Energie : passez à l’autoconsommation !

Manuel Apruzzese
Publié par
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Journaliste chez PAP.fr

L’abondance énergétique à bon prix est un souvenir. La frugalité va s’imposer à nous durablement. Alors pourquoi ne pas envisager une maison autonome en énergie ?

Avec la flambée du coût des énergies, l'autoconsommation est aujourd'hui la seule solution pour faire baisser ses factures et être moins dépendant de son fournisseur. © DavidCalvert/Shutterstock

L’énergie abondante et à bas prix, c’est terminé ! Gaz ou électricité, les prix de gros battent record sur record. Et ce n’est probablement pas fini. Sans le bouclier tarifaire mis en place par le gouvernement, le kilowatt aurait déjà augmenté de 35 % ! Quant aux offres indexées sur les marchés avec des prix qui fluctuent en fonction de l’offre et de la demande, de la saisonnalité et du contexte géopolitique, elles présentent un vrai risque pour le consommateur final. La question n’est plus de savoir si l’électricité va augmenter, mais quand et de combien.

Comment sortir de cette spirale ? Les maisons RE 2020 sont par nature sobres en énergie. Mais on peut aller plus loin en misant sur l'autonomie énergétique et l’autoconsommation. Les technologies existent. Elles sont fiables et efficaces. 

 L’autoconsommation, c’est quoi ?

L’autoconsommation énergétique, c’est tout simplement le fait de consommer totalement ou partiellement l’énergie que l’on a produit sur son toit. C’est aujourd’hui le meilleur moyen de diminuer sa dépendance avec son fournisseur d’électricité et le meilleur rempart pour atténuer les hausses vertigineuses du kilowatt.

Une solution d’avenir ?

Les dernières statistiques publiées par le ministère de la Transition énergétique montrent une nette hausse de l’autoconsommation. « Il y a une forte demande pour l’autoconsommation depuis au moins deux ans. Clairement, l’engouement est d’abord lié à l’augmentation du gaz et de l’électricité plus qu’à l’écologie », confirme Jérôme Mouterde, cofondateur de la société DualSun, fabricant français de panneaux solaires.

Une tendance qui devrait augmenter dans les mois et années avenir. Au deuxième trimestre 2022, 30,7 % des installations photovoltaïques de France métropolitaine, soit 7,7 % de la puissance installée, autoconsomment une partie de leur production. La barre des 180 000 clients connectés au réseau Enedis a été atteinte en 2022. Selon certaines estimations, le nombre de raccordements devrait être d'environ 200 000, en 2023, de 4 millions en 2030 et ainsi représenter 4 % de la consommation électrique nationale. 

L’autoconsommation est-elle réservée aux régions ensoleillées ?

Non l’autoconsommation n’est pas réservée aux régions méditerranéennes ! Toutes sont concernées par la pose de panneaux photovoltaïques. D’ailleurs, comme le fait remarquer Krasimir Yordanov, chef de marché solaire chez Terreal, « c’est la première question que l’on nous pose en général. Il est possible de passer à l’autoconsommation partout en France. »

Ce n’est pas un hasard si la Belgique, les Pays-Bas ou la Grande-Bretagne sont les premiers marchés européensEt d’ajouter, « il suffit d’adapter le nombre de panneaux sur la toiture à la zone climatique ».

Efficace pur réduire sa facture d'électricité ?

Consommer les kilowatts produits par ses panneaux, c'est réduire la consommation facturée par son fournisseur d'électricité. Par exemple, pour une puissance d’un 1 kWc de panneaux, la production s'établira en moyenne à 900 kWh par an à Lille et jusqu'à 1 300 kWh par an à Nice. En autoconsommation, la production électrique alimente directement toute la maison, ce qui permet de s’exonérer de l'inflation tarifaire. « La consommation d’électricité pour la production d’eau chaude sanitaire, premier poste de consommation de la maison, peut être réduite de 75 % », précise Krasimir Yordanov.

Les lave-linge, les lave-vaisselle, les réfrigérateurs ou encore la box internet peuvent fonctionner la journée sur la production photovoltaïque. Il suffit juste de modifier ses habitudes et de programmer les usages sur les pics de production diurnes.

Comment ça marche ?

La production d’électricité repose sur l’interaction entre le rayonnement solaire et certains matériaux semi-conducteurs. Dans les cellules photovoltaïques en silicium, les photons de la lumière solaire transfèrent leur énergie aux électrons du matériau semi-conducteur. Ceux-ci se mettent alors en mouvement et fabriquent un courant électrique collecté par une fine grille métallique. Un onduleur se charge ensuite de le transformer en courant alternatif.

Il est alors prêt à être consommé ou injecté dans le réseau. Environ 85 % des panneaux installés utilisent la technologie cristalline. Les modules silicium multicristallins sont les plus répandus. Ils restent plus chers, mais possèdent un rendement de conversion plus élevé, de 18 %.

