RE2020 : la maison écologique bas carbone

Pierre Chevillard
Mis à jour par
le 14 septembre 2022
Rédacteur en chef chez PAP.fr

Tout savoir sur la RE2020, la réglementation environnementale qui régit les maisons neuves depuis janvier 2022. Bâti plus performant, construction bas carbone, confort d’été, influence sur les prix : comprendre une mesure qui révolutionne la construction.

Conception bioclimatique, volumétrie plus compacte, matériaux biosourcés, isolation renforcée, énergies renouvelables : avec la RE 2020, les maisons neuves sont de plus en plus vertes. © Westend61/Getty Images

Révolution. Avec la Réglementation environnementale 2020 (RE2020), le logement neuf entre dans une nouvelle ère. Applicable depuis le 1er janvier 2022, cet ensemble de mesures qui régit la construction impose aux nouvelles maisons une augmentation de la performance de leur bâti, une réduction de leur empreinte carbone et une nette amélioration de leur confort d'été. En d'autres termes, les maisons neuves d'aujourd'hui restent bien plus économes en énergie, elles sont agréables à vivre en toutes saisons et elles affichent haut et fort leur statut de logement vertueux, qui participe à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Quels sont les objectifs de la RE2020 ?

Lors du lancement de la RE2020, fin 2021, la ministre de la Transition écologique de l'époque, Barbara Pompili, ne faisait pas mystère de ses intentions : « avec la RE2020, nous accélérons la décarbonation du bâtiment en agissant sur la phase de construction qui, pour un bâtiment neuf performant, représente entre 60 et 90 % de son impact carbone total. D’ici 2031, la réglementation fera baisser cet impact de plus de 30 %. Nous assurerons également que les bâtiments consommeront encore moins d’énergie et une énergie décarbonée ». Et la ministre du Logement d'alors, Emmanuelle Wargon, d’ajouter : « à travers la RE2020, c’est une grande transformation qui s’engage, progressive et déterminée, pour toute la filière constructive ». Reste à savoir comment ça marche et combien ça coûte...

L'un des grands changements apportés par la nouvelle réglementation, c'est la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Cette maisons se place dans cette démarche puisqu'elle a obtenu la label E+/C-, qui a permis aux constructeurs de préparer la RE 2020. www.depreux.construction.com © Depreux Construction

La RE2020 et la maison bas carbone en dix points clés

  • Pour les logements neufs et notamment les maisons, la RE2020 est entrée en vigueur le 1er janvier 2022 (date du dépôt du permis de construire). Elle remplace la RT 2012.
  • La RE2020 vise trois objectifs : la réduction des consommations, la limitation des émissions de gaz à effet de serre des matériaux et des énergies et l’amélioration du confort d’été.
  • Très techniques, les dispositions de la RE2020 seront de plus en plus strictes au fil du temps, avec des points d’étape en 2025, 2028 et 2031.
  • La RE2020 s’applique au périmètre du permis de construire, autrement dit sur l’ensemble de la parcelle. Mais l’aspect contraignant  concerne uniquement les composants du bâtiment et son fonctionnement proprement dit.
  • Une clause de revoyure permettra de faire régulièrement le point entre les professionnels et le gouvernement pour cerner les difficultés d’application et autres surcoûts.
  • Les constructeurs, les bureaux d’études et les industriels du bâtiment ont beaucoup travaillé pour être prêts le 1er janvier 2022. Nombre d’entre eux ont même anticipé.
  • En augmentant les exigences en matière de performance, de réduction de l’empreinte carbone et de confort d’été, la RE2020 influe sur les façons de bâtir.
  • Les nouveaux outils comme la maquette numérique et les efforts des professionnels en matière de performance et de décarbonation facilitent la mise en œuvre de la RE2020.
  • La nouvelle réglementation fait monter les prix, mais les professionnels s’efforcent de limiter les dégâts pour préserver le pouvoir d’achat immobilier.
  • Plus écologiques et plus performantes, les maisons RE2020 sont plus économes à l’usage et prendront davantage de valeur au fil du temps.

