Les maisons neuves sont toutes sobres en énergie. Avec une consommation maximale réglementaire qui ne doit pas dépasser en moyenne 50 kW/m2/an, se chauffer ne coûte plus que 400 à 500 € par an. Pour autant, elles ne peuvent pas encore se passer du chauffage. Alors quelle solution choisir ?
C'est d'abord une question de budget. Les primo-accédants disposant souvent de moyens limités optent pour l'électricité, une chaudière à condensation ou une pompe à chaleur air/eau. Les acquéreurs possédant un budget plus confortable peuvent s'orienter vers des offres innovantes à la pointe de la technologie comme la pile à combustible ou une chaudière inédite ultra haute performance. L'impact environnemental est alors un élément important de la réflexion.
Chauffage bois : le poêle à granulés
Une maison neuve sur quatre utilise le bois pour se chauffer. Le poêle à granulés est la solution technique la plus simple et surtout la moins chère. Les rendements peuvent être très élevés et le prix du bois varie peu, contrairement au gaz ou à l'électricité. Seul bémol, l'installation d'un poêle n'est possible que sous conditions. Il doit d'abord être étanche. Pour les matériels équipés d'une régulation, le poêle peut être considéré comme chauffage principal jusqu'à 100 m2 habitables. Au-delà de ce seuil, chaque surface supplémentaire devra être chauffée au moyen d'autres émetteurs comme des panneaux radiants électriques.
Si le poêle ne dispose pas de dispositif d'arrêt manuel et d'un réglage, il ne peut servir que comme un appoint et ne sera donc pas considéré comme énergie principale de chauffage. On considère qu'il faut une puissance de 0,6 kW pour 10 m2. Les meilleurs modèles avoisinent les 90% de rendement. Naturellement le poêle est aujourd'hui connecté. Il se pilote depuis un smartphone. Les prix varient de 2 500 à 6 000 €.
En combinant des panneaux solaires et un poêle à granulés, on peut atteindre un haut niveau de performance. La proposition Airwood Sunwood® se compose dun conduit échangeur raccordé à un poêle à bois ou un poêle à granulés et des panneaux solaires aérothermiques. On peut chauffer toute une maison mais aussi la rafraîchir l'été ! Pendant la journée, la chaleur se diffuse dans lensemble de lhabitat, alors que la nuit, lair est refroidi sous les capteurs solaires, ce qui induit un rafraîchissement passif de lhabitation en été. Cette solution inédite fonctionne avec des énergies 100% renouvelables !
Chauffage électrique : les radiateurs à inertie
Les radiateurs électriques à inertie sont une solution financièrement avantageuse qui apportent un haut niveau de confort. Toutefois l'électricité est pénalisée par un coefficient de 2,58 dans le moteur de calcul de la Réglementation thermique. C'est ce qui explique leur faible part de marché (seulement 3%). Selon le législateur, il faut en effet acheminer 2.58 kWh dénergie pour en utiliser 1 kWh chez vous. Alors pour profiter de cette énergie, la réglementation impose des mesures compensatoires. La maison devra être encore plus isolée et étanche qu'une maison qui utilise une autre source d'énergie.
« Avec la régulation électronique les appareils de chauffage électriques permettent de maîtriser au 1/10 e de degré près la température souhaitée », précise Patrick Le Devehat, directeur technique du Gifam. Et d'ajouter : « Les émetteurs de dernière génération sont intelligents. Ils interagissent avec leur environnement et s'adaptent aux imprévus. Avec l'autoprogrammation, ils deviennent même entièrement autonomes et anticipent les comportements des habitants ! ».
L'investissement initial est l'un des plus faibles puisqu'il faut compter entre 150 et 1 200 par radiateur selon les modèles. On peut aussi opter pour un chauffage électrique basse température par le sol. Un câble chauffant est placé sous le revêtement de sol et diffuse une chaleur douce autour de 28°. Le niveau de confort est équivalent à celui produit par un chauffage à boucle d'eau chaude.
Faire construire votre maison
Chauffage gaz : la chaudière à condensation
La chaudière à condensation occupe 22% de parts de marché selon le dernier Observatoire technique du marché du neuf. Ses atouts ? Son rendement largement supérieur à 100% et surtout son prix. " La transition énergétique en général et la future réglementation thermique 2020 en particulier conditionnent les évolutions technologiques. La première mutation concerne d'abord le gaz. Il devient plus vert avec le biométhane. A l'horizon 2030 nous visons 30 % de biométhane pour arriver à 100 % à l'horizon 2050. " précise d'emblée Emmanuel Bavoux Responsable pôle grand public chez GRDF. Et d'ajouter " Les chaudières à condensation sont de plus en plus performantes. Les niveaux de performances déjà très élevés augmentent encore. Certains modèles peuvent condenser sur l'eau chaude sanitaire et plus uniquement sur l'eau de chauffage. Un gain d'économie supplémentaire." Pour un investissement compris entre 4 000 et 7 000 €, on atteint un haut niveau de confort.
