Energie : les dessous d’une maison très économe

Manuel Apruzzese
Mis à jour par
le 11 janvier 2023
Journaliste chez PAP.fr

Grâce à une conception bioclimatique poussée, une isolation de haut niveau et des équipements de chauffage performants, les maisons RE2020 consomment peu et réussissent à amortir la flambée du kilowatt.

Depuis la RT 2012, la pompe à chaleur s'est progressivement imposée dans les maisons neuves. www.atlantic.fr © Atlantic

Heureux propriétaires d’une maison RE2020 ! À l’heure où le prix des énergies explose ceux qui ont la chance d’habiter une maison neuve ou sur le point d’en faire construire une peuvent se féliciter de leur choix. C’est l‘assurance de passer des hivers au chaud et des étés au frais sans se ruiner.

Depuis la première Réglementation thermique de 1974 les consommations énergétiques des maisons sont en chute libre ! De 170 kWh/m2/an en 1982 on est passé à 50 kWh/m2/an avec la Rt 2012. Avec la Réglementation environnementale 2020 (RE2020) en vigueur depuis janvier 2022 la consommation du chauffage passe sous les 12 kW/m²/an. Des chiffres impensables il y a seulement quelques années.

D’abord bioclimatiques !

La performance énergétique repose d’abord sur une conception bioclimatique. C’est la toute première étape pour bâtir une maison sobre en énergie. Derrière ce concept se cachent tout simplement des notions de bon sens. La maison doit être en accord avec son environnement immédiat. Le constructeur va prendre en compte la topographie, le contexte géographique et le climat local (les zones climatiques H1, H2 et H3). En hiver il s’agira de maximiser les apports naturels d’énergie et limiter les pertes. On recherchera alors la meilleure exposition possible pour bénéficier d’un ensoleillement maximal. Les ouvertures seront positionnées côté sud afin d’augmenter les apports naturels. Un moyen simple et efficace pour limiter les consommations d’énergie.

L’agencement des cellules suit la même logique. Les pièces de vie (salon, chambres…) seront plutôt côté sud tandis la cuisine, la buanderie seront au nord. Enfin la compacité architecturale de la maison permettra de limiter les surfaces de déperditions.

L’été il s’agit de limiter au maximum les températures intérieures excessives et le recours à la climatisation. Brise-soleil, casquettes solaire, stores, volets roulants domotisés et végétations à feuilles caduques limiteront les surchauffes estivales. L’objectif étant de limiter au maximum l’usage de la climatisation grosse consommatrice d’énergie.

Dans cette maison, le garage et les pièces de service sont judicieusement situées au nord. © Maisons Oxygène

Un maximum de lumière naturelle

Optimiser l’éclairage naturel fait également partie du cahier des charges des maisons RE2020. S’appuyant la Rt 2012, la RE 2020 prévoit des surfaces des menuiseries extérieures au moins égales à 1/6ème de la surface habitable. Attention, ce ratio de 1/6ème ne s’applique pas lorsqu’il est en contradiction avec les autorisations d’urbanisme notamment dans les secteurs sauvegardés ou en zones de protection du patrimoine architectural.

Grâce à son orientation optimale et ses grandes surfaces vitrées la maison capte un maximum de rayonnement et de lumière. Ça améliore le confort hivernal et surtout réduit les consommations d’énergie. Le rayonnement solaire chauffe les pièces exposées côté sud ou ouest et la lumière naturelle limite l’usage d’un éclairage artificiel. Mais attention il y a aussi un facteur solaire maximal à ne pas dépasser pour éviter les surchauffes estivales.

Le vitrage est aussi de plus en plus technologique. Les maisons sont équipées le plus souvent d’un double vitrage à lame d’argon à faible émissivité. Il répond parfaitement aux exigences de la RE2020. Cette lame d’argon limite les pertes par conduction. Les pertes par rayonnement sont, elles, limitées par une fine couche métallique invisible sur la face intérieure du vitrage. C’est ce qu’on appelle la faible émissivité. Le but est de réfléchir au maximum le rayonnement infra-rouge vers l’intérieur.

