Chauffage : les dernières nouveautés

Manuel Apruzzese
Mis à jour par
le 30 juillet 2019
Journaliste chez PAP.fr

Les industriels du chauffage rivalisent d'ingéniosité pour proposer des matériels de plus en plus performants et beaucoup plus respectueux de l'environnement. Gros plan sur quelques nouveautés à venir.

Quand innovation rime aussi avec esthétique. Cette maison est recouverte d'ardoises photovoltaïques. Il n'y a plus de panneaux disgracieux sur la torture et les rendements sont au rendez-vous ! www.cupapizarras.com © Thermoslate

Le secteur du bâtiment est aujourd'hui le plus gros consommateur d'énergie en France (46 % de la consommation énergétique nationale), loin devant les secteurs du transport et de l'industrie (27 et 24 %). Il est donc tout naturellement le premier contributeur d'émissions de gaz à effet de serre (CO2) avec 25 % des émissions de gaz à effet de serre. Les nouveautés affichent toutes des consommations très faibles et de hautes performances. Objectifs atteints !

Une chaudière thermodynamique

Le rendement maximal théorique de la condensation sur gaz est de 111 %. Les meilleures chaudières affichent des rendements de 109 %, mais les limites physiques théoriques sont atteintes. Il devient techniquement très difficile d'améliorer leurs performances avec les technologies traditionnelles. Alors comment une chaudière à gaz peut afficher des performances près de deux fois plus élevées qu'une chaudière à condensation ? Tout simplement en combinant deux matériels réputés pour leurs performances et leurs rendements. « Nous avons associé une chaudière gaz à condensation à une pompe à chaleur. Mais l'innovation majeure réside dans le compresseur thermique. Cette association unique permet d'obtenir de très hauts rendements », détaille Philippe Dujardin, directeur business développement chez Boostheat. Les résultats obtenus sont époustouflants. Le rendement de la chaudière associé à celui de la pompe à chaleur permet d'atteindre 200 % ! Pour le particulier, c'est une facture énergétique et des gaz à effet de serre divisés par deux !

La chaudière Boostheat affiche un rendement de près de 200 %, soit près du double des limites physiques théoriques des chaudières à condensation classiques. www.boostheat.fr © Boostheat

Le principe technique ? La chaudière utilise la chaleur issue de la combustion du gaz, pour réaliser le travail du compresseur et activer un cycle de pompe à chaleur. L'innovation ne s'arrête pas là. La Pac utilise le CO2 comme fluide frigorigène. Il remplace les fluides classiques, au pouvoir à effet de serre 2 000 fois supérieur. Il fonctionne également à des températures extérieures plus basses, ce qui garantit une performance optimale de la chaudière, particulièrement en hiver. Enfin le compresseur thermique, le cœur du système, est sans frottement, sans bruit et sans huile, ce qui rend la machine quasiment inusable. Ce n'est pas un hasard si la chaudière est garantie 10 ans, une exception ! Boostheat affiche un prix de 14 300 € HT et estime que l’installation complète revient à 17 000 € TTC.

Un poêle à bois gainable

Et si vous chauffiez la totalité de votre maison avec un seul poêle à bois ? Si la surface habitable de votre maison est inférieure à 100 m2, c'est une solution compatible avec les exigences de la Réglementation thermique. Mais attention, si un poêle suffit, il devra être étanche et être équipé d'une régulation électronique. Le poêle canalisable permet de régler en partie le problème d’un point chaud unique pour toute la maison en diffusant de la chaleur dans différentes pièces grâce à des gaines. C’est une solution à creuser pour ceux qui souhaitent limiter leur investissement, réduire leurs dépenses de chauffage tout en programmant le fonctionnement du poêle au degré près.

Ce poêle à bois peut être raccordé à 28 mètres de gaines. De quoi chauffer tout une maison. Il se décline en 9 kW et 12 kW. www.palazzetti.fr © Palazzetti

Ce mode de chauffage présente de nombreux avantages : il est d'abord très efficace grâce à des rendements élevés et à un prix du kilowatt stable et plus bas. Et puis il fait appel à une ressource naturelle renouvelable. Quant au faible coût d'investissement, il séduit de nombreux primo-accédants.

