefficient R, lui, donne la résistance thermique. Plus il est élevé, plus le matériau est isolant.
Attention : ce sont les performances de lenveloppe (ensemble gros uvre/isolation) qui sont prises en compte, et pas seulement celles de lisolant. Selon le bureau détudes Senova, une maison, pour rester dans les clous de la RT 2012, doit afficher les coefficients R suivants : 3,2 à 5,5 pour les murs donnant sur lextérieur, 6,5 à 10 pour les toitures, 2,4 à 4 pour les planchers bas sur terre-plein, 3,4 à 5 pour les planchers bas sur vide sanitaire. Les niveaux à atteindre en fonction de la localisation et des caractéristiques de la maison et les solutions techniques ad hoc sont déterminés par létude thermique.
Les constructeurs disposent dun large panel de solutions pour isoler les maisons neuves. Les plus couramment utilisées : des murs en briques ou en bloc béton rectifiés (ils se posent sur joint mince grâce à un mortier-colle pour associer solidité et étanchéité) accompagnés dun isolant par lintérieur pour les murs, des planchers bas sur hourdis isolant (ce sont de gros blocs de polystyrène notamment), des panneaux isolants sous les toitures

L'ossature bois (7 à 8% du marché) donne de bons résultats. Les murs et leur isolant sont fabriqués en usine pour une qualité optimisée et un temps de chantier réduit. Autre option : la construction hors site. Ici, tout est préfabriqué. Les maisons se montent en quelques mois et affichent une performance énergétique de très haut niveau. « Nous pouvons bâtir des maisons passives, qui peuvent pratiquement se dispenser de chauffage, pour le prix d'une construction traditionnelle alors que d'ordinaire le passif est 20% plus cher », affirme Renaud Sassi, président des Maisons Logelis, un spécialiste du hors site.
La localisation de la maison a aussi son importance. « Pour les constructions en plaine, la brique collée de 20 cm dépaisseur associée à un isolant est suffisante », explique Yoan Canet, qui dirige les Maisons Partout, dans le Cantal. « En altitude, nous préférons le bloc pierre ponce, qui fait montre de meilleures vertus thermiques même si là encore nous lui ajoutons un isolant. » L'étude thermique, mais aussi l'expérience du constructeur et de ses partenaires industriels vont permettre de faire les bons choix.

3- Isolation : quel est le meilleur matériau ?
Laine de verre, laine de roche, polystyrène expansé ou PSE, ouate de cellulose, fibre de bois : dans le monde de lisolation, ce ne sont pas les matériaux qui manquent. Tous permettent datteindre le niveau exigé par la RT 2012, pour peu quils soient associés à un gros uvre efficace et que les deux soient mis en uvre dans les règles de lart.
Les matériaux industriels (laine de verre, de roche, PSE, perlite, etc.) sont les plus employés.Ce sont les moins chers. Leur mise en uvre est facile et rapide. On les trouve par exemple sous forme de panneaux clipsables sur les murs, ce qui permet de laisser passer les fils électriques tout en assurant de très bonnes performances.

Les laines minérales sont sensibles à lhumidité. Cest pourquoi un pare-vapeur leur est toujours associé. Sous la toiture, ils saccompagnent dun pare-pluie. Le polyuréthane est particulièrement performant et nest pas sensible à leau. Tous ces matériaux sont peu écolos puisque leur fabrication nécessite beaucoup dénergie grise.
Les isolants biosourcés sont plus vertueux. Laine de chanvre, fibre de bois ou ouate de cellulose sont des produits naturels. Leurs performances sont élevées tant en termes de résistance thermique que de déphasage (temps que mettent les calories à traverser le mur pour entrer dans la maison). Ils ne sont pas 100 % bios (sauf le liège) puisquils reçoivent des liants et des matériaux synthétiques qui augmentent leur résistance au feu, aux moisissures et aux insectes. Ces produits biosourcés sont bien plus chers que les isolants classiques. La différence peut aller du simple au quintuple !
Quel que soit lisolant employé, veillez à ce quil soit certifié. Le marquage CE, les certifications NF, CSTbat et Acermi sont indispensables. Ils garantissent les performances en termes de résistance thermique, de réaction au feu, de comportement mécanique, de stabilité, de résistance à leau, etc. Les produits qui ne sont pas encore certifiés doivent faire lobjet dun avis technique du Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB). Enfin, leur mise en uvre doit obéir à des règles précises, stipulées dans des documents techniques unifiés (DTU). L'empreinte carbone, un critère qui sera pris en compte par la prochaine réglementation environnementale 2020, est précisée dans la Fiche de déclaration environnementale et sanitaire (FDES).
Quel prix pour l'isolation ?
Les solutions les moins chères : la laine de verre (dans les 5 /m² HT pour un coefficient R de 5), suivie par la laine de roche (environ 8 /m²) et la ouate de cellulose (10 /m²). Fibre de bois, laine de chanvre ou encore composites lin/chanvre tournent autour de 20 /m². Le polyuréthane monte à 25 /m². Le plus cher : le liège expansé, qui dépasse les 80 /m² (source : Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement ou Cerema). Ces données sont à relativiser. Des volumes de production élevés avec des matériaux chers permettent de faire baisser les coûts. Certains constructeurs proposent des maisons à des prix très attractifs en utilisant le polyuréthane, par exemple.

