Comment isoler votre maison

Manuel Apruzzese
Mis à jour par
le 30 avril 2023
Journaliste chez PAP.fr

Nouvelles exigences, nouvelles techniques. La réglementation thermique évolue, l'isolation aussi ! Grâce à elle, les maisons sont nettement plus performantes thermiquement et beaucoup plus économes en énergie.

La pose humide sur plots de colle concerne surtout les doublages rigides comme le Polystyrène expansé (PSE). © Placo

Invisible, discrète et pourtant essentielle, l'isolation est l'une des pièces maîtresses de la Réglementation Environnementale 2020 (RE2020) qui régit les constructions neuves. Grâce à elle les consommations énergétiques se limitent au strict minimum, les émissions de gaz à effet de serre (CO2) sont en chute et en plus elle participe au confort  d'hiver et d'été. A ne surtout pas négliger !

La RE 2020 en bref

La RE 2020 impose un bâti très performant donc une très bonne isolation. Elle ne privilégie pas de solution technique particulière ni de matériaux. Tous les matériaux isolants certifiés permettent d’atteindre les objectifs de la RE 2020, qu'ils soient classiques (laine de verre, de roche ou polystyrène expansé)  ou biosourcés. Les solutions techniques sont choisies au stade de l’étude thermique et environnementale, au moment de la conception de la maison. La principale exigence de la RE 2020, c’est une obligation de résultats. Par rapport à l'ancienne RT 2012 elle ajoute un volet environnemental.

La chasse au CO2

Si le rôle de l’isolation thermique concerne la performance énergétique des bâtiments le bilan elle joue aussi un rôle essentiel dans sur les émissions de CO2. Une bonne isolation c'est moins de chauffage donc moins d'émissions de gaz à effet de serre. Tout ce qui contribue à la baisse de la consommation énergétique a un impact immédiat et positif sur les émissions de CO2.

🙋‍♀️ Un autre point de important de la RE2020 concerne les émissions liées au cycle de vie du bâtiment : il s’agit là de compter tous les produits (dont les isolants)  qui ont servi à la construction de la maison qui conditionneront son fonctionnement (dont sa consommation d’énergie) et sa fin de vie.

Faire construire votre maison

☀️Le confort d'été est pris en compte

L'autre grande nouveauté dans la  RE 2020 c'est le confort d'été. Si la conception bioclimatique est utile (ombrages apportés par des brise-soleil ou des volets roulants automatisés par exemple), l'isolation a aussi un grand rôle à jouer. Plus elle est efficace, plus elle sera à même de garder la fraîcheur à l'intérieur. L'objectif c'est de combiner inertie thermique et temps de déphasage. Lors des nuits d'été, la structure de la maison va stocker la fraîcheur pour la restituer progressivement le jour, participant ainsi au confort des habitants. Plus l'isolation sera performante,  plus la maison sera agréable à vivre durant les périodes de fortes chaleur.

Des performances affichées

Que ce soit de la laine de verre, de roche, du PSE ou tout autre matériau, il doit être choisi selon trois critères essentiels.
Le coefficient de conductivité thermique (ou lambda λ). Il exprime la quantité de chaleur traversant 1 m2 de matériau pour une épaisseur de 1 cm pour un écart de température de 1°C entre ses deux faces. Plus le λ est petit, plus le matériau est isolant.

La résistance thermique (R). Elle permet de rendre compte de la performance thermique d’un matériau, indiquant sa résistance aux flux de chaleur (exprimée en m2.K/W). Elle dépend de l’épaisseur, exprimée en mètre, et de la conductivité thermique (λ) du matériau. Plus R est grand, plus le matériau est isolant.

La certification. Pour des performances optimales, il faut opter pour des matériaux certifiés ACERMI, qui affiche le Marquage CE et la Marque NF. Les constructeurs travaillent avec des industriels du bâtiment dont la production respecte des règles. Attention aux solutions exotiques non labellisées, sans avis technique et sans Documents techniques unifiés (DTU), qui régissent la pose.

L'isolation du sol

Entre 7 et 10 % de la chaleur peut potentiellement s'échapper d'un plancher mal ou non isolé. En outre, avec le développement des planchers chauffants basse température, l'isolation du sol est un enjeu important. Dans une maison neuve, l’isolant peut être disposé sous le plancher bas et intégré à celui-ci, notamment avec des hourdis isolants, ou encore disposé au-dessus.

La technique de pose dite en rapporté sous dalle est la plus courante

Elle est réalisée après le coulage de la dalle. Elle consiste à déposer l’isolant sur le support (plancher, dalle…), puis à couler dessus une chape destinée à recevoir le revêtement de sol final. Elle est parfaite pour le stockage thermique, notamment en combinaison avec un chauffage par le sol.

