Assainissement individuel : mode d’emploi

Jérôme Augereau
Mis à jour par
le 14 janvier 2022
Journaliste chez PAP.fr

Traiter ses eaux usées est obligatoire ! Si votre maison ne peut pas être raccordée à l’assainissement collectif, vous devrez faire installer un système individuel. Plusieurs filières sont possibles.

Le plan de zonage effectué par la mairie indique si la parcelle relève de l’assainissement collectif ou individuel. © Fédération nationale des syndicats de l'assainissement de la maintenance industrielle

Un grand terrain en Dordogne bien exposé qui ne trouve pas preneur ! Un prix trop élevé ? Non. Il est tout simplement impossible de le doter d’un système d’assainissement autonome. Ce qui le rend inconstructible. L’installation d’une filière d’assainissement sur une parcelle est en effet obligatoire. Car les eaux usées de la maison contenant des polluants doivent être traitées avant d’être rejetées dans le milieu naturel.

Le traitement des eaux s’effectue de deux manières. Premier cas : les eaux sont acheminées dans le réseau d’assainissement collectif, appelé aussi tout-à-l’égout, qui récupère les effluents de tous les habitants. Autre possibilité : elles devront être traitées par un assainissement non collectif (ANC), appelé également autonome ou individuel. Ce zonage entre le collectif et le non collectif est du ressort des communes qui doivent se doter d’une carte de zonage.

« Les communes ont fait appel à des bureaux d’étude qui ont, entre autres, effectué des sondages sur des parcelles pour évaluer la capacité du sol à traiter les effluents de la maison. Ce qui permet de définir l’assainissement qui doit être installé : collectif ou non collectif. Une information incluse dans le plan local d’urbanisme de la commune », explique-t-on à la Fédération nationale des syndicats de l’assainissement de la maintenance industrielle (FNSA). 

Plusieurs assainissements individuels possibles

Si votre terrain fait l’objet d’un ANC, le service public d’assainissement non collectif (SPANC) de votre commune doit être contacté. Cet organisme pourra vous fournir les coordonnées d’entreprises spécialisées à même d’effectuer une étude spécifique sur votre parcelle. Objectif : définir la filière d’assainissement non collectif qui devra être utilisée. Plusieurs solutions sont possibles : épandage souterrain, massif filtrant planté, micro-station d’épuration…

L’épandage souterrain

Ce dernier est constitué d’une fosse septique toutes eaux qui recueille les eaux vannes (toilettes) et les eaux ménagères (cuisine, salle de bains, machine à laver) pour retenir les matières solides et liquéfier les matières polluantes. Les eaux sont ensuite dirigées vers un épandage souterrain composé de tuyaux rigides percés qui sont posés dans des tranchées remplies de graviers. Les effluents qui s’infiltrent sous l’effet de la gravité dans le sol sont nettoyés par les bactéries présentes dans la terre.

Recommandé si… le terrain est suffisamment perméable pour faciliter le traitement et l’évacuation dans le sol. Et si la parcelle est assez grande car l’épandage nécessite une surface moyenne de 60 m² sur laquelle toute plantation d’arbres fruitiers ou la création d’un potager sera interdite.

Avantage : un coût global attractif. Ce dernier comprend l’achat, l’installation du matériel (6 000 à 8 000 €) et l’entretien comprenant une vidange en moyenne tous les 6 ans (220 € HT) et le passage d’un technicien tous les dix ans (100 € la visite).

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La micro-station

Les effluents pollués sont traités grâce à un apport d’oxygène qui permet un fort développement de bactéries qui filtrent les eaux. Epurée, l'eau est ensuite infiltrée dans le sol en place ou, si l’infiltration n’est pas possible, rejetée dans un fossé.

Recommandé si… le terrain est imperméable car les effluents traités ne peuvent pas se disperser de façon pérenne dans le sol. Et si la parcelle est petite car une emprise de 5 à 6 m² suffit pour son installation.

Inconvénient : un budget global élevé. Si l’installation est moins onéreuse qu’un épandage souterrain (4 000 €), l’entretien est par contre plus coûteux. Il est en effet recommandé qu’un technicien la contrôle une fois par an (estimation 250 €). La vidange des cuves sera plus fréquente : de deux mois à deux ans, soit 220 € HT la vidange.