RE2020 : les critères de performance

Pour réduire les consommations, la RE2020 impose une conception bioclimatique encore plus performante que celle de la RT 2012 (la réglementation en vigueur avant 2022). Concrètement, l’isolation des maisons est renforcée, tant au niveau des murs que des planchers et des plafonds. Il faut également insister sur la conception bioclimatique. Les fenêtres et autres baies vitrées sont positionnées sur les parois est, sud et ouest pour récupérer un maximum de calories solaires et ainsi faire des économies d'énergie sur le chauffage et l'éclairage. Les férus de technique noteront que les besoins bioclimatiques sont définis par un indicateur dit Bbio exprimés en points et ce Bbio ne peut pas dépasser un maximum, le BbioMax. Plus le Bbio est bas, plus elle est performante (elle optimise davantage les apports naturels et son bâti est ultra-efficace). Si le Bbio dépasse le Bbiomax, la maison n’est pas conforme à la RE2020.

Comment réduire les consommations ?

La RE2020 plafonne la consommation d’énergie primaire (celle qui existe dans la nature et qui a besoin d’être transformée pour être utilisée dans les logements). Plus précisément, elle se base sur l’indicateur Cep comme consommation d’énergie primaire . Pour les maisons, le Cep est calculé sur cinq usages : chauffage, eau chaude, refroidissement, éclairage, ventilation et appareils auxiliaires. Et la consommation totale doit rester en dessous d’un maximum, le CepMax. Nouveauté : en RE2020, le Cep tient compte des consommations d’énergie non renouvelable, qui sont elles aussi plafonnées. Le dispositif est conçu pour décourager le chauffage électrique traditionnel, dit à effet Joule et les énergies fossiles. Surtout, le plafonnement des consommations d’énergie non renouvelable rend la RE2020 plus stricte que l'ancienne RT 2012. D’où des maisons neuves encore plus économes à l’usage.

RE2020 : quelle est l’obligation de moyens ?

Pour atteindre ces résultats et augmenter la performance, la RE2020 impose une exigence de moyens. On citera entre autres exemples une isolation et une étanchéité à l’air renforcées, un traitement poussé des ponts thermiques, une superficie vitrée minimale qui représente au moins un sixième de la surface habitable, etc. Impossible de rentrer dans le détail de ces mesures, l’arrêté du 4 août 2021 qui les réglemente comptant… 1 838 pages ! À noter : à l'achèvement de la maison, son étanchéité est testée, une vérification qui porte aussi sur la ventilation. Un professionnel qui a reçu une formation contrôlée par l’État réalise cette formalité obligatoire.

Maison : la chasse au carbone

Le grand changement apporté par la RE2020, c’est la chasse au carbone, avec comme méthode l’analyse du cycle de vie sur cinquante ans. Il s’agit de déterminer le poids en carbone de tous les produits et de tous les équipements qui composent la maison, mais aussi de l’énergie qui l’alimente. « Cette ACV utilise une méthode dite dynamique », explique-t-on chez Isover (Groupe Saint-Gobain). « Elle attribue un poids plus important aux émissions de CO2 en début de cycle de vie (phase production – fabrication) et minimise les émissions de C02 en fin de vie (phase de déconstruction – élimination). Cette méthode d’ACV reste propre à France et à la RE2020. » L’idée, c’est de limiter les émissions de gaz à effet de serre le plus tôt possible, notamment au moment de la construction. Car il y a urgence !

La RE 2020 mesure le poids carbone des énergies et des matériaux en se basant sur une analyse du cycle de vie sur 50 ans. Ici, une maison équipée d'un chauffage qui marie solaire et bois. www.poujoulat.fr © Poujoulat

Comment décarboner l’énergie ?

Première cible : l’énergie, via l’indicateur Icénergie comme Impact Carbone énergie. Exprimé en kilos équivalent CO2/m² (kgeqCO2/m²), « il correspond à l’impact sur le changement climatique, à l’horizon cinquante ans, des émissions de gaz à effet de serre relatives aux consommations d’énergie du bâtiment pendant son exploitation », détaille le Cegibat, le centre d'expertise de GrDF. La RE2020 plafonne les émissions des appareils de chauffage et de production d’eau chaude à 4 kg de CO2 par mètre carré et par an. Elle privilégie les solutions renouvelables comme la biomasse (chauffage au bois) ou thermodynamiques (pompe à chaleur). « Alors qu’une maison moyenne existante chauffée au gaz émet près de 5 t de CO2 par an, la même maison aux normes RE2020 émettra moins de 0,5 t, soit dix fois moins », estime le ministère de la Transition écologique.

