Construire une maison sur un petit terrain fait partie intégrante du quotidien des constructeurs ! « Ces parcelles représentent désormais 23% de ma production », explique Marc Loys, gérant des maisons Elian qui construit une soixantaine de maisons par an en Ille-et-Vilaine. Les plans locaux durbanisme des communes, les schémas de cohérence territoriale (Scot) ont en effet réduit la taille des parcelles dédiées à lhabitat individuel que ce soit en secteur diffus* ou en lotissement**. La surface moyenne est ainsi passée de 1 000 m² il y a 15 ans à 200, voire 300 m² dans de nombreux départements.
Une hauteur de maison limitée
Ces fonciers compacts ne sont pas sans incidence sur la conception des maisons. Certains plans locaux durbanisme (PLU) imposent une hauteur maximale des bâtiments de 3,50 ou 4 m en limite de propriété. Les constructeurs y prévoient alors le garage. Autre alternative : un rez-de-chaussée en limite de propriété et un bâtiment décalé qui accueillera létage de la maison.
Une habitation alignée sur la rue
Dans certaines villes comme Rennes (Ille-et-Vilaine), les maisons doivent être alignées sur une rue. Des contraintes encore accentuées par les exigences de larchitecte-conseil qui contrôle les permis de construire. « Nous avons dû construire la maison en limite de propriété alors que les règles durbanisme ne limposaient pas », raconte Marc Loys. Pour maximiser la surface habitable, les professionnels construisent généralement deux étages sur ces parcelles. Il est ainsi possible de disposer de 140 m² sur un terrain de 200 m². « Les acquéreurs peuvent profiter de pièces plus grandes », explique le responsable. « Les chambres mesurent 12 à 13 m² et les parents disposent dune suite parentale dépassant 25 m². Les volumes situés sous les rampants du toit permettent de créer environ 25 m² habitables. »
Une intimité à préserver dans la maison
Certaines règles durbanisme imposent aussi une construction sur les deux limites séparatives du terrain. Les habitations sont alors mitoyennes des deux côtés. « La difficulté sur ce type de parcelle cest la gestion du vis-à-vis », explique Stéphane Landemaine, gérant de lAtelier Landemaine. Pour préserver lintimité de la famille, le constructeur dispose de plusieurs solutions. Il peut prolonger le mur mitoyen en hauteur ou en longueur. Une fenêtre classique (1,20 m x 1,35 m) peut être également remplacée par une fenêtre panoramique plus haute que large pour maximiser la lumière naturelle tout en limitant les vues chez le voisin.
Le charme du patio
Une pergola peut être aussi réalisée sur la façade arrière pour garantir lintimité tout en se protégeant de lensoleillement estival. « Nous proposons souvent à nos clients la création dun patio dans leur maison », précise Stéphane Landemaine. Implanté en limite de propriété, cet ouvrage dune surface moyenne de 15 m² bénéficiant dune double exposition (nord, ouest) dessert le séjour et la cuisine. Une terrasse en bois est souvent réalisée dans cet espace. « Nos clients apprécient lintimité apportée par cette pièce supplémentaire », précise le dirigeant.
Compenser une mauvaise orientation de la maison
Lobligation de construire en limite séparative ne permet pas toujours de bénéficier dune exposition optimale pour la maison. Or une bonne orientation est essentielle car elle permet daugmenter les apports lumineux diminuant ainsi les besoins en chauffage des occupants. La façade arrière, qui accueille habituellement le salon séjour, si elle est orientée au sud, est parfois exposée plein nord sur certains terrains. « Dans ce cas, nous modifions laménagement intérieur de la maison », détaille-t-on chez les Demeures Caladoises. « Le séjour sera positionné sur la façade avant pour profiter de lensoleillement. La cuisine sera implantée en façade arrière ». Pour maximiser lensoleillement, un séjour traversant permettra de bénéficier dune double-exposition. Autre alternative pour augmenter les apports lumineux : limplantation de fenêtres en saillie sur la façade si les règles durbanisme en vigueur sur la commune le permettent. Des coupoles peuvent être aussi installées sur les toitures terrasses pour éclairer les pièces.
Une architecture très créative
Si la forme des maisons est souvent contrainte par la taille de la parcelle et les règles durbanisme, larchitecture nest pas bridée pour autant. Bien au contraire ! Certains constructeurs marient les briques à lenduit pour la façade du rez-de-chaussée et optent pour une ossature bois avec un bardage métallique à létage. « Jai proposé à mes clients dimplanter un jardin dhiver à létage alors quil aurait été possible de réaliser un toit-terrasse. Mais ce dernier naurait pas pu être utilisé », explique Stéphane Landemaine. Des balcons sont aussi créés au premier étage. Ces ouvrages sont coiffés dune casquette, la baie vitrée étant protégée quant à elle des rayons du soleil par un panneau coulissant.
* Secteur diffus : un terrain qui nest pas forcément raccordé aux réseaux : eau, électricité, gaz, assainissement.
** Lotissement : une procédure durbanisme qui propose des lots à bâtir raccordés aux réseaux.
Une maison plus difficile à construire
On ne construit pas de la même façon sur un terrain de 200 m² que sur une parcelle de 1 000 m² ! En secteur dense, les maisons construites en limite mitoyenne des deux côtés disposent rarement dun accès à larrière du lot. Conséquence : les terres issues du terrassement doivent être évacuées au début du chantier. Une évacuation qui peut coûter cher ! « Pour un terrain plat, il faut compter environ 1 000 € contre 4 000 € pour un terrain pentu car ce dernier nécessitera des travaux de terrassement plus conséquents », précise-t-on chez les Demeures Caladoises.
La réalisation du gros uvre peut nécessiter parfois le démontage de la clôture ou la démolition du mur du voisin sil faut construire en limite séparative. Une rencontre avec le propriétaire est indispensable pour obtenir les autorisations nécessaires au bon déroulement du chantier. La gestion des déchets est aussi différente. Faute de pouvoir stocker les déchets sur un petit terrain, le camion devra revenir plus souvent pour les évacuer. Autant de coûts supplémentaires qui devront être intégrés au budget !