Comment améliorer la qualité de l'air dans votre maison ?

Devenu un enjeu majeur en termes de santé publique, la qualité de l’air intérieur des bâtiments est scrutée à la loupe. Votre maison neuve doit vous garantir une protection contre les polluants et les particules fines. Découvrez comment nouvelles technologies et bon sens ont rendu nos demeures plus saines.

Contrôler la qualité de l'air dans votre maison neuve. www.exhale-fans.com © Exhale

L’air intérieur est jusqu’à 8 fois plus pollué que l’air extérieur

L’information, confirmée par nombre d’études, a de quoi faire froid dans le dos. Surtout quand on sait que les individus passent en moyenne 90 % de leur temps à l’intérieur. Pourtant du côté de la réglementation rien ne bouge ou presque. La RT 2012* a amélioré les performances thermiques du bâti, réduisant la consommation énergétique de nos maisons. Mais elle les a également rendues plus étanches, faisant de la ventilation un élément essentiel des constructions neuve. Désormais, elle seule assume le rôle de renouvellement de l’air.

Pourtant les chiffres ne s’améliorent pas. « La France a même été condamnée par l’Union Européenne pour inaction dans ce domaine », nous apprend Gerald Duval, responsable Marketing chez Ventilairsec. La réglementation RE 2020*² devrait tout de même faire avancer les choses dans le bon sens. Le contrôle régulier de la ventilation va notamment devenir obligatoire. Une bonne nouvelle puisque cela permettra de détecter tout mauvais fonctionnement.

Les solutions de purification d'air trouvent leur place en maison individuelle. aldes.fr © Aldes

La qualité de l’air intérieur mobilise les constructeurs

Témoin le Groupe Moyse (marque Maisons Moyse, Maisons Plaisancia, Tradidemeures, Maisons Rocbrune), qui renforce son action dans ce domaine. Le groupe emploie des VMC de nouvelle génération équipées de systèmes puissants de filtration et de gaines semi-rigides étanches. Il mise sur des matériaux classés A+ pour leur faible émissivité de polluants et équipe les chambres de ses maisons de plafonds qui éliminent, par réaction chimique, les formaldéhydes. Et il renforce l’aération naturelle pour éliminer le radon, un gaz radioactif présent dans les sous-sols de certaines régions. Du côté d’Ami Bois, la problématique est également au cœur de leurs préoccupations. Le constructeur propose ainsi de suréquiper ses maisons à partir de décembre avec l’installation de VMC haut de gamme et système de mesure de la qualité de l’air incluant le déclenchement du dispositif de purification de l’air intérieur en cas de besoin.

Un enjeu sanitaire

Beaucoup de candidats à la construction n’ont pas encore conscience de cette problématique de santé publique. Pourtant selon l’observatoire de la qualité de l’air intérieur (OQAI), pas moins de 20 000 décès seraient provoqués chaque année à cause pollution intérieure. L’organisation mondiale de la santé (OMS) affirme même que certains de ces polluants seraient à l’origine de cancers et d’AVC.

  • Les particules fines qui sont constituées d’amas de poussières, issus de différentes matières, font partie des substances les plus nocives. Elles sont à l’origine de certains cancers du poumon mais aussi de maladies cardiovasculaires. Les particules fines proviennent généralement de l’extérieur et sont générées par le trafic routier et aérien, les chantiers industriels et le chauffage par combustion.
  • Le formaldéhyde (qui s’échappe du mobilier, de la colle et autres matériaux de constructions) crée, lui, des allergies, des maux têtes et irrite les yeux, le nez et la gorge. Il est également considéré comme cancérigène.
  • Même le CO² peut être dangereux en trop grande quantité. Ainsi au-delà de 1 300 ppm, il provoque des maux de tête et l’endormissement.
  • Les gaz toxiques comme le radon ou les oxydes d’azote (nox) restent plus rare, mais se révèlent particulièrement dangereux. Le premier radioactif (présent dans certaines régions françaises comme l’Auvergne, la Bretagne ou encore la Franche-Comté) peut provoquer des cancers et les seconds entraînent des difficultés respiratoires. 

