Cest la maison qui sadapte au terrain, jamais linverse. Intangible, cette règle de base de la construction doit toujours être respectée. Ceux qui lont outrepassée sen mordent les doigts. Mauvaise implantation, choix techniques hasardeux, conflits de voisinage ou encore surcoûts compliquent leur projet. Heureusement, vous avez les moyens déviter ces problèmes. Comment ? « Il faut bien sinformer sur tous les aspects du terrain et de la construction, notamment en termes de règlement durbanisme et de technique, mais aussi dialoguer avec le constructeur », répond Fabien Cuminal, directeur général de Cofidim (Le Pavillon Français, Maisons Sésame).
Créer la maison. Pour commencer, vous devez avoir une idée précise de ce que vous souhaitez construire. Maison de plain-pied ou à étage, architecture traditionnelle ou contemporaine, avec ou sans sous-sol, avec ou sans garage intégré, type de plan, orientation et conception bioclimatique, rien ne doit être laissé au hasard. « Le particulier maître de louvrage doit dresser un cahier des charges qui liste tous ses besoins et tous ses souhaits », conseille Steve Beaudel, directeur commercial du groupe Hexaôm. « Puis il bâtira le projet avec le constructeur pour faire les bons choix. » Ce nest quensuite que vous allez vous pencher sur ladaptation de votre projet au terrain.
Réseaux et règles d'urbanisme. Pour bien cerner la question, il vous faudra collecter de nombreuses informations concernant la parcelle. Le Plan local durbanisme vous donnera les règles architecturales à suivre. Si vous êtes en secteur protégé, vous devrez respecter les impositions de larchitecte des Bâtiments de France. Un certificat durbanisme opérationnel du terrain à demander en mairie vous dira si le terrain est viabilisé et raccordé aux réseaux et surtout sil est adapté à la maison que vous envisagez de bâtir. Les servitudes (droit de passage par exemple) doivent être clairement identifiées. « Une fois ces informations recueillies, on passe à lesquisse de la maison », explique-t-on chez Villa la Provençale.
Valider les points techniques de la maison
La parcelle au crible. A ce stade, vous procédez à une visite terrain en compagnie du commercial du constructeur et de son conducteur de travaux. « Lobjectif, cest de valider le projet sur le plan technique, mais aussi danticiper les questions liées au bon déroulement du chantier », note Christophe Martinet, conducteur de travaux chez Maisons Berval (groupe Hexaôm). « La visite terrain permet de chiffrer les coûts annexes au projet. Cest plus sécurisant pour lacquéreur et la confiance avec le constructeur en sort renforcée, à condition que tout se déroule en bonne entente et dans la transparence. Pour que tout soit clair et cohérent, nous pratiquons cette visite terrain avec le commercial qui gère le projet. »
Voisins et réseaux. La visite terrain permet de vérifier de nombreux points techniques. « Nous prenons par exemple en compte laltimétrie du terrain pour bien implanter la maison », précise Christophe Martinet. « Nous faisons très attention aux constructions voisines, notamment aux murs mitoyens. Nous ne pouvons pas creuser plus profond que leurs fondations sous peine de créer des affaissements. » Et dajouter « nous regardons aussi la présence des réseaux, des souches darbres ». Pour ce qui concerne les caractéristiques géotechniques de la parcelle, « nous réalisons systématiquement une étude de sol pour bien identifier les qualités du terrain, puis nous faisons réaliser une étude béton pour déterminer le bon type de fondations », poursuit Christophe Martinet.
Laccès au terrain. C'est une question fondamentale. Si les camions peuvent se garer devant, le transport des matériaux à la main (colletinage) ne posera pas de problèmes. Si les camions doivent stationner au bout de la rue, le colletinage peut coûter cher. « Selon la complexité du terrain et du chantier, le surcoût peut aller jusquà 10% du prix de la maison », avertit le conducteur de travaux des Maisons Berval. « Si cest un lot arrière, situé derrière un terrain qui donne sur la rue, il faut sassurer que laccès est assez large et assez solide pour laisser passer les camions. Si ce nest pas le cas, il faudra stocker les matériaux sur la parcelle. Ils devront être protégés contre les intempéries et il faut prendre des dispositions pour éviter les vols. »
Construction : maîtriser l'impact du voisinage
Composer avec la nature. Les équipes du constructeur vont sintéresser aux ruissellements pluviaux, à la présence de sources ou de puisards. Certains sols sont pollués. Dans ce cas, il faut décaper la parcelle pour traiter les terres. En matière de végétation, il faut faire le tri entre ce qui sera conservé et ce qui sera éliminé. Dans certains secteurs, les plantes peuvent être protégées et leur arrachage est interdit. « Nous évaluons le plus précisément possible le volume de terre qui sera excavé du terrain », indique Emmanuel Mahé, commercial chez Maisons Berval. « Il sagit notamment de chiffrer ce poste pour le communiquer au client afin quil nait pas de mauvaises surprises. » Ce point est souvent oublié et lacquéreur doit alors, après le chantier, prendre lui-même en charge lévacuation et son coût. Conseil : mieux vaut intégrer ce poste dans le contrat.