Cette maison laboratoire a permis de tester de très nombreuses solutions bas carbone. Nombre d'entre elles se retrouvent aujourd'hui sur le marché. www.hexaom.fr, www.concept-yrys.com © Concept YRYS by MFC

Le gaz naturel est-il interdit ?

Le ministère de la Transition écologique est très clair : « l’enjeu est de cesser d’utiliser des énergies fossiles dans les bâtiments neufs, alors qu’aujourd’hui encore les logements au gaz sont majoritaires dans les constructions ». Le gaz naturel n’est pas le seul dans la ligne de mire, le gaz vert (biométhane) n’étant pas pris en compte par la RE2020. Deux exceptions toutefois. Dans les lotissements raccordés au gaz dont le permis d’aménager est déposé avant le 1er janvier 2022, les maisons chauffées au gaz naturel seront autorisées jusqu’au 31 décembre 2023 (date du dépôt de permis de construire). Il est aussi possible d’équiper les maisons neuves, quelles qu’elles soient, de solutions hybrides, qui associent pompe à chaleur et chaudière gaz à condensation, un dispositif qui produit aussi l'eau chaude.

Ce constructeur prouve qu'il est possible de bâtir des maisons performantes et bas carbone tout en soignant l'architecture. www.trecobat.fr © Pascal Leopold (Trecobat)

Des matériaux plus écologiques

Pour sélectionner les matériaux et les équipements les plus vertueux, la RE2020 introduit un indicateur Iccomposant. Exprimé en kilos équivalent CO2/m², il mesure les émissions de dioxyde de carbone de tous les éléments de la maison, de leur fabrication à leur valorisation en fin de vie en passant par le transport, la construction, la maintenance et les réparations. Là encore, la méthode choisie est celle de l’Analyse de cycle de vie dynamique. À la manière du Bbio, la RE2020 fixe un Indicateur maximal dit IccomposantMax qui ne peut pas être dépassé. Pour les maisons, ce plafond sera de plus en plus strict : il est fixé à 640 kg équivalent CO2/m² pour la période 2022/2024, à 530 kg sur 2024/2027, 475 kg sur 2028/2030 pour finir à 415 kg équivalent CO2/m² en 2031.

Quels sont les matériaux compatibles avec la RE2020 ?

Dans la première version de la RE2020, présentée en novembre 2020 par le ministère de la Transition écologique, la priorité était donnée au bois et autres matériaux biosourcés. Après d’âpres négociations avec le monde du bâtiment, la nouvelle version, rendue publique en février 2021, est moins radicale et se place sous le signe de la cohabitation. « Sous réserve de leurs progrès technologiques d’ici là et du respect de leur trajectoire de décarbonation, les matériaux les plus usuels (béton, acier, briques, tuiles, etc.) continueront à être largement employés », indique le ministère. Bref, pas de révolution, mais une évolution vers la décarbonation. Pour bâtir des maisons conformes à la RE2020, mieux vaut employer des matériaux bénéficiant d'une Fiche de déclaration environnementale et sanitaire (FDES), un document qui détaille notamment leur poids carbone. Le moteur de calcul favorise en effet les matériaux avec une FDES, les autres étant pénalisés.

Comment les matériaux se décarbonent-ils ?

Les modes constructifs traditionnels (béton et brique) nécessitent une phase de cuisson très émettrice de C02. Les industriels s’emploient dont à verdir leurs matériaux. « Nous avons mis au point une gamme de bétons bas carbone baptisée Ecopact », explique Mouloud Behloul, directeur innovation et construction durable chez Lafarge. « Pour les fondations, par exemple, le béton EcopactAA réduit son empreinte carbone de 80 % par rapport à un béton classique. Le béton Ecopact A, qui émet 50 à 70 % de CO2 en moins, peut être employé pour les dalles de compression. » De son côté, Vicat a mis au point Carat, un ciment qui intègre un liant végétal et réduit considérablement l'empreinte carbone du béton. Avec Hi-Iona, Hoffmann Green Cement a conçu un ciment qui contient des résidus de hauts fourneaux, de quoi diviser par six les émissions de CO2. Les spécialistes de la terre cuite se placent dans la même logique. Carrières d’argile gérées durablement, gaz vert qui alimente les fours, chaleur émise lors de la combustion redirigée vers les séchoirs, recyclage, mais aussi production en circuit court : les matériaux en terre cuite ont réduit leur empreinte carbone de 35 % en une vingtaine d’années, signale la Fédération française des tuiles et briques (FFTB).