Le plus souvent la chaudière est associée à un ballon thermodynamique pour la production d'eau chaude sanitaire. Naturellement elle ne fait pas l'impasse sur la connectivité. Pilotable à distance depuis un smartphone, on arrive à réduire la consommation deau chaude sanitaire de 10% et de celle du chauffage de 18%, par rapport à une chaudière basse température. Elle peut même atteindre 30% par rapport à une chaudière de plus de 15 ans. Ces chaudières nouvelle génération émettent aussi jusqu'à - 40% de CO2. La chaleur sera produite soit par des radiateurs muraux, soit par un plancher chauffant basse température.
On peut aussi combiner une chaudière à condensation et une pompe à chaleur. C'est ce qu'on appelle l'hybridation. Ce système combiné sélectionne alors de lui-même le mode de fonctionnement le plus favorable et le plus efficace.
Aérothermie : la pompe à chaleur air/eau
La pompe à chaleur air-eau est aujourd'hui l'une des solutions préférées des acquéreurs. Son principe est simple, elle capte les calories contenues dans l'air extérieur pour les transférer dans le réseau de chauffage central. Elle se compose d'un évaporateur, d'un compresseur, d'un condenseur et d'un détendeur qui fonctionnent en circuit fermé. Le fluide frigorigène présent dans ce circuit est amené de l'état liquide à l'état gazeux dans l'évaporateur permettant ainsi de récupérer la chaleur de l'air. Le compresseur augmente la pression du fluide, ce qui pousse également sa température.
Dans le condenseur, le fluide transmet la chaleur au circuit de chauffage tout en passant à l'état liquide. Le fluide frigorigène traverse le détendeur thermostatique et se retrouve à l'état initial en basse pression et basse température, avant de retourner à l'évaporateur. Pour la diffusion de la chaleur, le plancher chauffant est préconisé. En optant pour une Pac réversible, il est possible de rafraîchir la maison l'été. Le prix d'une installation est d'environ 12 000 .
Aérothermie : la pompe à chaleur air/air
La pompe à chaleur air-air est moins répandue que la Pac air/eau. Elle fonctionne sur le même principe technique sauf que les calories captées à l'extérieur de la maison sont diffusées par des ventilo-convecteurs. Les consoles peuvent être murales ou placées en hauteur. La Pac peut être mono-split ou multi-split.
Dans la première configuration on ne chauffe (ou refroidit) qu'une pièce. Dans la seconde, le groupe extérieur alimente plusieurs splits ou consoles, généralement au nombre de 4. Une pompe à chaleur air-air est particulièrement simple à installer ; il suffit de faire passer des gaines dans des faux plafonds ou les murs. Il faut compter entre 6 000 et 10 000 € pose comprise.
Géothermie : la Pac géothermique
Le sol est une réserve stable et inépuisable de calories. Le chauffage par géothermie consiste à capter les calories présentes dans votre jardin pour les restituer dans la maison via un plancher chauffant. Contrairement à une pompe à chaleur aérothermique, il n'y a pas de contrainte saisonnière puisque la température du sol est stable tout au long de l'année. Un atout essentiel car il n'y a pas besoin de relève.
La solution la plus répandue, le captage horizontal, nécessite selon les conditions climatiques, une surface extérieure comprise entre 80 et 120% de la surface à chauffer. Un réseau de tubes est enterré entre 60 et 80 cm de profondeur dans votre jardin. Inutile donc d'avoir un grand jardin ! Côté prix, comptez de 10 000 à 20 000 .
Chauffage bois : la chaudière à granulés de bois
La chaudière à granulés de bois utilise le plus souvent des pellets mais il en existe aussi des mixtes qui peuvent fonctionner avec des granulés ou des bûches. Vous pouvez envisager ce type de chauffage si vous disposez d'un local suffisamment spacieux et sec pour y accueillir une trémie de stockage pour les granulés et la chaudière.
Avec un silo de grande capacité, on est tranquille pendant plusieurs mois et tout est automatisé. Côté performances, certains modèles ont des rendements supérieurs à 100%. Le prix d'une chaudière à granulés de bois s'élève environ à 18 000 €.