Et les constructions alentours ? Limpact du chantier sur les propriétés limitrophes doit être réduit pour éviter les conflits de voisinage. Dans ce domaine, les précautions sont de mise. Le bon état dun mur mitoyen pourra être constaté par huissier pour plus de sécurité. Il sagit également de ne pas dégrader la voirie. Et Christophe Martinet de citer les trottoirs en exemple : « sils sont en bon état, nous les recouvrons dune chape béton pour les protéger, chape qui sera ensuite enlevée. Sils sont dégradés, nous les remettons à neuf après le chantier ». Les équipes du constructeur vont également vérifier en mairie sils ont lautorisation de stationner, si des réglementations spécifiques doivent être observées. « Nous sommes constamment dans lanticipation, ce qui nous permet de bien gérer le chantier et dassumer toutes nos responsabilités vis-à-vis du client, de nos entreprises partenaires et du voisinage », résume Emmanuel Mahé.
Faut-il faire une étude de sol ? La visite terrain ne dispense pas dune étude de sol. Cette dernière permet danalyser la nature du sol pour déterminer le type de fondations à employer et leur dimensionnement, mais aussi calculer leur coût. Le mieux, cest de la présenter aux différents constructeurs que vous rencontrerez, qui ainsi disposeront dune bonne base de travail. Le coût : dans les 1 500 € à titre indicatif. A noter : depuis le 1er octobre 2020, un particulier qui vent une parcelle dans un secteur soumis à des risques de retrait-gonflement des sous-sol doit obligatoirement fournir une étude de sol à son acheteur. Ce dernier communiquera l'étude au constructeur, qui ainsi choisira les bonnes fondations. En lotissement, l'étude de sol réalisée pour l'ensemble de l'opération suffit. Elle sera fournie par l'aménageur à son client particulier.
Priorité : adapter la maison à la parcelle
Etude thermique. Une fois la visite terrain terminée, le projet est revu pour garantir sa bonne adaptation au terrain. « Cette étape doit se dérouler avec le client, qui peut avoir son mot à dire et qui doit toujours être écouté. Mieux : compris », insiste Emmanuel Mahé. Une fois que tout le monde est daccord, que toutes les dispositions sont prises, on passe à létape suivante : la pré-étude thermique et environnementale. Obligatoire dans le cadre de la Réglementation environnementale 2020 (le texte qui régit la construction), elle va permettre de choisir mode constructif et isolation pour atteindre les objectifs fixés par la RE 2020. Rappelons que cette dernière plafonne les besoins en chauffage et les consommations dénergie de la maison. Toujours au niveau des exigences réglementaires, rappelons que ces documents, ainsi quune attestation dengagement à respecter la RE 2020, doivent être obligatoirement joints au permis de construire.
La maison, le contrat et le prix. Dès lors, le projet est bien bâti et toutes ces composantes identifiées et chiffrées. Autrement dit, la visite terrain participe à la fixation du prix de la villa. Le Contrat de construction dune maison individuelle (CCMI) et la notice descriptive qui laccompagne peuvent alors être rédigés. Cette dernière détaille tous les éléments qui composent la maison, mais aussi des points comme lenlèvement des terres ou le colletinage. Si vous passez par un architecte ou par un maître duvre, ils procéderont de la même façon. Mais attention : sans préjuger de leurs capacités professionnelles, souvenez-vous que leurs contrats offrent moins de protections que le CCMI. Avec lui, le prix est global, forfaitaire et définitif. Sil savère, après signature, que des fondations renforcées sont nécessaires, le surcoût est à la charge du constructeur, comme le prévoit la loi de 1990 sur le Contrat de construction. Alors quavec un autre cadre juridique, vous devrez remettre la main à la poche.
Service constructif
Si vous navez pas de terrain, le constructeur peut vous aider à choisir le vôtre grâce à ses contacts. La plupart dentre eux proposent des opérations terrain + maison. Dans ce cas, la construction est conçue pour sadapter à la parcelle. Mais la visite terrain reste indispensable !