Confort d’été : l'autre priorité de la RE2020

Avec leur isolation et leur étanchéité renforcées, les maisons conformes à l'ancienne réglementation thermique, la RT 2012, étaient très performantes. Mais le confort d'été n'était pas assez traité. D'où des surchauffes en été. En réaction, leurs habitants pouvaient doter leur maison d'une climatisation de mauvaise qualité. De quoi augmenter leur consommation d'énergie, mais aussi dégrader le bilan environnemental de leur habitat. Avec la RE2020, les pouvoirs publics ont rectifié le tir en traitant spécifiquement le confort d'été. Une nécessité  impérieuse à l'heure où les épisodes de canicule sont appelés à se multiplier... De fait, les maisons RE2020 sont conçues pour rester vivables lors des fortes chaleurs.  

RE2020 et confort d'été : comment ça marche ?

« Sur la base d’un scénario météo similaire à la canicule de 2003, un indicateur de confort d’été est calculé lors de la conception du bâtiment, qui s’exprime en degré.heure (DH) », déclare le ministère de la Transition écologique. Cet indicateur DH évalue l’inconfort lors des périodes les plus chaudes. Si la maison dépasse 1 250 DH (DHMax soit une température supérieure à 30 °C le jour et 28 °C la nuit pendant vingt-cinq jours consécutifs), la maison n’est pas conforme. Le DHMax est porté à 1 850 en cas de contraintes extérieures. En dessous de 350 DH, la réglementation estime que la maison est confortable lors des canicules. Entre ces deux niveaux, « la RE2020 considère que le confort est acceptable, mais introduit par précaution un forfait conventionnel de consommation d'énergie lié au besoin de refroidissement », indiquent L. Laugar et D. Molle du bureau d'études Senova. Lorsque leur maison sera terminée, certains acquéreurs s'équiperont quand même en climatisation et le législateur a voulu en tenir compte.

La conception bioclimatique optimise les apports naturels et assure un bon confort d'été. www.igc-construction.fr © IGC

Bas carbone : de la théorie à la pratique

Le bâtiment se prépare depuis la fin 2016 via l’expérimentation et le label énergie plus/Carbone moins (E+/C-). La marche étant élevée, notamment en matière de décarbonation, l’adaptation s’est parfois faite dans la douleur. Les professionnels ont dû aussi réfréner les ardeurs du gouvernement qui, en novembre 2020, a proposé une première version de la RE2020 trop ambitieuse en période de crise. Moins raide, la version de février 2021 facilite les choses. Et le paysage s'est dégagé. « Meilleure isolation, amélioration du confort d’été, réduction de l’impact carbone globale et meilleure qualité de l’air : nous avons aujourd’hui tous les produits et toutes les technologies pour répondre aux enjeux de la RE2020 », se félicité Grégory Monod, président du Pôle Habitat de la Fédération française du bâtiment. Et Pierre Jude, P-DG de Maisons Pierre, d'ajouter : « nous avons anticipé et nous étions déjà prêts pour la RE2020 en septembre 2021, quatre mois avant l'entrée en vigueur de la nouvelle règle ».

Avec la RE 2020, les maisons à ossature bois industrialisées vont gagner des parts de marché. www.booa.fr © Frédéric GODARD pour booa

Bâtir bas carbone : par où commencer ?

Pour proposer des solutions compatibles avec la nouvelle réglementation, les constructeurs travaillent en étroit partenariat avec leurs bureaux d’études. « Nous intervenons en amont pour leur fournir nos recommandations sur tous les éléments de la maison, qu’il s’agisse de matériaux, d’équipements, d’énergie, de besoin de froid ou de réduction de l’empreinte carbone », explique Alexandre Pugeault, directeur associé de l’Atelier d’études techniques Loriot. « Pour leur faciliter la tâche, nous leur communiquons des simulations aussi précises que possible. Plus l’offre des constructeurs est proche de ces simulations, plus la conformité de la maison à la RE2020 est facile à atteindre. » Ces simulations intègrent les solutions proposées par les industriels du bâtiment et permettent au constructeur comme à son client de bénéficier d'un large choix en termes de matériaux et d'équipements pour bâtir une maison conforme à la RE2020.