Comment connaître son potentiel solaire ?

Rien de plus simple, il suffit de consulter l’un des nombreux cadastres solaires réalisés par les collectivités territoriales. La région Île-de-France par exemple possède son application «  https://monpotentielsolaire.smartidf.service ». La région Grand Est, Annecy, la Savoie ainsi que de nombreux autres départements et villes en possèdent un.

Toutes les applications disposent en plus d’un plan 3 D pour mieux visualiser le terrain. Pour connaître le potentiel solaire du projet, il suffit juste de renseigner l’adresse du terrain et un classement apparaît d’excellent à médiocre.

Quelle surface de panneaux prévoir ?

Soit vous respectez a minima la RE 2020, soit vous allez plus loin pour vous rapprocher de l'autoconsommation totale. Pour qu'elle soit efficace, il faut que la surface des panneaux corresponde d’abord au profil de consommation des occupants. Un toit incliné entre 30 et 35° permet un rendement maximal au cours de l’année. Une analyse préalable s’impose. Elle doit être réalisée par un bureau d'étude thermique ou une société spécialisée. Les résultats, compte tenu de la taille de foyer, l’orientation de la maison, sa localisation et des objectifs souhaités calibreront l'installation.

Tout commence par la place disponible sur le toit, ainsi que sa surface. En général, il faut compter de 10 à 30 m2 pour installer des panneaux solaires. Sans surprise, il sera nécessaire de prévoir une superficie plus importante dans les zones les moins ensoleillées. « Avec quatre panneaux, on atteint l’autoconsommation, avec huit panneaux, soit 13 m2, on peut dégager un peu d’excédents de production à revendre. En revanche avec une climatisation ou une pompe de piscine, on doit passer à 20 m2 », précise Jérôme Mouterde.

Le confort d’été est une nouvelle contrainte forte dans la nouvelle RE 2020. Et la consommation de froid est comptabilisée dans le moteur de calcul. En outre, le constructeur doit déclarer l’éventuelle pose d'une climatisation. La succession de canicules incite de plus de plus d’acquéreurs à installer une climatisation dans leur maison.

Bonne nouvelle, la consommation de la climatisation peut être compensée par la production électrique photovoltaïque. « Toutes nos simulations autorisent la climatisation avec une surface de panneaux photovoltaïques bien dimensionnée », précise Krasimir Yordanov. Et Jérôme Mouterde d’annoncer : « nous avons développé le panneau DualSun hybride, eau chaude et électricité, qui apporte une double autoconsommation ».

La puissance crête, c’est quoi ?

La puissance des panneaux photovoltaïques ne s’exprime pas en kilowatts, mais en puissance crête (kWc). Le kilowattcrête est une valeur de référence qui permet de comparer les performances des panneaux photovoltaïques entre eux. C’est une mesure de laboratoire réalisée dans des conditions standards de rayonnement optimal, équivalent à celui du soleil au zénith lors d’une journée d’été indépendamment des conditions réelles d’ensoleillement. C’est donc une puissance théorique.

Il y a trois façons d’utiliser l’électricité fournie. Le plus simple est d’autoconsommer totalement ou partiellement sa production. Et pourquoi pas revendre à EDF l’excédent de kilowatts. Il est aussi envisageable de le stocker sur batterie pour une utilisation ultérieure. Enfin, autre solution, revendre l’intégralité de sa production à un fournisseur.

  • L’autoconsommation partielle reste la solution choisie par le plus grand nombre. Elle consiste à injecter dans le réseau public son excédent de kilowatts non consommés. C’est un bon moyen de générer des revenus complémentaires.
  • L’autoconsommation totale revient  à consommer sur place toute l’énergie produite par l’installation.
  • L’autoconsommation avec stockage sur batteries, en raison de son prix élevé, double pratiquement le coût de l’installation (15 000 €). L’amortissement ne sera pas au rendez-vous. Techniquement, elle consiste à stocker les kilowatts non consommés au moment de la production et en vue d’une utilisation ultérieure. Pour Jérôme Mouterde, « compte tenu du maillage électrique français, le stockage n’est pas une nécessité quand on est raccordé sur le réseau. Écologiquement, ce n’est pas la solution la plus pertinente. Et il y a un coût carbone et financier ».

Panneaux solaires, c’est permis ?
Il y a quelques années encore, les installations de panneaux solaires en zone classée étaient presque toujours refusées. Le réchauffement climatique et la transition énergétique changent la donne. Les Plans locaux d’urbanisme (Plu) s’adaptent. Lorsque le permis essuie un refus, il est possible de remplacer les panneaux par des tuiles solaires ou des ardoises solaires, aussi efficaces mais plus discrètes.


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