Dans quelques mois, lactuelle réglementation thermique, la RT 2012, aura vécu. Elle sera remplacée par la Réglementation environnementale 2020, qui, comme son nom lindique, met laccent sur la réduction des émissions de gaz à effets de serre et la transition énergétique. Ce nouveau texte remet en cause nos habitudes. Certains modes de chauffage sont voués à disparaître tandis que dautres vont profiter de cette nouvelle donne.
1 - Pourquoi une nouvelle réglementation environnementale 2020 ?
Depuis 1974, la construction neuve est soumise à des réglementations thermiques successives. Depuis le premier choc pétrolier, lobjectif était de réduire les consommations énergétiques. Les résultats sont au rendez-vous puisque depuis la dernière, la Réglementation thermique 2012, les maisons ne doivent pas dépasser 50 kWhEP/m².an en moyenne (40 à 65 kWhEP/m².an selon les régions).
Aujourdhui, cest le réchauffement climatique qui est au centre des préoccupations. Pour atteindre les objectifs des Accords de Paris, signés par la France, qui visent la neutralité carbone à lhorizon 2050, les pouvoirs publics ont travaillé sur une réglementation plus environnementale, beaucoup moins carbonée : la RE 2020. Le nouveau texte amende la RT 2012 qui ne prenait en compte que la dimension énergétique en y introduisant lexigence carbone. Concrètement, les énergies fossiles, notamment le gaz naturel, seront progressivement bannies de la construction neuve.
2 - Qui sera concerné par la future RE 2020 ?
Dun point de vue administratif, tous les permis de construire déposés avant le 31 décembre 2021 seront instruits dans le cadre de lancienne RT 2012. Cachet administratif faisant foi. « La réglementation concernera, sauf exception, les logements dont les permis de construire seront déposés postérieurement à cette date », précise le ministère de la Transition écologique. Concrètement, à partir doctobre/novembre, tous les projets de construction seront conçus dans le cadre de la RE 2020, puisque le permis de construire aura toutes les chances dêtre instruit en 2022.
3 - Quelles conséquences pour le chauffage ?
La RE 2020 marque un tournant pour les modes de chauffage en maison individuelle. Avec la disparition du gaz et la pénalisation du chauffage électrique à effet Joule, la pompe à chaleur saffirme comme la grande gagnante de la future RE 2020. Autre succès annoncé : celui du chauffage bois. La RE 2020 favorisant le chauffage à biomasse, le poêle à granulés et la chaudière à pellets sont également valorisés dans le moteur de calcul. Et inutile d'installer des matériels puissants,4 à 6 kW suffisent largement pour chauffer toute la maison.
4 - Le 100 % gaz, cest vraiment fini ?
Oui mais Si la RE 2020 ninterdit pas explicitement lusage du gaz naturel pour chauffer les maisons, le texte fixe un seuil maximal d'émissions carbone pour le chauffage de 4 kgCO2/m2/an, qui exclut de fait les systèmes utilisant exclusivement du gaz (naturel ou Propane). Lobjectif affiché est de sortir des énergies fossiles dès 2024.
Précision utile : il sera encore possible de déposer un permis de construire prévoyant le gaz jusquà fin 2023 lorsquune autorisation daménager prévoyant une desserte en gaz aura été déjà délivrée. Autrement dit, sil reste quelques lots à vendre sur un lotissement, le gaz restera possible. La seule solution envisageable pour pas ne dépasser 4 kgCO2/m2/an est dopter pour une chaudière hybride.
5 - Une solution hybride, quest-ce-que cest ?
La chaudière hybride combine une pompe à chaleur air/eau à une chaudière. Grâce à cette association, elle peut potentiellement passer sous le seuil des 4 kgCO2/m2/an. La combinaison de deux technologies (une énergie primaire et une énergie renouvelable) permet de profiter simultanément des avantages des deux systèmes. Tout repose sur la régulation qui permet de mesurer en permanence le rendement de chacun des deux éléments de chauffage (chaudière et Pac) en fonction des températures extérieures. Le système privilégie toujours l'utilisation du système le plus performant en termes de consommation d'énergie primaire.
Pour des températures supérieures à 10 °C, la pompe à chaleur assure seule le chauffage. Lorsque la température extérieure chute entre 0 et 10 °C, la pompe à chaleur fonctionne en priorité, la chaudière nintervenant quen complément. Le passage de la Pac à la chaudière se produit en général autour de 4°. Naturellement, ce système produit aussi leau chaude sanitaire. Comptez entre 8 000 et 12 000 €.
6 - Et le chauffage électrique, cest possible ?
Déjà très difficile à installer dans le cadre de la RT 2012, le chauffage électrique traditionnel (radiants, convecteurs), ce que les spécialistes appellent « effet Joule », nest pas plus valorisé dans le moteur de calcul de la RE 2020. Dailleurs, Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, avait pris soin de préciser lors de la présentation de la RE 2020, que « le gouvernement souhaite empêcher un retour massif du radiateur électrique (convecteur à effet Joule), car sil est peu coûteux à installer, ce mode de chauffage est cher à lusage et pèse plus fortement sur le réseau électrique au plus fort de lhiver (pointe hivernale) ».
