Quelle est la meilleure façon d'isoler une maison ?

Jérôme Augereau
Publié par
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Journaliste chez PAP.fr

À l’abri du froid et de la chaleur, vous profiterez de votre maison toute l’année grâce à une isolation performante. Et vous maîtriserez votre consommation énergétique !

L'utilisation d'isolants biosourcés permet de diminuer l'empreinte carbone de la maison. www.knauf.fr © Knauf

À l’heure où le prix des énergies s’envole, votre maison neuve fera des envieux. Et pour cause ! Car votre demeure sera très bien isolée avec à la clé une faible consommation énergétique si vous ne chauffez pas à 23 °C. Pour les habitations qui sortent de terre depuis 1974, date de la première réglementation thermique, une bonne isolation est exigée. Chaque nouvelle réglementation intensifie d’ailleurs les exigences en la matière. Et la réglementation environnementale, la RE 2020, en vigueur depuis le 1er janvier 2022, ne fait pas exception à la règle, comme le rappelle Thierry Perrin, directeur associé de Bastide Bondoux, bureau d’études énergétique et environnemental : « la RE 2020 a renforcé l’isolation des maisons de 10 à 20 % par rapport à la RT 2012, la précédente réglementation ».

Comment empêcher la chaleur de s'échapper de la maison ?

Isolation plus épaisse. Pour empêcher la chaleur de s’échapper de la maison, les constructeurs ont augmenté l’épaisseur des isolants. Tous les éléments clés de l’habitation sont traités. L’épaisseur passe ainsi de 80 à 120 mm pour le sol, de 120 à 160 mm pour les murs et de 350 à 450 mm pour le plancher des combles perdus. Les sous-traitants des constructeurs disposent de différents produits pour réduire les déperditions thermiques. Les complexes associant le polystyrène expansé à une plaque de plâtre sont les plus utilisés comme la laine de verre pour isoler les murs de la maison. Cette laine est maintenue contre le mur grâce à une ossature métallique sur laquelle est fixée une plaque de plâtre pour la finition. Des isolants alvéolaires comme le produit Hybris d’Actis sont également de plus en plus employés pour les murs. Sa structure en nid d’abeilles permet de créer des cavités emprisonnant l’air qui est naturellement isolant. Rempart contre le froid, ce produit contribue aussi à préserver la maison des fortes chaleurs estivales. Chaque film réflecteur de cet isolant renvoie en effet 95 % des rayonnements infrarouges limitant ainsi la diffusion de la chaleur dans les pièces.

Un toit à traiter. L’isolation du plancher des combles perdus est souvent assurée par des flocons de laines minérales qui sont projetés. Cette technique est efficace, car elle traite l’intégralité de la surface en isolant les parties les plus inaccessibles. Si votre maison dispose de combles aménagés, des rouleaux de laines minérales sont placés entre les fermettes de votre charpente. Maintenus par une ossature métallique, ils sont ensuite recouverts par des plaques de plâtre. L’isolation du plancher est le plus souvent réalisée avec un entrevous en polystyrène expansé. Ce bloc est situé entre les poutrelles en béton armé qui constituent le plancher de la maison sur lequel sera coulé le béton pour créer la dalle de la maison.

Ce complexe composé de fibres de bois et de polyuréthane isole à la fois les rampants de la toiture tout en servant de support pour la pose des tuiles. www.unilin.com/fr © Unilin

Comment réduire l'empreinte carbone des isolants ?

Émissions carbone au crible. Exigeante sur la réduction des pertes de chaleur, la RE 2020 l’est aussi sur l’empreinte carbone de la maison. Les émissions de gaz à effet de serre des constructions doivent en effet diminuer progressivement de 31 % en 2031 par rapport à 2022. Cet objectif s’applique aux matériaux de construction (parpaings, tuiles…) et aux équipements nécessaires au chauffage et à la production de l’eau chaude. Les isolants sont donc concernés. Les fabricants s’y préparent depuis plusieurs années en réduisant notamment l’énergie exploitée dans leurs fours. Ces équipements sont devenus plus économes. L’utilisation de produits tels que le calcin, issu du recyclage du verre des bouteilles de verre et des pare-brise, limite aussi l’emploi de matières premières comme le sable nécessaire à la fabrication de laines de verre. Les fabricants de laines de roche ne sont pas non plus en retard. Une part importante de la production contient des produits recyclés.