Une maison bas carbone et ultraperformante réalisée pour une jeune maman et son enfant en 2019. Son prix : 88 400 €/m² TTC hors terrain. www.maisons-avivre.com © Maisons à Vivre

Comment le projet est-il élaboré ?

Fort de son éventail de solutions « RE2020 compatibles » mises en place avec son bureau d’études, le constructeur élabore le projet avec son client. Il tient compte de l’adresse de la maison, des caractéristiques du terrain, des règles d’urbanisme et, le cas échéant, des remarques des architectes des Bâtiments de France. Ensuite, les logiciels moulinent pour créer un projet conforme à la réglementation (respect du Bbio, du Cep, des indices carbone et du degré/heure lié au confort d'été), aux règles d’urbanisme et aux demandes de l’acquéreur. Dans cette logique, la maquette numérique (Building Information Model ou BIM) est très utile. Avec cet outil de dernière génération, on sait très vite si le projet tient la route et combien il coûte. Il peut être modifié si nécessaire. De quoi faciliter l’édition du contrat de construction et l’obtention du permis de construire.

Réglementation, formalités et conformité

La RE2020 a force de loi. Ce qui implique le respect de formalités strictes. Une pré-étude énergétique et environnementale réalisée par un bureau d’études sur un logiciel certifié doit obligatoirement être jointe au dossier de permis de construire. Sans ce document, le permis est refusé. L’étude décortique le projet et vérifie s’il cadre avec la RE2020. Une fois le chantier terminé, des contrôles sont effectués. Un test d’étanchéité est réalisé et le débit de fuites d’air vers l’intérieur ne doit pas dépasser 0,6 m3 par mètre carré de paroi et par heure. En RE2020, la VMC est contrôlée, ce qui n’était pas le cas avec l'ancienne RT 2012. Une fois le chantier terminé, le maître d’ouvrage (l’acquéreur) doit faire établir un récapitulatif standardisé d’étude énergétique et environnementale (RSEE), via un logiciel certifié.

Si la maison ne respecte pas la réglementation (RT 2012 ou RE2020), l’acquéreur n’obtient pas son certificat de conformité et risque des sanctions pénales. Il peut être condamné à la remise à niveau de la construction ou si c’est impossible à sa démolition. Il encourt jusqu’à 45 000 € et six mois de prison en cas de récidive. « Avec un Contrat de construction d’une maison individuelle (CCMI-loi de 1990), le respect de la réglementation relève de la responsabilité du constructeur », rappelle Karim Kerioui, qui dirige Maisons Elan, en Auvergne. Donc en cas de problème, ce même constructeur est tenu de réagir. Et il est assuré contre ce risque. Avec les autres types de contrat, il faudra prouver la faute du professionnel et c’est le maître de l’ouvrage, autrement dit l’acquéreur qui est responsable.

Questions sur une nouvelle réglementation

Sur la première phase de la RE2020, de 2022 à 2025, la plupart des matériaux permettent de créer des maisons conformes à la nouvelle règle. L’élaboration du projet prend l’allure d’un jeu de construction. Si l’un des points est trop carboné, on compense ailleurs par une solution plus verte. Par exemple, le bois pour les parquets ou les escaliers améliore l'empreinte carbone d'une maison bâtie en blocs béton ou en briques. Côté énergie, là encore, le secteur est prêt. Il faut simplement veiller à ce que l’approvisionnement en pompes à chaleur est assuré et que les installateurs sont suffisamment nombreux. Pour les étapes suivantes (2025, 2028 et 2031), les exigences iront croissant. Mais l’élan étant donné, le monde de la construction devrait s’adapter. Certains constructeurs ont mêle anticipé. Témoin Trecobat, sur le Grand Ouest. Sa Villa E-Lorn est déjà conforme au niveau 2031 de la RE2020 ! Et puis la clause de revoyure prévue entre les professionnels et le gouvernement permettra des ajustements si des impossibilités apparaissent.

Quels choix énergétiques ?