Si vous choisissez un poêle gainable, il faut l’envisager dès la conception des plans pour intégrer le passage des canalisations d'air chaud dans le bâti. Le poêle Air Pro System développé par Palazzetti est équipé de deux ou trois ventilateurs distincts (selon la puissance du poêle), gérables de façon indépendante. Ils canalisent l’air chaud dans plusieurs pièces équipées d’une distribution d’air. Ce poêle accepte un linéaire pouvant atteindre 28 mètres, une longueur largement suffisante pour chauffer toutes les pièces de la maison. Comptez 4 500 € pour ce type de poêle.

Une géothermie très discrète

Ecologique, la géothermie exploite la chaleur du sol pour la transmettre au réseau de chauffage de la maison et produire aussi l'eau chaude sanitaire. Le fonctionnement du système repose sur un grand serpentin horizontal enfoui à 80 cm de profondeur. Rempli d'eau glycolée, il capte les calories contenues dans le sol.

La seule contrainte, qui a pu dissuader un certain nombre d'acquéreurs par le passé, était le décaissement obligatoire du terrain sur une surface comprise entre 80 et 150 % de la surface à chauffer. Cette portion de jardin était alors inutilisable. Par ailleurs, la politique de densification produisant des terrains de plus en plus petits, la gestion des déblais était souvent complexe à gérer.

Désormais il n'est plus nécessaire de décaper l’équivalent de la surface habitable de la maison pour placer le réseau de capteurs géothermiques. Un tuyau enterré en tranchée sur le périmètre du terrain suffit. Il divise par deux la linéaire. www.sofath.com © Sofath

L'innovation portée par Sofath solutionne tous ces problèmes. « Le captage horizontal traditionnel à eau glycolée est une solution efficace et rapide à mettre en œuvre. Mais cette pose nécessite un décapage total d'une partie du terrain et il faut stocker temporairement la terre de déblais. Pour répondre à cette problématique, nous avons développé le captage en tranchée avec des tubes plus gros. La pose s’apparente à celle d'un système d'arrosage enterré », détaille Thierry Bertrand, responsable support technique de Sofath, leader français de la géothermie.

La mise en œuvre est facile puisqu'une tranchée de 60 cm de profondeur et de 10 cm de large suffit pour placer le réseau de capteurs. Pour une puissance de 5 kW, un diamètre de 40 mm et 120 m de capteurs suffisent, soit deux fois moins de linéaire. « Le tuyau capteur peut être placé en périphérie du terrain en monotranchée, libérant ainsi tout l'espace autrefois inexploitable pour implanter une piscine par exemple », conclut Thierry Bertrand. Une installation géothermique est accessible à partir de 10 000 €.

Trois en un

Comment satisfaire les besoins de chauffage l'hiver, de rafraîchissement l'été et d'eau chaude sanitaire toute l'année avec une seule machine ? C'est la question à laquelle Aldes apporte une réponse. Dans une maison qui s'inscrit dans la Réglementation thermique 2012 et bientôt dans la Réglementation environnementale 2020, les besoins de chauffage sont très faibles, la demande de rafraîchissement augmente et la production d'eau chaude sanitaire représente la principale consommation énergétique de la maison.

Pour répondre à cette équation complexe, Aldes a développé un générateur triple service (chauffage, rafraîchissement, eau chaude sanitaire) qui bénéficie du Titre V (donc compatible avec le moteur de calcul de la RT 2012). Pour satisfaire à tous ces besoins, l'industriel a misé sur une solution thermodynamique réversible à vecteur air. « Nous avons développé cette solution multifonction pour gagner de la place. C'est une problématique importante. Le chauffage et l'eau chaude sanitaire sont regroupés dans un seul bloc relié à une seule unité extérieure », précise Pierre Roussanes, chef produit confort thermique chez Aldes.

T.One Aqua Air d’Aldès assure trois fonctions : le chauffage, le rafraîchissement et la production d’eau chaude sanitaire. www.aldes.fr © Aldes

Techniquement la machine met en œuvre une pompe à chaleur qui, par l’intermédiaire d’une unité extérieure, capte les calories de l’air, les transmet à une unité intérieure qui, de son côté, se charge de filtrer et de réchauffer l’air et l'eau chaude sanitaire. « Nous n'avons pas de gaines pour le flux d'air. L'air chaud ou froid est transféré dans les différentes pièces par un plénum (NDLR, sorte de faux plafond) de diffusion étanche de seulement 25 cm d'épaisseu», ajoute Pierre Roussanes. Le flux est imperceptible, sans aucune nuisance sonore ni vent.