Faire construire votre maison

Les Cov, l’ennemi invisible

Le terme de « composé organique volatil », Cov, désigne une molécule organique légère contenant du carbone et de l’hydrogène. Présente dans de très nombreux matériaux et produits, ces substances chimiques sont libérées progressivement – parfois pendant des mois ou des années – dans l’atmosphère jusqu’à saturer l’air ambiant. De nombreuses études, notamment menées par l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur (OQAI), mettent en évidence la présence d’au moins dix-huit composés organiques volatils dont le formaldéhyde, le toluène ou le benzène, dans la majorité des logements (80 %). Responsables de maux de tête ou d’allergies, ils sont pour certains classés cancérigènes par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Vous avez un doute sur la qualité de l’air dans votre maison ?

Le plus simple reste de prendre des mesures régulières pour s’assurer que tout va bien. Longtemps réservés aux professionnels ou aux équipements collectifs, les appareils de mesures commencent à se démocratiser grâce à nos smartphones. Airthings, une entreprise spécialisée dans le domaine de la qualité de l’air a développé une application capable de fournir des données précises, mais aussi de proposer des conseils adaptés à chaque utilisateur. Le but ? Permettre à chacun d’agir de manière concrète sur le niveau de pollution dans l’air de la maison à l’aide de capteurs spécifiques. Plusieurs modèles de capteurs existent selon les spécificités de la pièce concernée. Renseignements : www.airthings.com  

La ventilation : la clef pour respirer un air plus sain

La ventilation joue un rôle incontournable. « Pourtant pendant des années en France, la ventilation était essentiellement dédiée à la réduction de l’humidité », note Gerald Duval. Aujourd’hui, un système efficace doit être certes capable de lutter contre l’humidité de nos intérieurs, mais aussi de chasser les poussières et de s’assurer du renouvellement de l’air. Plusieurs solutions s’offrent à vous.

La VMC simple flux (Ventilation mécanique contrôlée)

Il s’agit du système le plus répandu. Concrètement, l’air neuf passe par des entrées ouvertes sur l’extérieur. Il sera ensuite évacué via des bouches d’extraction. Pour être efficace, il faut encore l’utiliser correctement. Ainsi si pour une raison ou une autre votre VMC s’éteint, vous serez vite envahis par l’humidité. Champignons et mauvaises bactéries se développeront ce qui représente un risque pour votre santé. Le prix lui est attractif, même s'il existe des différences selon les modèles, comptez autour de 450 € (hors pose). Concernant la qualité de l’air, le modèle simple flux présente une faille de taille : elle filtre par l’air entrant et donc les polluants qu’il contient.

La VMC double flux 

Cette VMC distribue l’air entrant dans les pièces à vivre et expulse l’air vicié collecté dans les pièces humides comme la salle de bains et la cuisine. Son secret ? Deux systèmes de gaines distincts et un échangeur de chaleur. Ce dernier permet d’ailleurs de réchauffer l’air extérieur en hiver et de le rafraîchir en été. Mais la VMC double flux présente surtout l’avantage de filtrer toutes les entrées d’air, empêchant pollens, allergènes et autres polluants de rentrer chez vous. Question budget, prévoyez entre 4 000 et 6 000 €.

La VMI (ventilation mécanique à insufflation)

Crée en 1986, la VMI est restée pendant des années assez confidentielles malgré ses excellentes performances en matière de renouvellement de l’air et de lutte contre la pollution. La prise de conscience actuelle a changé la donne. Comment ça marche ? La VMI est une sorte de VMC inversée, c’est-à-dire qu’elle insuffle un air sain à l’intérieur des pièces à vivre. Cet air est filtré (pollens, particules fines et même les mauvaises odeurs disparaissent) et préchauffé. Mais la VMI prend en charge également le renouvellement de l’air en mettant la maison en légère surpression. Son filtre haute performance arrête les particules les plus fines et les plus dangereuses. La régulation du débit d’insufflation permet de lutter contre l’humidité et la condensation. Il vous faudra débourser autour de 3 000 € pour en profiter.