4- Isoler par l'intérieur où par l'extérieur ?
Dans la plupart des cas, les maisons neuves conformes à la RT 2012 sont isolées par lintérieur. « Cest un procédé très efficace, simple à poser, qui correspond aux habitudes des entreprises de construction », explique un consultant spécialisé dans létude de la maison individuelle. La condensation sur les murs ainsi que leffet de paroi froide disparaissent, ce qui offre beaucoup de confort aux occupants. Autre avantage : un coût très abordable. Côté inconvénients, la surface intérieure de la maison diminue un peu, les prises de courant et les menuiseries doivent être montées avec soin pour éviter les ponts thermiques.
Moins de 1% des maisons neuves sont isolées par lextérieur. Très efficace, cette solution permet de supprimer rapidement les ponts thermiques,même sil faut apporter un soin particulier aux ouvertures, aux points de jonction avec la charpente et aux parties basses des murs extérieurs. Il ny a pas de pertes de surface pour les pièces intérieures. Létanchéité doit être très étudiée pour éviter les remontées deau par capillarité. Ce système demande une main-duvre spécialement formée et rompue à ce procédé. Le coût est élevé.

Autre solution : lisolation mixte, à la fois par lextérieur et par lintérieur. Elle est souvent rencontrée dans les maisons à ossature bois ou métal. Comment ça marche ? Lossature est garnie avec un isolant et lon rajoute, sur lextérieur du mur, une autre couche disolant. Le système est associé à un pare-vapeur et le tout est recouvert de bardage ou denduit. Industrialisée, cette solution est aussi économique que performante et son niveau de qualité est constant. La main-duvre doit être spécialement formée pour une pose dans les règles de lart.
Certaines maisons font appel à lisolation répartie. Lidée : cest le matériau de construction qui assure tout ou partie de lisolation. Du coup, il ny a pas besoin de rapporter une couche supplémentaire disolant. Deux types de procédé se partagent ce marché. Les monomatériaux sont de gros blocs remplis dair (monomur terre cuite, certains types de béton cellulaire, bloc pierre ponce, etc.). Ils se montent sur joint mince grâce à un mortier-colle. Les plurimatériaux sont des « murs sandwichs » : un isolant est emprisonné dans la structure porteuse qui peut être en bois ou en métal. Dans les deux cas, la mise en uvre exige beaucoup de vigilance, des équipes de pose bien formées et un suivi de chantier rigoureux. Le prix est plus élevé que celui des solutions classiques.
Isolation : nouvelles solutions
De nouvelles techniques apparaissent sur le marché. On trouve ainsi des blocs béton remplis d'isolant (mousse de ciment, laine minérale, etc.). Les briques peuvent aussi être garnies de perlite ou de laine minérale. Autre possibilité : les blocs coffrants. Le mur se monte avec des blocs faits de deux parois de polystyrène dans lesquelles on coule du béton. Très efficaces, ces solutions sont encore marginales en raison de leur coût élevé.

5- Isolation : ce qu'il faut traiter dans la maison
Toute la maison doit être bien isolée. A commencer par les murs. Mais le plancher bas, lui aussi, doit faire lobjet de toutes les attentions. Pour les constructions sur vide sanitaire, on pose des poutrelles en béton avec des entrevous en polystyrène. « Outre ses vertus isolantes, cette solution permet de lutter contre les remontées d'humidité et évite les dommages liés au tassement des sols », estime Alexandre Sion, directeur marketing et communication de Maisons Pierre.
Pour les constructions sur terre-plein, le dallage est coulé sur un isolant rigide à laide dun béton autoplaçant. Ce dernier est plus facile et plus rapide à mettre en uvre. Il est également possible dinstaller une chape flottante au rez-de-chaussée. Une fois le béton coulé, on place un isolant puis une deuxième dalle, plus mince et désolidarisée du gros uvre, est posée.
Pour les constructions à étage, les planchers hauts reçoivent eux aussi des poutrelles avec une isolation sur entrevous et des rupteurs de ponts thermiques (un élément essentiel). Planchers hauts ou bas, tout est prévu pour accueillir le chauffage par le sol dans les meilleures conditions d'étanchéité. Si, bien sûr, c'est cette solution qui est retenue.
La toiture nest pas oubliée. Avec des combles perdus, on souffle de la laine minérale en flocons ou de la ouate de cellulose. Il est également possible de poser des panneaux isolants ou des rouleaux. Une solution qui peut aussi sappliquer aux combles aménageables. Certaines toitures sont isolées par lextérieur. Des chevrons enserrent de la laine de roche, le tout étant recouvert dune plaque de plâtre. Résultat : une isolation continue du bas de la toiture jusquau faîtage. Ces caissons accueillent les matériaux de couverture. A lintérieur, la plaque de plâtre sera enduite puis peinte ou recouverte de papier peint.

Et les menuiseries ? Le plus souvent, vos fenêtres seront munies de doubles vitrages à faible émissivité. Entre les deux vitres se trouve une lame de gaz neutre (de largon le plus souvent), qui renforce les capacités disolation. Lune des vitres est recouverte dune couche doxyde métallique, qui retient les rayons du soleil à lintérieur, ce qui optimise les économies dénergie. Côté matériau, toutes les fenêtres, quelles soient en PVC, en bois ou en alu, permettent datteindre les objectifs fixés par la réglementation. Vous pouvez même vous offrir des baies à galandage (elles souvrent en rentrant dans le mur, les fabricants proposant depuis peu des modèles conformes à la RT 2012).
La réglementation impose de traiter les ponts thermiques, ces points de la maison qui présentent une moindre résistance thermique (jonction plancher mur par exemple). Des rupteurs seront ainsi placés sur les planchers bas, autour des fenêtres, au niveau des prises de courant, des prises dair de la ventilation, etc. Lobjectif : offrir à la maison une isolation continue, donc efficace. « Sils ne sont pas traités, les ponts thermiques peuvent représenter jusquà 40 % des consommations de chauffage dans une construction de niveau RT 2012 », avertissent D. Molle et P.-M. Patry.T, du bureau détudes Senova.