👉 Si votre plancher est accessible par le dessous, c'est notamment le cas avec un sous-sol ou une cave, son isolation en sous face est la solution la plus simple, la moins onéreuse et la plus facile à mettre en œuvre. L’isolant thermique est alors fixé sur la face inférieure de votre plancher par fixation mécanique, par collage ou les deux.

👉 Dans le cas d'une chape flottante isolée, des panneaux isolants peu compressibles et peu sensibles à l'humidité sont simplement posés à bords jointifs sur le sol ou sur la dalle de béton existante. Une chape est ensuite coulée par-dessus. Un film en polyéthylène est parfois mis en place sur les panneaux, avant de couler la chape. Sur le périmètre de la pièce, une bande de désolidarisation isolante de 5 à 15 mm d'épaisseur est insérée entre la chape et le bas des murs.

L'étanchéité à l'air

Avant de poser le doublage intérieur, le constructeur va d'abord travailler l'étanchéité à l'air. Elle est indispensable pour atteindre les exigences de basse consommation d’énergie du bâti. La meilleure isolation ne peut rien à elle seule pour garantir une performance thermique efficace si la maison est une passoire. L’objectif est d'affaiblir le taux de perméabilité des parois en supprimant au maximum les fuites d’air qui peuvent traverser les murs d'enveloppe. Le niveau requis aujourd'hui par la RE2020 est de 0,6 m3/m2/h.

En construction traditionnelle (parpaings, briques, etc.),  des défauts d’étanchéité à l’air peuvent être détectés aux jonctions murs/planchers, murs/plafonds et murs/menuiseries. Il faut donc les supprimer ou au moins les atténuer. Si les fuites sont trop importantes les déperditions thermiques le seront également et le test final de perméabilité sera impitoyable. Le risque étant de se faire recaler et de ne pas obtenir le certificat de conformité obligatoire !

Pour obtenir un résultat optimal, le maître d'œuvre peut poser une membrane d'étanchéité sur tout le périmètre des murs d'enveloppe côté intérieur ou pulvériser un enduit qui colmatera les éventuelles fuites du mur. Ce travail réalisé, l'isolation des murs peut vraiment commencer.

L'isolant posé, il ne reste plus qu'à réaliser le test de perméabilité. Le taux ne doit pas excéder 0,6m3/m2/h. © Les maisons Aura

L'isolation des murs

Avec 20 à 25 % des pertes de chaleur dans un logement non isolé, les murs sont le deuxième poste de déperditions thermiques. En France on isole principalement par l'intérieur. Cette technique présente l'avantage d'offrir un niveau élevé de performance pour un coût relativement modéré. Deux techniques coexistent. L'une sur ossature et l'autre par collage.

L'isolation des murs sous ossature métallique est efficace

La pose continue de l'isolant (laine de verre ou de roche) et jointive sur tout le périmètre de la paroi permet de bien maîtriser les ponts thermiques. En outre le passage des gaines électriques entre l’isolant et le parement ne traverse pas l’isolant. Une fois ce dernier placé, il est ensuite recouvert par une plaque de plâtre.

❓ Le principe des systèmes dits « humides » consiste à coller sur le mur un complexe préfabriqué, associant plaque de plâtre et isolant. Ces solutions permettent de gagner du temps sur le chantier tout en assurant de bonnes performances.

L'isolation des combles

Avec 25 à 30 % des déperditions thermiques, la toiture est LE point faible des maisons. L’air chaud, donc plus léger, monte et s’échappe tout naturellement par le toit. Et l'été la toiture prend de plein fouet le rayonnement solaire. L’isolation de la toiture et des combles est donc une priorité. En outre la toiture est soumise à de fortes variations de température toute l'année. L'objectif, au-delà des performances thermiques de la maison, est donc aussi de garantir un bon niveau de confort quelle que soit la saison. Surtout si les combles sont destinés à être aménagés. 

👉 Si vos combles sont perdus, l'isolation sera simple et rapide. On distingue les combles perdus impraticables et les combles perdus praticables. Ces derniers, bien qu’inhabitables, sont accessibles par une trappe et permettent notamment d'installer le bloc VMC. Les isolants en panneaux rigides et semi-rigides peuvent être placés en une ou plusieurs couches successives pour augmenter les performances de l’isolation. Les couches d’isolant sont alors placées perpendiculairement les unes aux autres pour garantir la continuité de l’isolation. Si vous optez pour de l'isolant en vrac, il sera réparti manuellement ou projeté mécaniquement directement sur le sol des combles.

👉 Dans le cas de combles aménagés, l'isolation se fait sous les rampants. Cette technique, la plus utilisée, consiste à fixer une ou plusieurs couches d’isolant rigide ou semi-rigide au niveau de la charpente. La finition est réalisée en général à l'aide de plaques de plâtre.

Dans des combles perdus la projection d’isolant en vrac est une solution efficace. Les flocons (laine de verre, roche, ouate...) sont projetés même dans les endroits les plus inaccessibles. © Buytex

La rédaction vous conseille