Maison neuve : la climatisation, c'est possible !

Manuel Apruzzese
Mis à jour par
le 30 mai 2022
Journaliste chez PAP.fr

Si le confort d’hiver des maisons neuves est parfaitement traité, le confort d’été est plus difficile à appréhender. Avec des canicules de plus en plus fréquentes, seule une climatisation réversible pourra rafraîchir efficacement la maison.

Le meilleur moyen d'anticiper les futurs étés que l'on annonce de plus en plus chauds ? Arrêtez les rayons de soleil de manière efficace et climatisez votre maison. www.renson.eu © Renson

Des hivers doux, une neige qui se raréfie, des étés chauds et secs... le réchauffement climatique est bien là ! Et ce n’est qu’un début. Dans un avenir proche (2021-2050), Météo France envisage une hausse des températures moyennes comprise entre 0,6 et 1,3 °C (plus forte dans le sud-est en été), une augmentation du nombre de vagues de chaleur en été et des hivers de plus en plus doux.

Si les maisons neuves savent tirer profit du rayonnement solaire hivernal pour limiter les consommations énergétiques, en été, leur exposition préférentielle sud, sud-ouest, peut accentuer la sensation d’inconfort avec des températures intérieures pouvant dépasser les 30 °C. « Rester au frais est un besoin fondamental. Plus les étés sont chauds, plus nous avons besoin d'une solution permettant de garder les maisons fraîches et saines, tout en économisant l'énergie », confirme Christian Deilmann co-fondateur de Tado, une société qui conçoit des thermostats intelligents. Seule solution pour passer un été au frais : installer un rafraîchissement dynamique. Autrement dit, opter pour la climatisation. Une solution technique qui pourrait bien faire la différence dans les années à venir.

Contrôler intelligemment sa climatisation permet de réaliser de substantielles économies d'énergie. www.tado.fr © Tado

Le confort d’été

La réglementation thermique 2012 prend en compte le confort d’été dans son calcul thermique (la Température intérieure conventionnelle, la Tic). Cette notion de confort est censée caractériser la température maximale atteinte à l’intérieur du logement au cours d’une journée chaude. La Tic doit déterminer un bon niveau de confort d’été sans avoir recours à un système actif de refroidissement. En fonction des résultats obtenus, qui varient selon les régions, le constructeur doit alors tout mettre en œuvre pour garantir un bon confort d’été : protections solaires, casquettes, débords de toit, pergola, augmentation de l’inertie de la maison, surventilation nocturne, etc.

Reste que cette notion théorique semble de plus en plus inadaptée à des étés de plus en plus chauds. Dans la future Réglementation environnementale 2020, qui doit remplacer l’actuelle RT 2012, le confort d’été sera pris encore plus au sérieux. « Il y a actuellement des discussions pour créer un nouvel indicateur de confort d’été plus robuste et mieux travaillé », confirme Olivier Devès, responsable bâtiment durable chez Velux France.

La climatisation filtre aussi en permanence l'air ! C'est la solution idéale pour purifier l'air intérieur, notamment dans les chambres d'enfants. www.airwell-res.fr © Airwell

Pour tenir compte des futures conditions climatiques, les maisons devront encore mieux résister aux épisodes de canicule, plus fréquents et intenses. Parallèlement, l’électricité sera moins pénalisée dans le moteur de calcul des bureaux d’étude thermique et pourra favoriser, sous certaines conditions, les pompes à chaleur réversibles ou les climatiseurs. L’hybridation, avec suffisamment de panneaux photovoltaïques, aura une belle carte à jouer et permettra de contourner cet écueil réglementaire… « La RE 2020 instaure un recours systématique aux énergies renouvelables. Donc à des solutions thermodynamiques. Autre évolution notable, la qualité de l’air intérieur sera aussi prise en compte. La pompe à chaleur air/air répond à ces problématiques », prévient Laurent Roegel, directeur général d’Airwell.

Qu'est-ce que la canicule ?
Une canicule est une vague exceptionnelle de très fortes températures dépassant certains seuils de températures pendant au moins soixante-douze heures de suite. Mais attention, cet épisode estival varie selon les régions. En région parisienne, un épisode caniculaire se définit par des températures minimales de 31° le jour et 21°  la nuit pendant au moins trois jours ; à Marseille, c’est 36° le jour et 24° la nuit, tandis qu’à Brest ce sera au moins 30°  le jour et 18°  la nuit. C'est à Toulouse que les températures caniculaires sont les plus élevées avec 38° le jour et 21° la nuit. En 2019, en France, pour la première fois depuis que la météo existe, le seuil de 45° a été franchi lors de la canicule de 2019. Un record absolu a été enregistré à Vérargues, dans l'Hérault, avec 46° !

La climatisation est-elle interdite dans la RT 2012 ?