Biosourcés avantagés. La réduction des émissions carbone pourrait aussi donner un coup de pouce aux isolants biosourcés qui sont, pour le moment, quasi-inexistants dans la maison neuve en raison de coûts élevés. Issue de la matière végétale, la ouate de cellulose et la fibre de bois, limitent les émissions carbone de la maison en absorbant du CO2 pendant leur croissance. Si l’offre était jusqu’à présent fournie par de petits acteurs, le marché change de dimension avec l’arrivée de groupes internationaux. Plusieurs industriels se sont positionnés en lançant des isolants biosourcés. À l’image d’Isover avec « Isocoton », un isolant biosourcé fabriqué à partir de textiles recyclés. Ce produit isole aussi bien les murs que des combles aménagés, perdus ou un plafond. Knauf dispose également dans sa gamme d’un produit biosourcé avec Thermasoft® Natura. Il s’agit d’un isolant fabriqué à partir de fibres végétales et recyclées de coton, de jute et de lin. Un produit qui peut être employé pour isoler les murs porteurs, les cloisons séparant les pièces ou encore les combles perdus.

Cet isolant fabriqué à partir de textiles recyclés isole les rampants de la toiture. www.isover.fr © Isover

Comment isoler la maison de la chaleur ?

Confort d’été enfin pris en compte. Autre innovation de la RE 2020 : le confort d’été. Les fortes chaleurs ressenties lors des canicules par les propriétaires de maisons conformes à la RT 2012 ont incité le législateur à renforcer les exigences concernant le confort d’été. Les maisons construites dans le cadre de la RE 2020 doivent désormais limiter l’inconfort l’été, mesuré par l’indicateur DH (degré heure). Les constructeurs doivent utiliser différents moyens pour éviter que la température du logement n’atteigne 30 °C le jour et 28 °C la nuit pendant une durée de vingt-cinq jours.

Volets programmés. Si le confort d’été s’applique à toutes les maisons, les obligations pour le constructeur sont différentes selon les régions, comme l’explique Thierry Perrin : « dans 80 % du territoire français, rien ne change. Le respect du DH n’est pas contraignant. Il suffit de piloter les volets roulants avec une horloge crépusculaire. Cet appareil déclenche l’ouverture des volets dès l’apparition d’un rayon de soleil permettant de bénéficier d’apports solaires gratuits ». Des protections solaires sont aussi conseillées pour s’abriter des rayons du soleil l’été. Des brise-soleil orientables (BSO), fixés devant les baies vitrées, peuvent être employés sans modération. Sans oublier les casquettes. Il s’agit d’ouvrages horizontaux placés au-dessus de la fenêtre pour créer de l’ombre. Mais la conception de ces équipements doit être soigneusement étudiée. Une casquette trop profonde peut priver la pièce de lumière naturelle l’hiver, augmentant l’utilisation de l’éclairage artificiel, gourmand en électricité.

Les stores protègent les pièces de la maison du soleil. www.sunscreen-mermet.fr © Mermet

Plus de contraintes au Sud. En revanche, les constructeurs devront faire plus pour garantir le confort d’été s’ils livrent des maisons dans le sud-est de la France. Dans ces secteurs, des volets roulants devront équiper les salles de bains, les toilettes. Autre choix : l’inertie du bâtiment doit être renforcée pour ralentir la diffusion de la chaleur dans la construction (cf. encadré : une inertie à privilégier). C’est notamment nécessaire pour une maison bois afin d’améliorer le confort d’été. Autre alternative : l’installation de brasseurs d’air (des ventilateurs fixés au plafond). « Il en faudra à minima un dans le salon », précise Thierry Perrin. « Et un dans chacune des chambres dans certains secteurs géographiques. »