La VMI assure entre autre le renouvellement de l'air de votre maison en le filtrant. www. ventilairsec. com © VMI®

Attention à la pose des VMC

VMC ou VMI dans les deux cas, il vous faudra être vigilant sur la qualité de la pose. Un mauvais dimensionnement ou des bouches mal posées peuvent empêcher votre ventilation de fonctionner correctement. Malheureusement le problème est assez répandu, puisque les professionnels estiment que plus de la moitié des systèmes de ventilation installés en France ne sont pas aux normes ! Son entretien reste également primordial. Il ne faut jamais éteindre une ventilation mais vous pourrez en moduler la vitesse lors du nettoyage. Les bouches d’extraction et de soufflage se dépoussièrent aisément. Les bouches hygroréglables ne doivent par contre jamais être mouillées sous peine de perturber leur fonctionnement. Un professionnel devra également passer régulièrement pour vérifier que rien n’obstrue votre ventilation.

Les bons réflexes pour limiter les polluants

Une ventilation performante vous protégera, mais vous pouvez aussi adopter un certain nombre de bons réflexes pour limiter les polluants dans votre maison. Vous réduirez d’autant les problèmes d’allergies et d’asthme.

Le choix des matériaux

Sur le gros œuvre les particuliers n’ont pas toujours leur mot à dire. Mais sachez que certains constructeurs attachent une importance à la sélection de matériaux naturels et peu émissifs lors de leur mise en œuvre. Les enduits à la chaux ou les isolants biosourcés (à base de chanvre ou de lin…) ne diffusent par exemple aucune substance toxique. « Concernant le second œuvre et les finitions, les particuliers peuvent être prescripteurs », assure Claire-Sophie Coeudevez Directrice associée à Médiéco, un bureau d'études et de conseils spécialisé dans l'ingénierie de la santé dans la construction. Revêtement de sols, vernis, peintures… « Il est désormais tout à fait possible de trouver des produits neutres pour la qualité de l’air », conseille Claire-Sophie Coeudevez.

Quèsaco ?

  • Un matériau de construction sain est un matériau dont les risques pour la santé sont évalués scientifiquement, sont acceptables et contrôlables, suivant les étapes de son cycle de vie en suivant l’évolution des connaissances scientifiques.
  • Un matériau naturel n’est pas forcément un matériau sain. Il n’est naturel que par sa provenance et des ajouts servant à optimiser son utilisation peuvent en modifier considérablement ses qualités originelles.
  • L’énergie grise est l’énergie utilisée pour extraire les matières premières, fabriquer, transporter, distribuer, éliminer ou recycler le produit en fin de vie. L’objectif est bien entendu d’opter pour des produits de construction qui affichent une faible énergie grise.
  • Un matériau écologique est un matériau dont la production, la mise en œuvre, l’utilisation, le recyclage ne sont pas préjudiciables à l’environnement. C’est également un matériau économe en matière première et en énergie. 

Suivre les étiquettes des matériaux

Pour s’assurer de la quasi-absence de COV (composés organiques volatils), reportez-vous aux étiquettes. Depuis le 1er septembre 2013, les produits de construction doivent indiquer clairement leurs émissions de polluants. Cette classification va de A+ (vert) pour les meilleurs jusqu’à C (rouge) pour les plus émissifs. Les meubles, notamment en contreplaqués, dégagent aussi de nombreux COV. Un étiquetage devra voir le jour en 2023, en attendant entreposez vos meubles quelques jours à l’extérieur avant de les installer chez vous.

Il est recommandé d'ouvrir ses fenêtres tous les jours pour chasser les polluants. © ZenShui/Sigrid Olsson/Getty Images

Ouvrir les fenêtres pour renouveler l'air

Pour s’assurer que l’air de votre maison est sain, il ne faut pas oublier d’aérer. « Aérer est fondamental. Cela ne permet pas un renouvellement d'air général dans la maison mais ça permet d'écrêter les pics de pollution ou d'évacuer, l'humidité de la salle de bain si elle possède une fenêtre. Et ouvrir sa fenêtre n'entraîne pas de déperdition. L'aération doit complémentaire de la VMC. », explique Claire-Sophie Coeudevez. Sachez qu’il est conseillé d’ouvrir ses fenêtres tous les jours au moins 10 minutes même en hiver.