Si la RT 2012 n’interdit pas formellement la climatisation, elle pose néanmoins un cadre qu’il faut respecter. En effet, elle plafonne la consommation d’énergie des maisons neuves à 50 kWh par mètre carré et par an. Difficile dans ces conditions d’installer un système de climatisation sans dépasser ce seuil fatidique. Seules les maisons construites en zone climatique H2d ou H3 (pourtour méditerranéen) à une altitude inférieure à 400 m, ainsi que celles exposées au bruit bénéficient d’un régime dérogatoire ne pénalisant pas la climatisation dans le moteur de calcul. 

Cette cassette murale est compatible avec les multisplits R32 pour chauffer ou refroidir une ou plusieurs pièces. www.atlantic.fr © Atlantic

Alors pour rentrer dans les « clous » réglementaires, il faut donc compenser les surconsommations d'énergie en réduisant ici et là celles des autres usages, comme l'éclairage ou le chauffage, et en optimisant encore plus l’isolation de la maison. Tout se joue aussi au niveau de la conception et du bâti avec notamment des matériaux à haut déphasage, des casquettes, des débords de toiture et une isolation encore plus performante qui feront font gagner quelques points dans le calcul… « En hiver, une Pac air/air consomme environ trois à cinq fois moins qu’un chauffage classique et en été un usage de deux à trois heures par jour de la climatisation suffit. Si on pose des panneaux photovoltaïques et que l'on greffe un peu d’intelligence artificielle, la climatisation est compatible avec la réglementation thermique actuelle et future », prévient Laurent Roegel.

La climatisation, comment ça marche ?

Contrairement à quelques idées reçues, la climatisation n’insuffle pas d’air frais dans une pièce, mais absorbe la chaleur et la rejette à l’extérieur. Appelée également Pac air/air, elle se compose d’une unité intérieure (l'évaporateur) et d‘une unité extérieure (le condenseur). Un fluide réfrigérant traverse les unités intérieures pour absorber l'excès de chaleur présent dans la pièce. Il passe alors à l'état gazeux et est transporté vers l'unité extérieure par l'intermédiaire d'étroits tubes de cuivre pour décharger la chaleur accumulée dans l'atmosphère. Le réfrigérant redevient alors liquide et est réacheminé vers l'unité intérieure pour recommencer le même cycle, et ce, jusqu'à l'obtention de la température désirée.

En mode chauffage, l’inverse se produit. Les calories extérieures sont captées, transférées et diffusées à l’intérieur de la maison. Même par temps froid, à - 5 °C, - 10 °C, voire - 15°C, une Pac continue de fonctionner, avec néanmoins une baisse de rendement.

La climatisation assure un haut niveau de confort tout au long de l'année en soufflant le chaud mais aussi le froid. www.qlima.fr © QLIMA

La climatisation est-elle énergivore ?
Une climatisation réversible n’est ni plus ni moins qu’une pompe à chaleur air/air. Un matériel réputé pour sa frugalité pendant les périodes de chauffe. Une climatisation équipée d’un Inverter évite la succession de démarrages et d’arrêts des moteurs et des surconsommations électriques. Ce système adapte en permanence la puissance de la Pac en fonction des besoins. La température de confort de consigne est alors atteinte plus rapidement. Les grandes marques produisent toutes des Pac très performantes. D’autant plus que la réglementation européenne les oblige à concevoir des climatiseurs les moins énergivores possibles et à afficher les étiquettes énergétiques de performance à l’instar des produits électroménagers. Il faut choisir un matériel bien classé, A +++ ou A++, dans les modes froid et chaud. Côté consommation, il faut avoir une vision globale sur l’usage du 1er janvier au 31 décembre quand on investit dans une climatisation réversible.

Une climatisation monosplit ?

Vous avez bien étudié la question… Vous ne souhaitez rafraîchir qu’une pièce : votre chambre installée sous les combles qui surchauffe l’été pendant les périodes de canicule. Dans ce cas, un monosplit mural suffit. Son intégration dans le moteur de calcul sera peu pénalisante. En outre, c’est une solution adaptée aux primo-accédants. Les climatiseurs d’une puissance inférieure à 2,5 Kw coûtent entre 500 et 900 €. Les modèles d'une puissance supérieure peuvent aller jusqu’à 1 300 €. Enfin, il faut compter entre 1 500 et plus de 4 000 € pour s’équiper des modèles plus performants disposant des dernières innovations comme le détecteur de mouvement, le purificateur d’air ou le modulateur de température.

Une climatisation multisplit ?

Vous souhaitez rafraîchir plusieurs pièces en même temps ? Le système multisplit s’impose. Cette installation est plus performante et complexe. Un bloc extérieur est relié à plusieurs cassettes intérieures qui captent l’air chaud et insufflent l’air froid. L’unité extérieure est reliée soit à des unités murales (fixées en hauteur), soit à des consoles (fixées au mur ou posées au sol).

Avantage de la climatisation multisplit : elle permet de climatiser de grandes surfaces. Mais la pénalisation du système dans le moteur de calcul de l'étude thermique implique de compenser sur le bâti ! Côté prix, tout dépend du nombre de splits. Il faut compter entre 4 000 et 8 000 € pour trois à quatre unités intérieures. À noter : la solution gainable est très prisée car, en plus d’être discrète, elle est capable de rafraîchir et/ou chauffer plusieurs pièces par l’intermédiaire d’un réseau de gaines.