La RE2020 misant sur l'efficacité énergétique et la décarbonation, la solution de chauffage la plus souvent rencontrée reste la pompe à chaleur (PAC) air/eau (elle alimente la boucle d'eau chaude du chauffage central). L'appareil se charge également de la production d'eau chaude. Certaines PAC air/eau assurent le confort d'été en faisant simplement circuler de l'eau fraîche dans le plancher hydraulique. Autre solution thermodynamique : la pompe à chaleur air/air. En hiver, elle insuffle de l'air chaud dans la maison via des bouches spécifiques (les splits). En été, elle aspire la chaleur intérieure pour la rejeter à l'extérieur. Très efficace pour améliorer le confort d'été, elle ne produit pas l'eau chaude. Elle doit donc être associée à un ballon thermodynamique, un chauffe-eau alimenté par une petite pompe à chaleur. Le poêle et la chaudière à granulés bois conviennent bien à la RE2020 (ils emploient une énergie par essence renouvelable). Les maisons de Il est également possible d'installer un chauffage solaire, l'astre du jour se chargeant de chauffer l'eau chaude qui ensuite passe dans la boucle du chauffage central.

Comment créer des maisons fraîches ?

Pour améliorer le confort d’été, les maisons tablent sur l’isolation renforcée, sur la compacité des volumes. « Dans la majorité des régions, des volets roulants automatisés, qui se ferment seuls lorsque la température estivale grimpe, suffisent à maintenir l'intérieur de la maison au frais et à respecter le critère de degré/heure » note Cécile Truffy, responsable marketing extérieur & Windows pour Somfy France. Idem pour les solutions de suventilation. Grâce à l’ouverture simultanée d’une fenêtre et d’une fenêtre de toit ou d'une baie vitrée, l’air intérieur est évacué par effet de tirage pour être remplacé par un air extérieur plus frais.

La RE2020 favorise également les brasseurs d'air, le nouveau nom des bons vieux ventilateurs. La conception bioclimatique (avancées de toiture, retraits de façade, casquettes) n'est pas toujours nécessaire et renchérit les coûts de construction. « Dans les régions les plus chaudes comme l'arc méditerranéen, l'isolation doit être renforcée notamment pour les grandes maisons et il faut prévoir des systèmes de rafraîchissement comme les pompes à chaleur air-air », indique Hervé Chavet, directeur technique du Groupe Hexaôm. « Pour respecter les plafonds de consommation d'énergie imposés par la RE2020, ces dispositifs sont alimentés par des panneaux solaires photovoltaïques en autoconsommation. » 

Un autre process industrialisé compatible avec la RE 2020. Il se compose de panneaux de bois surisolés préfabriqués en usine. Autres avantages : un chantier plus propre et plus rapide. www.maisons-logelis.com © Maisons Logelis

Les maisons RE2020 sont-elles différentes ?

La RE2020 n'est pas sans conséquences sur le style des maisons. « Le cube est la forme la plus simple à mettre en œuvre et la plus efficace sur le plan énergétique et bioclimatique. Il faut prendre garde à ne pas généraliser ce type de maisons sous peine de dégrader les paysages », avertit Franck Petit, directeur de l’habitat neuf de Procivis (marque Maisons d’en France notamment). La RE2020 peut aussi limiter certains choix. « Avec la nouvelle règle, créer des grandes baies vitrées toute hauteur sur un pignon ou une façade devient quasiment impossible » constate David Lacroix, président de Maisons Berval et de Maisons Evolution (groupe Hexaöm). De même, la conception bioclimatique, qui optimise les apports naturels, n'est pas possible partout.  Car aujourd’hui, les terrains sont plus petits et en secteur urbanisé, les constructions voisines peuvent poser problème. « Si l'orientation de la maison ne permet pas de tirer le meilleur parti de la conception bioclimatique, nous devons renforcer l'isolation et améliorer l'éclairage naturel en posant des fenêtres de toit » indique David Lacroix.

Plans : qu'est-ce qui change ?

Particularité de la RE2020 : elle considère que chaque bouche de ventilation détériore l'isolation et l'étanchéité. Il faut donc réduire le nombre de pièces humides dans la maison, sauf à compenser par un surcroît d'isolation. « Pour les petites maisons, mieux vaut placer les toilettes dans la salle de bains et dans les grandes villas, on évitera de créer une salle de bains par chambre, cette option pouvant faire grimper les coûts puisqu'il faudra compenser par une isolation encore plus renforcée », précise Fabien Cuminal, directeur général de Cofidim (Le Pavillon Français, Maisons Sésame, Archivim notamment). Dans la même logique, le cellier fera partie intégrante de la cuisine, ces deux pièces pouvant être séparées par une verrière mobile, mais pas par une cloison. « Les clients sont compréhensifs et si nous leur expliquons bien les tenants et les aboutissants de la RE2020, ils les acceptent sans difficulté », ajoute Fabien Cuminal.

