Bien intégrer la piscine dans le jardin

Mettre piscine et jardin en harmonie ne s’improvise pas. C’est un projet qui, le plus souvent, exige de faire appel à des professionnels du paysage. Ou du moins de s’inspirer de leurs idées.

Quand piscine et architecture s'entremêlent pour mettre la fraîcheur de l'eau au premier plan... Paysagiste : Stéphane Archimbaud. www.paysagescatalans.com © Paysages Catalans

Intégrer une piscine maçonnée dans un jardin paysager est une véritable création. Il ne s’agit pas de construire le bassin n’importe où, au petit bonheur la chance. Elle vient s’imbriquer dans le paysage et non l’inverse. Cela exige une vue sur le long terme, des partenariats forts entre les différents intervenants. « L’amateurisme est impossible, et il faut apprendre à maîtriser les nouvelles techniques. Il faut savoir répondre aux envies mais aussi être capable de prendre en compte les contraintes », confirme un paysagiste concepteur, spécialiste des piscines biologiques et écologiques.

Pour une belle mise en valeur de la piscine, l'implantation du bassin peut jouer sur la pente du terrain. Paysagiste : Pascal Rodet. www.rodet-paysages.com © Rodet Paysages - Expert Jardins (r)

Piscine : quelle implantation ?

Une vue d’ensemble est indispensable : le projet doit être totalement prévu avant que les travaux ne soient lancés. Il faut penser à l’architecture de la maison, à la distribution, à l’intégration de toutes les zones, à la gestion des circulations, à la fonction des massifs naturels, à la création de trompe-l’œil. « Nous intervenons en amont pour réfléchir à l’implantation de la piscine, pour la relier avec l’existant – la maison et le terrain », détaille un paysagiste et membre de l’Unep (Union nationale des entreprises du paysage). « L’esthétique du bassin sera en résonance avec l’architecture et la forme de la villa. Elle sera selon les cas traditionnelle, design, contemporaine… La topographie du terrain sera prise en compte. »

La piscine biologique : les avantages d'un bassin naturel sans les inconvénients. Paysagiste : Stéphane Archimbaud. www.paysagescatalans.com © Paysages Catalans

La piscine peut être construite près de la maison, lorsque la famille compte des enfants par exemple. Si les propriétaires disposent d’une surface de terrain suffisamment importante pour que le décalage soit net – au minimum 2 000 m2 –, le bassin sera implanté plus loin, à part, devenant une oasis, un espace de vie à part entière. On y recevra des amis, on y mangera, on s’y reposera… « Si le terrain est en pente, des restanques viendront dessiner un cheminement parmi les terrasses jusqu’à la piscine en contrebas », propose un professionnel. « Des bassins séparés de la piscine viendront indirectement rappeler les lagunages. »

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Piscine : comment définir son projet ?

La ou les terrasses, les pergolas, les cheminements et la piscine, bref tout ce qui participe à l’aménagement extérieur, sont inclus dans l’étude avant le lancement de la réalisation. Les bassins pour carpes koïs, qui sont de plus en plus fréquemment demandés, doivent également être très étudiés. Un seul interlocuteur viendra coordonner les différents intervenants : le concepteur, le paysagiste, le jardinier-paysagiste.

La piscine doit trouver sa place dans le jardin, et s'intégrer dans le paysage comme si elle avait toujours été là. Paysagiste : Elian Chambon. www.ecosylva.fr © Ecosylva

« Le concepteur part de l’existant, un arbre d’exception par exemple, et lui ajoute des végétaux déjà plus ou moins âgés. Il relie les envies à ce qui est déjà planté et imagine des cocons, des zones un peu à l’écart », explique un paysagiste concepteur. Il prévoit comment le jardin va vivre et quelle place doit être réservée à la piscine dans cet ensemble.

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Le concepteur présente aux clients des plans techniques, des dessins, des vues en 3 D… pour leur permettre de visualiser leur futur jardin.

Aquarêve, une piscine avec margelles en pierre rustique bullée, mise en valeur par les végétaux. www.piscines-magiline.fr © Magiline

Piscine : quels travaux ?

Un terrain en pente et/ou accidenté suppose de gros travaux de terrassement et d’excavation. D’importants enrochements seront indispensables pour créer un terrain suffisamment plat pour accueillir le bassin de la piscine. Les piscines naturelles sont très peu demandées. « En revanche, les piscines traditionnelles, en béton mais biologiques s’inscrivent parfaitement dans la démarche d’acquéreurs qui veulent un jardin aussi naturel et écologique que possible », estime un professionnel.

Les enrochements végétalisés permettent d'inviter le paysage auprès de la piscine pour mieux l'intégrer dans le paysage. Paysagiste : Stéphane Archimbaud. www.paysagescatalans.com © Paysages Catalans

Côté matériaux, ce sont les mosaïques noires ou grises qui sont tendance, les revêtements en enduit beige ou gris. Les acquéreurs ne veulent plus d’un bleu piscine : ils ont envie des couleurs fraîches et naturelles des rivières. Si de grands arbres poussent sur le terrain, la piscine ne sera pas implantée dessous pour éviter que les débris végétaux ne polluent l’eau. 

Si le terrain n'est pas très grand ou si la famille compte des enfants, le bassin sera situé près de la maison. Paysagiste : Elian Chambon. www.ecosylva.fr © Ecosylva

Piscine : comment créer le lien avec la maison ?

