Comment se chauffer sans polluer ?

Jérôme Augereau
Publié par
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Journaliste chez PAP.fr

Transition énergétique oblige, la RE 2020 rebat les cartes en matière de chauffage. Elle signe la fin définitive des énergies fossiles au profit des énergies renouvelables et biosourcées. Place aux solutions moins polluantes et plus respectueuses de l'environnement.

Le chauffage bois s'inscrit parfaitement dans le référentiel de la RE 2020. Seguin. © Seguin-JC Bordelet

La réglementation RE 2020 représente une avancée significative dans la maison neuve avec une prise en compte de l’environnement dans leur construction. Alignée sur la Stratégie nationale bas carbone (SNBC), elle favorise les matériaux biosourcés et l'utilisation des énergies renouvelables pour le chauffage. Un virage qui révolutionne la construction neuve.

Les fossiles en fin de vie

Dans le référentiel de la RE 2020, les énergies fossiles sont exclues des maisons neuves, avec un plafond d’émission fixé à 4 kg de CO2/m²/an, excluant le 100 % gaz. Le fioul a été interdit en 2022. Il est désormais interdit de chauffer exclusivement une maison neuve au gaz, ce qui entraînerait des émissions d’environ 5 t de carbone par an, soit dix fois plus que le seuil recommandé par la RE 2020. Cependant, les pompes à chaleur hybrides combinant gaz et énergies renouvelables restent autorisées, car elles respectent les normes d’émissions de la RE 2020.

👉 L’électricité à petite dose

Il est impossible de chauffer une maison uniquement avec des radiateurs électriques, même modernes et performants. Le gouvernement a cherché à éviter un retour aux convecteurs à effet Joule, peu coûteux à l’achat, mais chers à l’usage et sollicitant fortement le réseau électrique en hiver. Ce type de chauffage ne respecte pas le seuil de la CEPnr défini dans la RE 2020, favorisant ainsi les solutions électriques comme les pompes à chaleur aérothermiques ou géothermiques.

Chauffer exclusivement une maison neuve au gaz est désormais interdit.

Le chauffage solaire évidemment !

L'énergie solaire est illimitée et gratuite. Installer des panneaux solaires thermiques pour chauffer la maison et produire de l'eau chaude peut générer d'importantes économies, couvrant 40 à 70 % des besoins énergétiques de la maison. L'installation du chauffage solaire comprend :

  • des panneaux solaires thermiques : environ 10 m² pour une maison de 100 à 140 m² ;
  • d'un ballon d’eau chaude thermodynamique ;
  • d'émetteurs de chaleur (plancher chauffant ou radiateurs à eau) ;
  • d’une solution de chauffage d’appoint (bois, électricité, gaz) : chaudière, poêle, Pac.

A priori, il pourrait sembler que ce type d'installation soit réservé aux régions méridionales en raison de l'ensoleillement, mais ce n'est pas le cas. En réalité, dans les régions montagneuses ou au Nord, les besoins de chauffage s'étendent sur une plus longue période. Pendant le printemps et l'automne, l'ensoleillement est plus important qu'en hiver, rendant l'installation plus rentable. Force est de constater que ce n’est pas la solution technique la plus choisie.

40 à 70 % des besoins énergétiques de la maison peuvent être couverts par l’énergie solaire.

L'incontournable pompe à chaleur

La pompe à chaleur (Pac) est la solution de chauffage préférée des particuliers. Conforme à la RE 2020, elle offre également le rafraîchissement, un avantage précieux avec des étés de plus en plus chauds. Côté performances, une Pac, qu’elle soit air/eau ou air/air, produit environ quatre à cinq fois sa consommation énergétique en captant les calories de l’air ou du sol.

3 types de Pac existent

  1. La pompe à chaleur air/eau : elle réchauffe l'eau du circuit hydraulique du chauffage et de l'ECS en récupérant l'énergie calorifique de l'air extérieur grâce à un échangeur. Associée à un plancher chauffant, elle offre un excellent rendement énergétique, un confort thermique et une meilleure esthétique. Elle fonctionne même à des températures négatives.
  2. La pompe à chaleur air/air : elle capte les calories de l'air extérieur pour les injecter dans les pièces via un circuit de chauffage ou un radiateur. Elle est très efficace sur le plan énergétique, bien qu'elle ne permette pas de chauffer l'ECS. Elle peut également refroidir la maison l’été. C’était ce qu’on appelait autrefois la climatisation.
  3. La pompe à chaleur géothermique : moins courante, la Pac géothermique offre un excellent rendement stable tout au long de l’année à l’abri des variations météorologiques. Elle capte les calories du sol à environ 80 cm de profondeur à l’aide d’un réseau de capteurs disposé dans le jardin.

89 % C’est la part de marché de la pompe à chaleur en 2023 (source Pôle habitat/FFB)

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Le bois 100 % biosourcé et renouvelable

L’autre grand gagnant de cette petite révolution, c’est le chauffage au bois. Aidés par les progrès technologiques, les poêles et chaudières séduisent de nombreux acquéreurs grâce à leurs performances et leur prix.

👉 Le poêle à bois

Le chauffage au bois, aligné avec la trajectoire à faible empreinte carbone du gouvernement, rivalise avec la pompe à chaleur. Un modèle étanche conforme à la RE 2020 est essentiel. Malgré ses émissions de particules fines, le poêle à bois présente des avantages. Les émissions de particules PM2.5 ont diminué de 40 % en dix ans grâce aux avancées techniques, selon le Centre d’essais et de recherches des industries de la cheminée (Ceric). En combinant un combustible de qualité et des appareils performants, les émissions de particules pourraient encore être réduites de dix fois d’ici 2030.

C’est une énergie renouvelable et locale, basée sur une gestion durable du bois français. Son coût est accessible et stable (à partir de 350 € la tonne) avec des rendements proches de 90 %. Le granulé de bois est l’un des combustibles les moins chers du marché. Choisissez un modèle conforme à la réglementation, étanche et avec régulation.

Flamme verte 7* obligatoire

Les seuls poêles autorisés sont ceux certifiés Flamme Verte 7 étoiles. Pour les poêles à granulés, cela signifie un rendement énergétique de 87 % ou plus, des émissions de CO ≤ 300 mg/NM3 (à 13 % d’O2) et des émissions de poussières ≤ 30 mg/Nm3. 

👉 La chaudière à granulés

La chaudière à granulés, recommandée par la RE 2020, utilise du bois sous forme de granulés, bûches, pellets ou bois déchiqueté, respectant les conditions de durabilité et d'abondance. Offrant un rendement énergétique supérieur à 100 % et une autonomie prolongée avec une trémie grande capacité, elle surpasse la chaudière à bûches.

Également appelée « pellets », elle peut remplacer les chaudières à gaz, fournissant chauffage et eau chaude sanitaire avec des rendements avoisinant les 105 %, comparables à une chaudière à condensation au gaz. En fonction de la trémie, elle peut fonctionner près d’un an sans remplissage. Les granulés peuvent être stockés dans divers silos (textiles, sur mesure, mini-silos), avec une capacité de stockage de 2,5 à 3,5 t sur 2 à 4 m².


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