Un nouveau système de doublage des murs, avec une plaque ultrarésistante associée à une laine de verre performante et décarbonée. www.placo.fr, www.isover.fr © Placo/Isover

La RE2020 fait-elle monter les prix ?

Matériaux décarbonés, isolation renforcée, projets plus sophistiqués… La nouvelle réglementation fait bel et bien monter les prix. Pour le gouvernement, la hausse devrait tourner autour de 10 % d’ici 2031, mais elle devrait être cantonnée à environ 4 % pendant la première phase. Selon les professionnels, la facture est plus lourde.Ils estiment que la version 2022 de la RE2020 fait monter les prix de 5 à 8 % en moyenne. « Avec l’effet d’apprentissage, les surcoûts devraient progressivement baisser », tempère Alexandre Pugeault. « Et les plus efficaces dans ce domaine, ce seront les constructeurs qui auront su s’entourer de partenaires engagés et compétents, qu’il s’agisse de bureaux d’études comme d’industriels. » Et Grégory Monod d’ajouter : « limiter les surcoûts est impératif. Si les exigences environnementales sont légitimes, elles ne doivent pas empêcher les familles, notamment celles dont les revenus sont modestes, d’accéder à la propriété. Le neuf ne doit pas être réservé à une élite fortunée ».

Quels sont les avantages pour les particuliers ?

Si les maisons RE2020 coûtent un peu plus cher, elles diminuent drastiquement leurs consommations d'énergie, avec une facture inférieure à celle des maisons RT 2012, ces dernières étant déjà trois à cinq fois plus performantes que l’ancien. Autre atout des maisons RE2020 : une empreinte carbone réduite. Les propriétaires apportent ainsi leur pierre à l’édifice de la lutte contre le changement climatique. Surtout, ces maisons, très compétitives par rapport aux autres en termes de performance et d’écologie, ont toutes les chances de se valoriser au fil du temps. Des études des Notaires de France le constatent déjà pour les villas RT 2012, il n’y a pas de raisons que les maisons RE2020 échappent à cette notion de valeur verte.

Véritable puits de carbone, le bois est un matériau favorisé par la RE 2020. www.maison-de-cedre.fr © La Maison de Cèdre

À quoi ressemble une maison RE2020 ?

  • Une architecture compacte et bioclimatique. Les baies vitrées suivent la course du soleil. Volets roulants et systèmes de surventilation automatisés favorisent le confort d’été. La conception bioclimatique (avancées de toiture, brise-soleil) n’est pas toujours nécessaire et coûte cher.
  • Des matériaux à faible empreinte carbone. Le bois et autres matériaux biosourcés pour le gros œuvre et l’isolation, les solutions géosourcées comme la terre crue sont favorisées. En réalité, tous les matériaux d'aujourd'hui atteignent les objectifs de décarbonation de la RE2020 pour peu qu'ils disposent d'une Fiche de déclaration environnementale et sanitaire (FDES).
  • Une isolation ultrarenforcée. En surisolant murs, planchers et toitures, l'objectif d'économies d’énergie et de confort d'été de la RE2020 s'atteint aisément. Et pour améliorer la qualité de l'air intérieur, la ventilation est dûment contrôlée à la réception du chantier.
  • Un chauffage vert. Les pompes à chaleur double service, qui produisent chauffage et eau chaude deviennent majoritaires. Les Pac triple service, qui prennent aussi en charge le refroidissement, vont-elles gagner du terrain. Les poêles à bois peuvent être secondés par des ballons thermodynamiques pour l’eau chaude.
  • Des solutions connectées. Elles gèrent l’énergie et pilotent le confort de la maison, avec par exemple des suivis de consommation en temps réel ou des systèmes de bascules automatiques vers les équipements les plus performants et les plus économes en fonction de la météo et des besoins. Elles assurent également le confort d'été par une gestion automatisée des ouvertures et des volets roulants.

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