Pour créer le lien entre la maison et la piscine, le paysagiste fait intervenir le végétal. C’est là qu’il prend toute sa force. Ainsi, pour habiller et adoucir les enrochements, on choisira des compositions naturelles en cascade. Les végétaux sont sélectionnés en fonction du climat de la région. Dans les Pyrénées-Orientales par exemple, les plantes méditerranéennes sont de mise. La demande en eau sera faible, le jardin va durer dans le temps.

La belle tendance du moment ? Des piscines et des bassins aux couleurs naturelles des rivières. Paysagiste : Elian Chambon. www.ecosylva.fr © Ecosylva

Le concepteur doit expliquer comment va vivre le jardin, par quelles phases il va passer. « Les clients savent qu’au départ, il n’aura pas sa forme finale, il ne sera même pas très beau et plutôt banal. Il lui faudra quelque deux ans pour émerger », rappelle un spécialiste. En effet le jardin met du temps à se mettre en place. « Il doit prendre toute son ampleur, les végétaux doivent s’acclimater, les différentes parties se fondre les unes dans les autres. Il faut compter deux/trois ans pour que la piscine donne l’impression d’avoir toujours été là. »

La fraîcheur d'un plan naturel, un atout inégalable pour le jardin. Paysagiste : Stéphane Archimbaud. www.paysagescatalans.com © Paysages Catalans

Les oliviers centenaires, les camphriers, les palmiers Washingtonia pourront être choisis en pièce maîtresse. Les chênes verts (quercus ilex) ont aussi leurs atouts : développement faible, prix raisonnable, déjà de belle taille, sans entretien, sans maladie… Cela dit, si les arbres mettent plus longtemps à pousser, de belles structures végétales de base peuvent déjà être bluffantes car élevées en pépinière. « Pour accompagner des enrochements, des romarins rampants associés à des liserons arbustifs et des jasmins étoilés fonctionnent bien », conseille un paysagiste... Des graminées apporteront une autre allure.

Les arbres en arrière-plan viennent mettre en scène cette piscine Waterair. www.waterair.fr © Waterair

Zoom sur la piscine biologique

Pourquoi choisir une piscine biologique ?

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La piscine biologique propose un système qui s’inscrit entre bassin traditionnel et baignades naturelles. Pratique et écologique, elle possède les avantages des deux sans en présenter les inconvénients.  

Les piscines biologiques et écologiques ont un système de filtration direct. Elles n’ont donc pas besoin de plantes. Elles offrent une excellente alternative aux piscines naturelles qui ont été touchées par la mauvaise réputation des baignades naturelles avec lagunage et plantes. Ces plans d’eau ont essentiellement été développés par les Allemands et fonctionnent bien dans les régions au climat adapté. Mais ils ont pour inconvénients d’être très onéreux, d’exiger une connaissance poussée du monde végétal aquatique et de réclamer beaucoup d’attention. Ces contraintes trop fortes sont renforcées par le fait que certains bassins n’ont pas fonctionné.

La piscine biologique suit les saisons : elle tourne toute l’année. L’hiver, même s’il n’y a rien à faire, l’eau est toujours en fonction. Ce sont des micro-organismes qui assurent le rôle du sel. A ceci près que l’eau ne passe pas par un filtre de sable mais par une pépinière de bactéries. L’eau atteint ainsi un équilibre idéal. Elle est purifiée, telle l’eau d’un lac de haute montagne. L’uvozone, une lampe à UV, est là pour détruire les éventuelles mauvaises bactéries. De l’oxygène est réintroduit dans le bassin, des systèmes de filtration viennent compléter la machinerie.

C’est un système qui fonctionne en vase clos. L’entretien est très simple : il suffit de réguler le PH et le GH qui équilibrent le bassin. Il y a très peu d’entretien et le besoin de produits, eux aussi naturels, est faible. La piscine s’autogère au fil des saisons, en fonction de la chaleur. Le bassin trouve son équilibre annuel. C’est un produit de haute technicité qui exige un spécialiste du montage. Les piscines de ce type sont donc plus coûteuses. En revanche, ce produit peut trouver sa place dans toutes les piscines, celles à coque maçonnée par exemple. Il faudra modifier certaines pièces : il sera par exemple nécessaire d’installer plus de refouleurs que pour les bassins traditionnels.

Question prix, il faudra compter quelque 5 000 € supplémentaires hors taxes par rapport à un bassin de 8 x 3 m, au sel, avec électrolyseur, équipé de façon traditionnelle. Des demandes de thèmes peuvent être étudiées.

Piscine : les règles de construction
L’implantation d’une piscine privée doit respecter des distances légales. Si elles ne sont pas respectées, le tribunal sera en mesure de faire détruire le bassin.
En premier lieu, vérifiez si des réglementations locales existent. A défaut, consultez le PLU (Plan local de l’urbanisme) auprès de votre mairie car c’est lui qui s’applique. Vous devrez alors respecter une distance minimale de 3 mètres avec le voisinage (R 111-19 du Code de l’urbanisme). Les margelles doivent être intégrées dans le calcul.
Hors agglomération, si le PLU ne le précise pas, la distance à respecter avec un axe autoroutier est de 40 mètres. Elle est de 25 mètres avec les nationales et les départementales (article R 111-6 du Code de l’urbanisme). Ces règles relatives à la voie publique ne s’appliquent pas en ville où doivent être prises en compte la taille de l’agglomération, la fréquence du trafic, la présence d’un chemin communal ou d'un passage privé.


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