Pratiquement invisible et silencieux, le chauffage gainable diffuse la chaleur et le froid en toute discrétion. Ce système est idéal pour climatiser plusieurs pièces. Il devra être conçu dès le début du projet de construction. www.heiwa-france.com © HEIWA

Comment diffuser la fraîcheur ?

Simples d’installation et économiques, les modèles muraux ne nécessitent pas de travaux particuliers. L’unité intérieure doit être installée sur un mur, en hauteur. Les climatisations murales proposent une large gamme d’unités intérieures souvent design et avec des fonctions avancées (comme la détection de présence ).

Compacte et discrète, la console se positionne au sol sous une fenêtre, sur la partie basse d’un mur ou est encastrée dans un mur. Solution discrète par excellence, la climatisation gainable s’intègre parfaitement dans l’habitat. Seules les grilles de diffusion restent visibles. Cette solution, associée à un système de régulation pièce par pièce, permet de climatiser une ou plusieurs pièces en assurant une température spécifique dans chacune d'elles. Considérée comme le haut de gamme de la climatisation, la solution gainable demande néanmoins un investissement et des travaux d’installation plus conséquents. Les gaines devront en effet passer dans un faux plafond.

Rafraîchissement et climatisation

L’hybridation est à la mode et la climatisation n’échappe pas à cette tendance. « Le système le plus abouti consiste à installer un plancher rafraîchissant dans le séjour et la climatisation dans les chambres », précise Laurent Roegel. Les deux systèmes sont alors reliés à une pompe à chaleur air/eau. L'eau chaude l’hiver ou froide l’été produite par la pompe à chaleur circule dans un réseau de canalisations qui viennent alimenter des ventilo-convecteurs. Pour les pièces de jour : le chauffage en hiver et le rafraîchissement seront assurés par le plancher. Pour les pièces de nuit : des ventilo-convecteurs garantiront un rafraîchissement efficace. Les ventilo-convecteurs offrent une grande réactivité et un confort modulable. Les ventilateurs permettent une bonne diffusion de la chaleur ou de la fraîcheur dans toute la pièce.

Quelle température intérieure l’été ?
Attention climatiser sa maison ne signifie pas non plus la transformer en glacière. Régler en permanence la température de son climatiseur entre 22 et 24° est une erreur sanitaire et énergétique ! Il faut l’adapter à la température du jour. Durant les périodes de canicule, lorsqu’il fait 35°, il faut accepter de monter sa climatisation à 27-28 °C. Médecins et thermiciens considèrent qu’une différence de 7° entre la température extérieure (prise à l’ombre) et la température intérieure est un bon compromis. Au-delà de 7-8 °C d’écart avec l’extérieur, on ressent de l’inconfort, avec des sensations de « douche froide » quand on passe de l’extérieur à l’intérieur. Et un degré de température en plus l’été dans la maison représente potentiellement 4 à 5 % d’économies.

Entretien : quelles sont les règles à respecter ?
Attention, la réglementation concernant l’entretien d’une climatisation est stricte et précise. Si votre climatiseur contient plus de 2 kg de fluide frigorifique, un entretien obligatoire doit être effectué dans l’année de l’installation, puis une fois tous les cinq ans. Cet entretien doit être réalisé par un professionnel agréé disposant d’une attestation d'aptitude dite fluide frigorigène. Il vérifiera l’étanchéité, les connexions électriques, les filtres, la pression, la température et le rendement. Une fois l’inspection terminée, le professionnel doit vous remettre un certificat d’étanchéité valable pendant cinq ans. Comptez environ 150 €.

Un entretien régulier du système effectué par un technicien qualifié une fois par an est nécessaire pour garantir le bon niveau de performance de votre installation. www.airwell-res.fr © Airwell

Profiter de la fraîcheur nocturne

Et si on redécouvrait les techniques ancestrales de rafraîchissement nocturne ? Un célèbre fabricant de fenêtres de toit réhabilite le principe du tirage naturel. C’est un moyen efficace de rafraîchir naturellement la maison en été. Le principe repose sur des lois physiques très simples. Il s’agit de faire entrer et circuler l’air extérieur lorsque sa température est moins élevée que celle du logement. Ce principe permet de rafraîchir toute la maison en évacuant les calories accumulées la journée. Comment ? Tout simplement : en ouvrant simultanément une fenêtre de toit installée idéalement dans une cage d’escalier et une seconde située au rez-de-chaussée, la chaleur accumulée durant la journée est évacuée pendant la nuit par un phénomène de tirage thermique. C’est l’effet cheminée ! « D’après les mesures effectuées sur une maison test, ce système de ventilation nocturne permet d’abaisser la température intérieure  de 5° en moyenne. Ce renouvellement d’air favorise aussi une meilleure qualité de l’air intérieur », précise Olivier Devès.

Ce volet roulant solaire est antichaleur et occultant grâce à sa toile opaque renforcée. C'est le complément indispensable pour se protéger de la chaleur durant la journée. www.velux.fr © Velux

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