Faire construire votre maison

Une isolation très renforcée

Une fois le gros œuvre réalisé il faut isoler. L’isolation des maisons renforcée, tant au niveau des murs que des planchers et des plafonds est aujourd’hui de rigueur. C’est l’autre point essentiel de la conception des maisons RE2020. Les exigences du texte sont nettement supérieures par rapport à l’ancienne Réglementation thermique 2012 (RT 2012).

C’est elle qui permet d’obtenir le bon bilan énergétique. L’épaisseur des isolants, le traitement des ponts thermiques et le soin apporté à la pose sont en très net progression. Aujourd’hui les maisons RE2020 bénéficient sur isolation thermique de l’ordre de + 30 % par rapport à l’ancienne RT2012. La RE2020 précise que l’épaisseur doit être de 300 mm. Pour rappel, avec la RT 2012, l’épaisseur de l’isolant pouvait aller de 60 mm pour le plancher bas à 100 mm pour la toiture.. L’isolation bloquera les déperditions l’hiver et limitera les apports l’été. Peu importe les matériaux (laine de verre, roche, biosourcé, alvéolaire…) seules comptent les performances.

La chasse aux ponts thermiques

Les ponts thermiques sont souvent le point faible des constructions. Ils apparaissent lorsqu’il y a une discontinuité dans l’isolation thermique ou des interstices entre des dalles de sol. Ils sont responsables des déperditions de chaleur et ils refroidissent aussi l’air intérieur de la maison qui entre en contact avec ces surfaces froides. En été, c’est l’air chaud qui s’infiltre.

Si la RT 2012 imposait l’obligation de traiter les ponts thermiques du bâtiment, la RE2020 renforce cette exigence. Les liaisons de plancher-façade ou balcons sont notamment corrigées thermiquement avec des rupteurs de ponts thermiques. La perméabilité à l’air, quant à elle, ne change pas, elle reste à 0,6 m3/h.m2, mais grâce à l’isolation renforcée et au travail mené sur les ponts thermiques la plupart des maisons livrées sont largement sous ce seuil.

Les énergies renouvelables à honneur

Côté chauffage, la RE2020 misant sur l'efficacité énergétique et la décarbonation, la solution de chauffage la plus souvent installée est la pompe à chaleur (PAC) air/eau. Près de 70 % des maisons neufs en sont équipées de PAC. Elle alimente la boucle d'eau chaude du chauffage central. Elle peut aussi produire l’eau chaude sanitaire. Et si elle est réversible le rafraîchissement estival, par le plancher est envisageable. Le succès des Pac s’explique aussi en grande partie par cette possibilité offerte. Dans ce cas, de l'eau fraîche circule dans le plancher hydraulique.

Depuis la RT 2012, la pompe à chaleur s'est progressivement imposée dans les maisons neuves. www.atlantic.fr © Atlantic

La solution thermodynamique : la pompe à chaleur air/air

En hiver, elle insuffle de l'air chaud dans la maison via des bouches spécifiques (les splits). En été, elle aspire la chaleur intérieure pour la rejeter à l'extérieur. Très efficace pour améliorer le confort d'été, en revanche elle ne produit pas l'eau chaude. Elle doit donc être associée à un ballon thermodynamique, un chauffe-eau alimenté par une petite pompe à chaleur.

Le poêle et la chaudière à granulés bois

Ils conviennent aussi parfaitement bien à la RE2020. On parle alors d’énergie renouvelable bio sourcée puisqu’il utilise un combustible 100 % renouvelable. Il est également possible d'installer un chauffage solaire, l'astre du jour se chargeant de chauffer l'eau chaude qui ensuite passe dans la boucle du chauffage central.

