Le poêle à granulés en dix questions

Jérôme Augereau
Mis à jour par & Manuel Apruzzese
le 30 septembre 2022
Journaliste chez PAP.fr

La cote du poêle à granulés de bois, appelé également poêle à pellets, ne faiblit pas. Pratique, efficace et esthétique, il séduit de plus en plus de particuliers. Réponses aux questions les plus fréquentes concernant ce mode de chauffage écologique.

© Reflexpixel/Shutterstock

Un poêle à granulés pour chauffer une maison neuve? C'est possible ! Cet appareil peut être en effet utilisé comme un mode de chauffage conformément à la réglementation environnementale actuelle, la RE 2020.  

1 - Que dit la RE 2020 ? 

Les appareils de chauffage au bois peuvent être installés dans une construction neuve dans le cadre de la RE 2020. Le chauffage au bois répond à l'exigence d'énergie renouvelables de 5 kWh/m2/an. Cette réglementation n'autorise le chauffage unique au bois que dans les maisons n'excédant pas 100 mètres carrés. Pour les surfaces supérieures, un système de chauffage complémentaire s'avère nécessaire. Dans les faits, il est très souvent combiné avec des radiateurs électriques dans les chambres. C'est le poêle à granulés qui assure le chauffage de la maison car cet équipement dispose d'une régulation permettant de faire fonctionner automatiquement l'appareil selon la températureb souhaitée par l'utilisateur.

2 - Comment fonctionne un poêle à granulés ? 

Les poêles à granulés sont conçus pour chauffer rapidement, efficacement avec une bonne autonomie. Les pellets, une fois chargés dans le réservoir de stockage, sont acheminés à vitesse maîtrisée vers la chambre de combustion grâce à une vis sans fin. En contrôlant la vitesse de rotation de la vis, on joue alors sur la quantité de granulés déversés et sur la puissance de chauffage désirée. Le feu est allumé à l'aide d'une résistance électrique et un ventilateur apporte la quantité d’oxygène nécessaire à la combustion. Les poêles sont équipés d'un thermostat et d'un programmateur électronique qui gèrent le fonctionnement de l'appareil. Il est alors possible de définir la vitesse d’acheminement des granulés vers la chambre de combustion et celle du système de ventilation qui active la combustion. 

3 - Qu’est-ce qu’un poêle étanche ? 

La RE 2020 impose des appareils étanches. Il s’agit de poêles qui puisent l’air nécessaire à la combustion (le comburant) à l’extérieur de la maison et non directement dans la pièce. Cette étanchéité du poêle a plusieurs avantages : elle participe à l'étanchéité globale de la maison qui est mesurée et évite tout risque d’émission de polluants à l'intérieur. Cette technique améliore aussi le rendement du poêle, en limitant la déperdition de chaleur. 

4 - Quels sont les modes de diffusion de la chaleur ? 

Les poêles à pellets diffusent la chaleur de trois façons. Le rayonnement des calories est diffusé par la vitre de l'appareil. La chaleur se propage aussi dans les pièces par convection. Enfin, les poêles à granulés à air pulsé forcent la diffusion de l'air chaud dans la maison grâce à un ou plusieurs ventilateurs. La montée en température est rapide. Certains modèles sont conçus pour accueillir des gaines et chauffer ainsi plusieurs pièces. L'air chaud peut être diffusé dans la maison par un circuit de gaines pouvant atteindre 10 mètres. 

5 - Quelle puissance pour le poêle à bois ? 

C’est un critère de choix primordial. Beaucoup d'acquéreurs sont tentés d'investir dans des modèles plus puissants que nécessaire. Ils fondent souvent leur choix sur « qui peut le plus, peut le moins ». Grave erreur ! Dans une maison neuve, le poêle ne fonctionnera jamais à plein régime. Or un appareil qui marche exclusivement au ralenti s’encrasse rapidement car la flamme est moins vive et laisse plus d’imbrûlés. Il consomme plus et demande plus d’entretien. Pour une maison neuve, on considère qu'il faut un poêle de 6 kW pour 100 m2. 

6 - Quelle capacité pour le réservoir ? 

L'intérêt du poêle à pellets c'est son autonomie. Elle dépend directement de la capacité de son réservoir qui est comprise entre 15 et 40 kg. Plus la capacité sera importante plus longue sera l'autonomie et moins il y aura de manipulation. Mieux vaut privilégier les grandes capacités. La trémie du poêle à granulés de bois permet pour les meilleurs poêles de stocker jusqu'à 30 ou 40 kg de granulés. Ce stockage offre, selon la puissance et les conditions météorologiques une autonomie variant de 1 à 5 jours environ.  

7 - Les poêles à granulés sont-ils connectés ?

Oui. Tous les poêles peuvent être connectés. Mais la plupart des fabricants proposent cette fonctionnalité en option sur leurs appareils. Avec votre smartphone, vous pouvez arrêter ou déclencher votre mode de chauffage et modifier la température de consigne si vous le souhaitez.

8 - Qu'est-ce que le label Flamme Verte ? 

Le label Flamme Verte a été lancé par les fabricants de poêles et d'insert (appareils domestiques) avec le concours de l’Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME) pour promouvoir des appareils performants et respectueux de l'environnement. Le label Flamme verte garantit les performances de l’appareil, le rendement énergétique, le niveau d'émissions de monoxyde de carbone (CO), de particules fines, les émissions de composés organiques volatils et les émissions d’oxyde d’azote. Plus le nombre d’étoiles est important, plus l’appareil est efficace. À noter que ce label évolue au fil des ans. Aujourd'hui seuls les appareils de classe 7 étoiles sont considérés comme étant les plus performants. 

9 - Comment s’entretient un poêle ? 