Miser sur des équipements intelligents

Les objets connectés peuvent vous aider à garder un air sans polluants dans votre maison. Plusieurs solutions automatisées vous facilitent la vie. Ainsi certains appareils sont équipés de capteurs intelligents qui sont capables de mesurer le taux d’humidité ou de CO² selon les pièces de la maison. Quand ces taux deviennent élevés, le débit d’air va s’adaptera automatiquement. « Sur notre VMI, vous pourrez personnaliser le taux de renouvellement d’air de 1 à 3 selon les besoins. Nous conseillons de l’adapter à votre mode de vie. Par exemple, le matin le débit pourra être plus important que dans la journée ou vous êtes au travail », détaille Gérald Duval. Certaines applications peuvent aussi prévenir l’installateur directeur quand les filtres sont encrassés. Vous n’avez même plus besoin d’intervenir. D’autres équipements comme les fenêtres de toit peuvent s’ouvrir selon la température mais aussi la pollution intérieure.

Penser à la dépollution

Saviez-vous que certains matériaux pouvaient vous aider à améliorer la qualité de votre air intérieur. Plaque de plâtre, béton, peinture, vitrage... une nouvelle génération de matériaux dépolluants existe depuis plusieurs années. Qu’ils piègent les particules à l’intérieur d’une paroi ou les détruisent, ils participent grandement à la qualité de l’air intérieur. Ces solutions performantes ne s’attaquent pas pour autant à tous les types de polluants intérieurs, la filtration et le renouvellement de l’air restent donc indispensables. Préférez également les systèmes n’émettant pas de nanoparticules. Enfin, vous pouvez aussi acquérir un épurateur d’air capable d’assainir votre air intérieur. Attention tout de même car ils ne sont capables que de traiter des petits volumes d’air. Assurez-vous également que le produit que vous avez acheté ne produira pas de polluants supplémentaires.

Ces plaques dépolluantes absorbent les polluants les plus dangereux pour votre santé. www.placo.fr © Placo

Visez le label Air intérieur contrôlé

Un nouveau label « Air intérieur contrôlé » permet de repérer les produits avec le moins d’émissions nuisibles. On recense en effet près de 900 substances chimiques émises dans nos maisons notamment par les produits d’entretien selon l’Association Santé Environnement France. Le nouveau label établit une notation de quatre échelons, représentatif du risque de toxicité par inhalation des polluants détectés. De A+ (en vert) pour les plus sains à C (en rouge) pour les plus toxiques, à l’instar de ce qui existe pour les peintures. Mais contrairement à ce dernier, obligatoire en France depuis 2012, le label Air intérieur contrôlé reste une démarche volontaire.

10 tips pour baisser la pollution chez vous

  • Aérez 15 minutes par jour minimum ;
  • Évitez les parfums d’intérieur ;
  • Ventilez après les activités qui produisent beaucoup d’humidité (bain, douche, cuisson) ;
  • Utilisez des détergents qui portent l’écolabel européen ou certifiés « allergènes contrôlés », utilisez du vinaigre blanc, du savon noir, du bicarbonate de soude, du citron ;
  • Aérez la pièce qui vient d’être repeinte ou redécorée avec de nouveaux meubles ;
  • Nettoyez régulièrement votre animal domestique ;
  • Traquez les pesticides (diffuseurs, bombes et plaquettes insecticides) ;
  • Enlevez vos chaussures afin d’éviter de rapporter des polluants de l’extérieur ;
  • Préférez le parquet ou le carrelage plutôt que les moquettes et tapis ;
  • Troquez le balai contre un aspirateur équipé d’un filtre HEPA.

Mesurer la qualité de l’air dans votre maison

Pour être rassuré, connaître le niveau de pollution intérieur et intervenir en cas de besoin il existe de nombreux capteurs de qualité d’air. Ces appareils suivent et affichent en continu la qualité de l’air et peuvent également mettre en évidence des pics d’émission. Ils mesurent la température, le taux d’’humidité ou encore la concentration en CO2 (dioxyde de carbone), les teneurs en COV et les particules fines. Ces boîtiers couplés à la VMC accélèrent l’extraction de l'air viciée en dioxyde de carbone. Naturellement ils sont connectés à votre smartphone. A partir de 100 €.

*Réglementation thermique 2012 / *² Réglementation environnementale 2020

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