L'installation d'une Pac hybride

Et si le terrain est raccordé au réseau de gaz nature, il reste possibilité d’installer une Pac hybride. La pompe à chaleur (PAC) hybride et associe intelligemment une pompe à chaleur et une chaudière à condensation. Elle permet de chauffer toute la maison et de disposer d’une eau chaude à la bonne température quasi instantanément à volonté. Lorsque les températures sont douces, c’est le module pompe à chaleur air-eau qui assure le chauffage de la maison et lorsque les températures sont plus fraîches, c’est la chaudière gaz prend le relais.

Le Cop signifie Coefficient de Performance. Cet indice de performance représente le rapport entre l’énergie produite par la machiner et l’énergie consommée pour la produire. Cet indicateur traduit la performance énergétique de la PAC. Plus il sera élevé plus la machine sera performante. Si pour 1 kWh d’électricité consommé la pompe à chaleur air eau produit 4 kWh de chaleur, cette PAC aura un COP de 4.

L’eau chaude sanitaire

Dans une maison RE2020, la production de l’eau chaude sanitaire (Ecs) est aujourd’hui le principal poste de consommation énergétique. Pour la produire, l’aérothermie est aujourd’hui la solution répandue et surtout la plus économique. Les primo accédants qui choisissent souvent un poêle à granulés pour se chauffer optent pour un ballon thermodynamique.

Un chauffe-eau thermodynamique individuel permet de produire de l’Ecs grâce à une petite pompe à chaleur greffée un ballon d’eau. Ce système e capter les calories contenues dans l’air grâce à un ventilateur de votre maison afin de chauffer l’eau chaude sanitaire. Le CET est un système qui fonctionne, quelle que soit la saison en aspirant aspire l’air non chauffé de la pièce. C’est aujourd’hui le mode de production le plus économique. Comme le CET nécessite un certain volume d’air frais pour fonctionner, l’idéal est de capter l’air dans la buanderie ou la salle de bains. Toutefois, la pièce doit avoir un volume minium de 20 m3 soit une superficie de 10 m2.

La domotique

Faite construire une maison permet d’installer de la domotique. Une installation bien pensée permet d’optimiser toutes les consommations d’énergie. Elle peut faire baisser la facture jusqu’à 10 %. Parmi ses nombreuses applications elle peut gérer automatiquement l’ouverture et la fermeture des volets en fonction des heures de lever et de coucher du soleil, voire de la luminosité. Cela permet de limiter l’utilisation de l’éclairage intérieur, mais aussi d’isoler au mieux la maison notamment l’hiver.

On estime que l’éclairage représente environ 15 % des dépenses énergétiques d’une habitation. Le système pourra aussi éteindre les lumières automatiquement lorsqu’il n’y a plus personne dans la maison. Il est également possible d’éclairer plus ou moins selon la luminosité extérieure, afin de profiter au maximum de la lumière naturelle.

L’automatisation du chauffage permet aussi de chauffer les différentes pièces à la carte. La chambre n’a pas besoin d’être aussi chaude que le salon par exemple. Cela peut aussi permettre de couper le chauffage dans une pièce lorsqu’une fenêtre est ouverte pour aérer, ou de réduire ou couper le chauffage si la pièce est baignée par les rayons du soleil. Enfin la surveillance en direct de sa consommation permet de savoir quels sont les postes de dépenses les plus importants et d’agir en conséquence.

Les maisons économes se revendent mieux

Selon le site officiel des notaires la valeur verte est « une augmentation de valeur engendrée par une meilleure performance énergétique et environnementale d’un bien immobilier par rapport à un autre. » Construire une maison sobre en énergie et à faible impact carbone, possédant un excellent Diagnostic de performance énergétique (Dpe) c’est aussi bon pour la revente !

D’après les derniers chiffres du Conseil supérieur, on apprend que les maisons bien classées (A ou B) sont en moyenne vendues plus cher que leurs homologues en lettre D. D’après les notaires la valeur verte peut s’élever de 5 % à 22 % par rapport au prix marché. Dans l’ensemble des régions métropolitaines, toutes les ventes profitent d’une plus-value en cas de lettre A ou B.


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