Les protections solaires comme les casquettes préservent les pièces des chaleurs estivales tout en laissant passer la lumière l'hiver afin de diminuer l'éclairage artificiel. www.lapeyre.fr © Lapeyre

Une maison plus étanche à l'air
L’isolation performante de votre maison ne se résume pas à la seule qualité des isolants utilisés. L’étanchéité à l’air contribue, elle aussi, à ses performances. Un bâtiment étanche à l’air évite l’entrée d’air qui refroidit la maison augmentant les besoins de chauffage. La RE 2020 exige que l’étanchéité à l’air des constructions neuves soit inférieure ou égale à 0,6 m3/(h.m²). Concrètement, les fuites d’air acceptées par la réglementation ne doivent pas dépasser la surface d’un CD si tous les flux d’air étaient regroupés en un seul point.

Pour se conformer à cette exigence, les électriciens, plaquistes, plombiers, carreleurs doivent traquer la moindre entrée d’air parasite lors de la construction de la maison. De nombreux points doivent être traités comme la jonction entre le mur et le plafond, les menuiseries et le mur, les plaques de plâtre et le sol et le plafond pour assurer une parfaite étanchéité. Si l’étanchéité à l’air atteint en moyenne 0,4 m 3/(h.m²). Pour les maisons de plain-pied selon une estimation du bureau d’études thermiques Bastide Bondoux, il n’est pas rare d’atteindre 0,3, preuve que les professionnels maîtrisent l’étanchéité.

Avis d’expert

Directeur technique du groupe Hexaôm, Hervé Chavet nous détaille ses choix pour isoler les maisons livrées à ses clients.

Construire sa maison : Comment vous êtes-vous adapté à la RE 2020 ?
Hervé Chavet : Nous avons renforcé l’isolation de nos maisons que ce soient les murs, les combles. Et nous avons augmenté fortement la performance de nos planchers composés d’entrevous en polystyrène. Le choix de nos isolants s’effectue en tenant compte de différents critères comme la surface habitable. L’utilisation d’un isolant plus épais peut parfois occasionner une légère baisse de cette dernière. On examine aussi la mise en œuvre des produits choisis sans oublier l’impact tarifaire et des coûts qui peuvent lui être associés.

Utilisez-vous des isolants biosourcés pour isoler vos maisons ?
Les isolants biosourcés sont proposés en option à nos clients qui le souhaitent. La ouate de cellulose est utilisée pour isoler les combles et la fibre de bois pour les murs. Mais très peu d'acquéreurs prennent cette option. Les isolants biosourcés ne constituent pas le meilleur optimum économique. Si leur disponibilité s’améliore, si l’offre s’élargit, leur prix est en revanche plus élevé que celui des isolants traditionnels. Il faut compter un surcoût compris entre 2 000 et 3 000 € pour une maison.

Avec la RE 2020, les constructions sont plus étanches à l’air. Quelle est l’étanchéité à l’air de vos maisons ?
Nous nous sommes fixé comme objectif 0,4 m3/(h.m²) pour nos maisons de plain-pied et 0,6 m3 les constructions avec des combles aménagés. Ce dernier chiffre est plus élevé, car il y a davantage de risques d’entrées d’air parasite dans l’habitation. Mais dans les deux cas, nous arrivons à des valeurs inférieures. Nous obtenons une bonne étanchéité à l’air, car nous avons acquis de l’expérience avec la RT 2012. La précédente réglementation thermique avait en effet instauré une étanchéité à l’air plus importante que celle de la RT 2005 qui a modifié les habitudes de travail des artisans.

La ouate de cellulose permet d'isoler le plancher des combles perdus. www.soprema.fr © Soprema

Une inertie à privilégier
L’inertie d’un matériau est un élément clé pour assurer le confort d’été d’une habitation. Plus un matériau dispose d’une forte inertie, plus il est capable de stocker la chaleur et de la restituer progressivement, un phénomène appelé déphasage. Lorsque la température de l’air ambiant est élevée, le plancher béton d’une maison bois absorbe l’énergie. Ventiler la pièce le soir vide le plancher de ses calories et lui permet d’engranger de nouveau la chaleur le lendemain.


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