Comme tous les appareils de chauffage, un entretien régulier est nécessaire pour des raisons de sécurité. C'est aussi un gage de longévité pour le poêle. L’opération la plus fréquente consiste à aspirer les cendres qui s’accumulent dans le creuset. Le nettoyage de la vitre et de la chambre de combustion est aussi à effectuer régulièrement : nettoyage complet de l’appareil, vérification de la grille, de l’extracteur de fumées, du ventilateur et de l'état des joints. La combustion des pellets produisant peu de cendres, un entretien tous les deux ans peut suffire. 
En revanche deux ramonages par an sont obligatoires. Un certificat de ramonage doit être remis par l'entreprise qui a effectué les travaux. Il sera demandé par la compagnie d'assurance en cas de sinistre lié au poêle. Le prix de cette révision biennale avec un ramonage est généralement facturée entre 150 et 200 €. 

10 - Combien coûte un poêle à pellets ? 

Les prix des poêles à convection, les modèles les plus simples, sont compris entre 3 000 et 6 000 €. Ces variations s'expliquent par les matériaux mis en œuvre, la technologie et bien entendu la marque. Le poêle à granulés à soufflerie est compris entre 4 000 et 7 000 € mais il faut compter un surcoût pour l'installation des gaines.

Parole d’industriel

Quels sont les atouts des poêles à granulés ? Comment acheter son appareil de chauffage ? Réponses avec Yann Denance, directeur général de Inovalp, qui fabrique les poêles de la marque Hoben.

Construire sa maison : Quels sont les atouts du poêle à granulés ?
Yann Denance : c’est tout d’abord le plaisir du feu et l’agrément de la chaleur. Sans oublier l’aspect économique bien entendu. 30 à 40 sacs de granulés suffisent pour chauffer une maison neuve, soit un budget oscillant entre 120 et 200 € selon le prix des granulés, ce dernier variant entre 4 et 5 € le sac de 15 kg.

Quelles ont été les principales évolutions de ce type de chauffage depuis 10 ans ?
C’est l’arrivée de poêles étanches sur le marché. L’air nécessaire à la combustion doit être en effet prélevé à l’extérieur de la maison pour ne pas dégrader l’étanchéité du bâtiment qui fait l’objet d’un test dans le cadre de la réglementation. Les poêles à granulés sont aussi plus design. Avant, ils étaient considérés comme des produits de chauffage et non comme des objets de décoration. Mais la donne a changé avec la création de formats ronds ou plats.

Qu’est-ce qui contribue à la performance d’un poêle ?
C’est la précision de la régulation qui fait du poêle à granulés un appareil de chauffage principal et d’appoint. Grâce à l’architecture de programmation que nous avons développée, nos produits permettent par exemple de simplement renseigner des températures de consigne aux différents moments de la journée plutôt que des plages horaires de fonctionnement. Ensuite le poêle ajuste automatiquement sa puissance sur des variations de 0,1° de température ambiante. Cette dernière résulte d’apports du soleil ou de la présence de nombreuses personnes dans la pièce. Et en cas de dépassement de 0,5° par rapport à la température de consigne, le poêle s’arrêtera. Cette adaptation permanente réduit la consommation de granulés et la facture d’électricité.

Le bruit fait partie des critiques récurrentes adressées aux poêles. Comment résoudre ce problème ?
Certains industriels enlèvent les ventilateurs qui généraient des nuisances sonores. Certes, il n’y a plus de bruit mais la chaleur n’est plus répartie dans la maison comme auparavant. On chauffe moins bien les pièces et on consomme davantage de granulés pour obtenir la même température.

Quels sont vos choix techniques pour diminuer le bruit ?
Nous avons travaillé l’aéraulique de nos appareils et notamment la vitesse de l’air que nous avons modélisée. Nous avons également demandé au fabricant du moteur de modifier des pièces afin de supprimer les bruits magnétiques.

Quel est le nombre de décibels émis par vos appareils ?
Je ne peux pas vous le dire car il n’existe pas de référentiel concernant le bruit émis par les poêles à granulés. Il serait d’ailleurs intéressant d’en créer un pour inciter les fabricants à améliorer leurs produits.

Certains acquéreurs ne veulent pas d’un poêle à granulés car ce dernier s’arrêtera en cas de panne de courant contrairement à un poêle à bûches qui fonctionne sans électricité.
Tout à fait. Nous avons doté nos poêles à granulés d’une fonction onduleur leur permettant d’être alimentés soit par un groupe électrogène, soit par des capteurs photovoltaïques ou une batterie. Nos appareils sont également capables de s’adapter à des tensions de courant qui peuvent devenir plus faibles l’hiver évitant ainsi la mise en sécurité des poêles qui provoque leur arrêt.

Quels conseils donneriez-vous à un acquéreur souhaitant se chauffer avec un poêle à granulés ?
Les constructeurs imposent un poêle à granulés à leurs acquéreurs alors qu’ils devraient pouvoir leur proposer plusieurs références comme ils le font avec le carrelage. Je conseille donc aux acquéreurs de maisons d’aller dans un magasin et de sélectionner deux ou trois poêles à granulés en fonctionnement. Ils en choisiront un et demanderont à leur constructeur de l’installer.

Comment entretenir son poêle ?
L’utilisateur doit nettoyer le creuset dans lequel brûlent les pellets tous les deux ou trois jours. Le cendrier doit être vidé à une fréquence comprise entre une et deux semaines. Un entretien doit être aussi assuré par un professionnel selon les préconisations du fabricant, soit une fois par an, soit selon une consommation de granulés définie. Il vérifiera le moteur, nettoiera le parcours des fumées comme l’échangeur, les ailettes du ventilateur. Il devra aussi ramoner le conduit de fumée.


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