La fossilisation accélérée : une révolution verte

Marianne Font
Mis à jour par
le 15 février 2023
Journaliste chez PAP.fr

Comment réduire l’empreinte carbone de l’industrie du bâtiment ? En transformant des déchets non recyclables jusqu’à maintenant en granulats pour la construction ! Ce procédé innovant mis au point par la start-up Néolithe a une ambition : limiter les effets du réchauffement climatique.

© Néolithe

Le défi de notre époque ? Parvenir à réduire drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre. Le secteur du bâtiment, l’un des plus émetteurs de CO2, a entamé sa mutation verte depuis plusieurs années maintenant : limitation des déchets, matériaux naturels, réduction des polluants, politique de recyclage des équipements... Pourtant, la route vers la neutralité carbone apparaît encore longue. En cause, notamment, les déchets non recyclables produits par l’industrie constituée de ces restes de matériaux (plâtre, bois, plastique, isolant).

Une alternative non polluante

Jusqu’à présent, seulement deux solutions existaient pour le traitement de ces déchets spécifiques : l’enfouissement et l’incinération. Deux méthodes qui se révèlent malheureusement polluantes pour les sols et lourdes sur le plan de l’empreinte carbone. C’est pour répondre à cette problématique que la start-up Néolithe propose désormais une troisième voie : la fossilisation accélérée. Ce processus innovant permet d’éviter de réémettre du CO2 en le séquestrant ! Selon les dirigeants de la start-up, leur méthode appliquée à l’ensemble des déchets produits en France chaque année permettrait de réduire les émissions carbone de l’Hexagone entre 5 et 10 % chaque année !

© Néolithe

Comment ça marche la fossilisation accélérée ?

Inspirée du processus naturel de la sédimentation, la fossilisation accélérée consiste tout simplement à traiter les déchets en les transformant en pierre. Non seulement cette méthode émet très peu de gaz à effet de serre, mais en plus, 100 % des déchets considérés comme impossibles à recycler se retrouvent revalorisés. Les granulats minéraux obtenus au terme du processus seront ainsi réutilisables dans le secteur de la construction.

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La fossilisation en pratique

Des fossilisateurs seront implantés directement au sein des centres de tri qui réceptionnent les déchets. Avec une emprise au sol de 500 m², ils pourraient traiter chacun 10 000 tonnes de déchets chaque année. Le procédé, à la fois mécanique et chimique, ne nécessite aucune chauffe et ne rejette rien dans l’atmosphère ou l’environnement (ni fumée, ni odeur, ni eaux usées). Il présente donc l’immense avantage écologique de stocker plus de carbone qu’il n’en produit. Mieux, d’ici deux ans, l’entreprise prévoit en plus du traitement des déchets de construction de s’attaquer également aux ordures ménagères.

La fossilisation accélérée consiste à traiter les déchets en les transformant en pierre. © Néolithe

De précieux cailloux

Les granulats obtenus par cette technique, appelés « anthropocite », pourront se substituer aux minéraux naturels récupérés dans des carrières et sont destinés à entrer dans la composition d’un béton non structurel. Véritables puits carbone, ces minéraux pourraient trouver de nouveaux usages prochainement. Le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) vient de délivrer une évaluation technique des produits et matériaux afin d’apporter la preuve de la qualité de ce béton conçu à base d’anthropocite. La start-up souhaite étendre les usages de ce nouveau matériau, notamment vers d’autres types de béton. Ces granulats pourraient donc remplacer leurs versions naturelles à hauteur de 30 % assez rapidement. 


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