La micro-station est recommandée si le terrain est imperméable. © SMVE

Les massifs filtrants

Les eaux vannes et ménagères circulent dans une fosse septique avant de pénétrer dans un massif composé de différentes couches de matériaux en vrac ou en sacs : laine de roche, zéolite, pouzzolane. Les effluents débarrassés d’une partie de leurs polluants sont ensuite infiltrés ou à défaut évacués dans un fossé.

Recommandé si… le terrain est imperméable. La maison, située sur un terrain en pente, doit être plus haute que le point de sortie des eaux. Car il faut prévoir un dénivelé d’environ 1 m à 1,40 m entre l’entrée des eaux vannes dans la fosse septique et leur sortie dans le fossé.

L’assainissement individuel choisi, les travaux seront ensuite réalisés en autoconstruction ou par une entreprise. Avant de recouvrir de terre cette installation, un représentant du SPANC vérifiera sa conformité avec les préconisations spécifiées à la conception. Votre assainissement devra être ensuite entretenu selon les conseils du fabricant de votre installation. L’état de votre assainissement sera contrôlé par le SPANC de votre commune selon une fréquence définie dans son règlement.

🗣️ Avis d’expert : Alexandra Braak

Du choix de l’assainissement individuel à son entretien, Alexandra Braak, chef de service du SPANC Syndicat EAU47 du Lot-et-Garonne, nous dit tout sur cette installation essentielle à la qualité des eaux rejetée.

Construire sa maison : Quels conseils donneriez-vous au particulier qui doit se doter d’un assainissement non collectif ?

Alexandra Braak : Dès qu’il sait que sa parcelle doit être équipée d’un assainissement non collectif, il doit se rapprocher du SPANC (service public de l’assainissement non collectif). Nous sommes là pour l’informer et lui permettre de faire un choix éclairé.

Pourquoi ?

Le bureau d’étude choisi par le constructeur de maison valide une grande famille de produits pour assainir les eaux. Mais il arrive que le terrassier impose son produit qu’il installe habituellement sans donner au particulier toutes les informations concernant l’entretien qui devra être réalisé.

Quelles sont les différences d’entretien ?

Elles sont importantes selon la solution choisie. L’entretien d’une fosse toutes eaux reliée à un filtre à sable sera limité. Il suffit en effet de vidanger tous les 4 ans la fosse d’une maison accueillant quatre personnes. En revanche, une micro-station d’épuration est plus coûteuse à entretenir car ce système compact nécessite une vidange plus fréquente car le volume de stockage est plus petit. Sans oublier l’usure des pièces mécaniques. Pour une qualité de traitement des eaux identique à celle d’un filtre à sable, les coûts d’entretien sont trois fois plus élevés.

Quel est le rôle du SPANC dès lors que l’assainissement non collectif est réalisé ?

Nous contrôlons périodiquement les installations des particuliers selon une fréquence comprise entre 1 et 10 ans, fixée par les élus de la commune ou de la collectivité compétente. Lors de notre venue, nous ouvrons la trappe et nous mesurons les niveaux de boues dans les fosses qui doivent respecter une hauteur réglementaire représentant 50 % des boues pour les fosses toutes eaux et 30 % pour les filières agréées par le ministère comme la micro-station et les filtres compact. Nous vérifions également le bon écoulement des eaux.

Quel constat faites-vous lors de vos inspections ?

Quel que soit le type d’assainissement choisi, nous constatons un manque d’entretien. Les particuliers n’ouvrent jamais les regards de visite et découvrent les dysfonctionnements de leur installation lors de notre passage. Les boues ne se décantent plus. Parfois, le surpresseur de la station de micro-épuration ne fonctionne plus ! Conséquence : les eaux ne sont plus traitées. Pourtant, des alarmes lumineuses et sonores préviennent le particulier en cas de dysfonctionnement de son installation. Nous conseillons d’ailleurs de souscrire un contrat d’entretien pour les filières agréées comme les micro-station d’épuration même si ce n’est pas obligatoire. Un bon entretien est en effet la clé d’un bon fonctionnement. Les particuliers procèdent en revanche à la vidange de la fosse toutes eaux quand ils reçoivent notre avis de passage.

Si l’installation du particulier génère une pollution, que se passe-t-il ?

Le maire envoie un courrier exigeant la mise en conformité de l’installation. Si cette dernière n’est pas faite, un courrier de mise en demeure d’effectuer les travaux lui est alors envoyé.

Vous arrive-t-il de dresser des amendes ?

Jamais. En général, tout rentre dans l’ordre avec de la pédagogie et de l’accompagnement.


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