Pilotées par thermostat, les bouches de diffusion sont motorisées et positionnées au-dessus des portes. Elles régulent la température pièce par pièce. Un thermostat permet d’ajuster en temps réel le débit d’air soufflé selon les besoins de chaque pièce. En standard, l’ensemble est conçu pour alimenter quatre zones différentes (soit cinq bouches de diffusion). On peut brancher jusqu’à neuf bouches. Enfin, grâce à une application dédiée, il est possible de suivre et de commander en temps réel le système depuis son smartphone. Le prix ? A partir de 10 000 € fourni posé.

Une chaudière qui apprend

L'auto-apprentissage des appareils de chauffage existe depuis déjà quelques années, notamment pour les radiateurs électriques. Ils intègrent les habitudes (réveils, absences, retours…) des occupants et adaptent leur fonctionnement donc leurs consommations énergétiques en fonction de tous ces paramètres. Les chaudières gaz s'y mettent aussi. Elles sont désormais capables d'analyser les consommations d'eau chaude sanitaire des occupants du logement.

Cette chaudière s'adapte aux habitudes des occupants. Elle analyse, entre autres, les puisages d'eau, même les plus petits, pour optimiser son fonctionnement et ses consommations. www.saunierduval.fr © Saunier Duval

Saunier Duval présente la technologie Isodyn3 qui permet à la chaudière d’analyser en continu la façon dont chaque particulier consomme son eau chaude et d’ajuster par anticipation les besoins de tirage. La chaudière est capable de reconnaître s’il s’agit d'un lavabo, de l’évier de la cuisine, de la douche ou du remplissage d’une baignoire et mémorise les habitudes. « Aujourd'hui les gains sur le chauffage sont minimes. L'enjeu s'est déplacé sur la production d'eau chaude sanitaire. La chaudière que nous présentons analyse le mode de vie des occupants. Elle reconnaît même les plus petits sous-tirages, ce qui lui permet d’effectuer jusqu’à sept fois moins de démarrages par jour qu’une chaudière à accumulation dynamique équivalente. Elle assure ainsi au consommateur un meilleur confort sanitaire, davantage d’économies d’énergie… et une plus grande durabilité du produit », précise Tony Neulat, directeur marketing chez Saunier Duval. A partir de 4 000 €.

Un thermostat intelligent

Les innovations ne sont pas forcément spectaculaires pour améliorer le confort quotidien. Rehau apporte une réponse à la régulation du chauffage par le sol pièce par pièce. Nea Smart 2.0 de Rehau est une régulation qui s’adapte aux besoins des occupants. Ainsi le Nea Smart 2.0 enregistre les habitudes des personnes et applique les consignes de chauffage pour chaque pièce en fonction de leurs préférences. Grâce au thermostat mural, l’application smartphone ou la commande vocale via l’assistant Amazon, il est possible d’ajuster à tout moment la température. Equipé de fonctions intelligentes telles que la détection d’ouverture de fenêtres ou la géolocalisation, le thermostat active ou arrête le chauffage automatiquement tout en offrant toujours la bonne température au bon moment.

Des panneaux solaires en ardoise

Conçu et pensé par CUPA, le Thermoslate® est un système solaire en ardoise naturelle qui permet de produire du chauffage et de l’eau chaude sanitaire. Le résultat est étonnant : il n'y a plus de panneaux solaires apparents en toiture. Seul un œil exercé pourra les identifier. L'ensemble est composé d’un fond de panneau en tôle d'aluminium, d’un polystyrène extrudé qui conserve la chaleur récupérée, d’un élément absorbeur et d’une ardoise naturelle collée sur le panneau à l’aide une résine thermique conductrice.

Ces ardoises naturelles sont en réalité des panneaux photovoltaïques ! Une solution qui préserve l'esthétique des toits, notamment en secteur sauvegardé. www.cupapizarras.com © Thermoslate

Résultat, ce capteur solaire totalement invisible permet d’apporter une solution d’énergie renouvelable à toutes les maisons situées en secteur classé ou zone protégée. Une version pour toits plats, terrasses et façades est aussi disponible. Le système s’adapte à toute surface extérieure verticale ou plane. Le système peut fournir plus des 2/3 des besoins annuels en ECS du bâtiment. L'ensemble peut produire l’eau chaude sanitaire et fournir plus de 60 % des besoins annuels. On peut aussi coupler le Thermoslate® à un système de chauffage et enfin on peut également chauffer une piscine. Comptez entre 700 et 800 €/m2.


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