Micro-cogénération : la chaudière-pile à combustible
Longtemps expérimentée, la pile à combustible commence à être installée dans les maisons. Il s'agit en réalité d'un module « pile à combustible » pour la production d'électricité et d'une chaudière gaz à condensation. " La pile à combustible est une solution en déploiement commercial. C'est une technologie intéressante pour sa capacité à produire de l'électricité localement. " précise Emmanuel Bavoux.
La pile à combustible transforme l'énergie chimique en énergie électrique. Son secret repose sur la réaction du gaz avec l'oxygène contenu dans l'air ambiant. Il se produit une réaction d'électrolyse, comparable à celle d'une pile ou d'une batterie de voiture, qui produit de l'électricité. Cette réaction dégage simultanément de la chaleur qui est récupérée et utilisée pour les besoins en chauffage et en eau chaude de la maison. Le rendement global atteint environ 175%.
Avec une pile à combustible, la quantité d'électricité produite permet de couvrir la consommation électrique de base de la maison, c'est-à-dire la consommation permanente : appareils en veille, box internet, réfrigérateur... Environ 80% de l'électricité produite par la pile à combustible peut être utilisée directement dans la maison. Attention l'investissement est de l'ordre de 15 000 €.
Innovation : le radiateur numérique
Pourquoi ne pas récupérer la chaleur émise par des data centers pour se chauffer ? Cette technique connue pour les grands centres de calcul est possible à l'échelle de la maison. Le Q-Rad de Qarnot Computing est un mini-data center qui utilise la chaleur résiduelle de ses micro-processeurs et évite lutilisation de systèmes de refroidissement utilisés en data center. « Le Q.Rad est un radiateur intelligent connecté, c'est la combinaison entre un radiateur électrique et un serveur de calcul haute performance », précise Hervé Chavet, directeur technique et R & D du Groupe Maisons France Confort qui teste cette solution de chauffage dans sa maison laboratoire Concept Yrys. « Ce serveur peut chauffer une pièce de 30 m2 grâce à sa puissance de calcul décentralisée. L'électricité consommée par le serveur est entièrement remboursée par les heures de calcul. »
La chaleur est produite par les micro-processeurs embarqués, connectés à internet, qui réalisent à distance des calculs informatiques pour des entreprises tierces. La vente de la puissance de calcul finance lélectricité utilisée par les Q.Rads. Chaque machine enregistre en continu sa consommation énergétique (kWh) et informatique (CPU), ce qui permet de facturer les clients en calcul et de rembourser loccupant de lélectricité consommée. Lorsqu'il fait chaud et que les besoins de chauffage sont nuls, le Q.Rad se met en mode été. La chaleur dégagée par le serveur n'est alors pas perceptible puisqu'il consomme l'équivalent d'un ordinateur portable.
Pour installer le radiateur, il suffit d'une prise électrique et d'une connexion de type RJ 45. En plus du chauffage gratuit, les résidents bénéficient de la wi-fi et d'applications domotiques qui permettent de gérer la maison. Il peut par exemple détecter et alerter en cas d'intrusion, suivre la qualité de lair, les consommations énergétiques... Enfin, pour ne rien gâcher, ce radiateur « extraordinaire » est plutôt esthétique.
Hybridation : une chaudière ultra haute performance
Commercialisée depuis juin dernier, la chaudière Boostheat® révolutionne le chauffage individuel. Elle combine une pompe à chaleur et une chaudière à condensation. Sa technologie fait appel à un compresseur thermique sans frottement, ce qui la rend quasiment inusable. Le résultat est exceptionnel puisque son rendement est aujourd'hui de 200%. Elle est deux fois plus efficace qu'une chaudière à condensation dernière génération et divise jusquà 3 fois les émissions de CO2 ! C'est la chaudière la plus performante de sa catégorie, idéale pour une maison E+C- !
« Cette chaudière fonctionne sur le principe de deux systèmes : la chaudière à condensation et la pompe à chaleur. Cette dernière étant un ascenseur à calories », précise Luc Jacquet, cofondateur de BoostHeat. « La chaudière brûle du gaz à 1 160° qui alimente un cycle de pompe à chaleur. Elle se sert de ces hautes températures pour booster son rendement. » C'est l'industriel qui installe lui-même la chaudière. Naturellement elle est connectée.
Autre innovation : elle est vendue en Location avec option d'achat. Le fabricant s'est inspiré du monde automobile où cette pratique est largement répandue. On ne paye plus la propriété mais seulement l'usage. Une solution qui permet de profiter d'un matériel très haute performance à moindre coût.