Le problème de leffet Joule, cest quil ne passe pas le seuil du CEPnr (consommation dénergie primaire non renouvelable) tel que défini dans le texte de la RE 2020. Le gouvernement souhaite plutôt valoriser les solutions fonctionnant à lélectricité comme les pompes à chaleur puisant des calories renouvelables dans lair (aérothermie) ou dans le sol (géothermie).
7 - La pompe à chaleur simpose
La pompe à chaleur saffirme comme le chauffage de référence pour les prochaines décennies. Déjà très présente dans les constructions neuves, sa part de marché augmente régulièrement : 66 % sur l'ensemble de la France et 64 % en Île-de-France en décembre 2020 (enquête Domexpo réalisée en partenariat avec Caron Marketing) contre respectivement 55 et 51 % un an auparavant. Et ce nest pas fini, avec la RE 2020, la Pac pourrait équiper près de 80 % des maisons neuves dans un avenir proche. Voire plus.
Cest la solution air/eau qui est plébiscitée par les acquéreurs. Dans ce cas, la Pac puise les calories dans lair pour les transmettre à la boucle de chauffage. Autre atout non négligeable, qui participe aussi à son succès, elle peut être réversible et rafraîchir la maison lété. On peut facilement abaisser la température de 4 à 5°. Le prix varie, selon le niveau de gamme et la surface à chauffer, entre 9 000 et 15 000 €.
Autre possibilité, opter pour une Pac air/air. Appelée autrefois climatiseur, elle puise toujours les calories dans lair mais diffuse la chaleur ou le froid par des cassettes (les splits) placées dans le salon et les chambres. Elles sont reliées à lunité extérieure pas des gaines dissimulées dans le plafond. Les Pacs air/air équipent près de 21 % des maisons neuves (enquête Pôle Habitat FFB, décembre 2020). Comptez entre 1 600 et 2 800 € par unité intérieure installée.
Encore plus vertueuses !
Pour devenir encore plus vertueuse pour lenvironnement, les Pacs évoluent en permanence pour devenir le chauffage de référence incontournable pour les prochaines décennies. Elles sont toujours plus performantes, moins polluantes et moins bruyantes.
- Des gaz moins nocifs pour lenvironnement. Les modèles les plus récents adoptent le nouveau gaz frigorigène R 32 beaucoup moins nocif pour lenvironnement. Ce gaz possède un Potentiel de réchauffement planétaire (PRP) plus faible denviron 30 % par rapport à lancien R-410A. Une Pac fonctionnant au R 32 nécessite aussi une charge de gaz inférieure de 10 %. Enfin lefficacité énergétique est supérieure.
- Moins de bruit. Les nouvelles Pacs sont aussi moins bruyantes. Toutes les grandes marques travaillent sur latténuation du bruit pour une meilleure intégration sur les petits terrains et limiter ainsi les potentiels problèmes de voisinage. Les plus silencieuses peuvent atteindre un minimum de 39 dB(A), soit moins quun lave-vaisselle réputé silencieux.
- Un air intérieur de meilleure qualité. Avec la pandémie de Covid, la qualité de lair intérieur est devenue un sujet de préoccupation majeur. De grandes marques proposent des Pacs qui ralentissent la croissance des polluants comme certains virus et bactéries. Cette technologie, qui était souvent en option, commence à se généraliser.
8 - Le poêle à bois, lautre gagnant de la RE 2020
Le chauffage au bois sinscrit lui aussi dans la trajectoire bas carbone que souhaite engager le gouvernement et devient du même coup le challenger de la pompe à chaleur. Mais attention, il faut installer un modèle étanche adapté aux exigences sanitaires et techniques de lancienne RT 2012. La volonté du ministère de la Transition écologique est de privilégier les poêles à bois et chaudières à granulés.
Même sil nest pas exempt de défauts (émission de particules fines liées à la combustion), le poêle à bois présente de nombreux avantages. Ils sont de plus en plus propres : « en dix ans, les émissions de particules les plus fines (PM2.5) ont été réduites de 40 %, en grande partie grâce aux évolutions techniques réalisées sur les appareils », constate le Centre d'essais et de recherches des industries de la cheminée (Ceric), un laboratoire référent en Europe dans les domaines de la cheminée et des énergies durables. Daprès le Ceric en associant un combustible de qualité et lévolution des performances des appareils de chauffage au bois, il est possible de diviser encore par dix les émissions de particules dici 2030.
Cest une énergie renouvelable, locale, mettant en uvre les principes dune gestion durable du bois français dabord lavantage dêtre dun coût accessible et stable (à partir de 350 € la tonne) et dêtre performant avec des rendements tutoyant les 90 %. Enfin le granulé de bois est le combustible parmi les moins chers du marché. Reste à choisir un modèle conforme à la réglementation. Il devra être étanche et posséder une régulation.
Flamme verte 7*, sinon rien !
Seuls les poêles labellisés Flamme verte 7 étoiles ont le droit de cité. Pour un poêle à granulés, cela suppose une performance énergétique (rendement) supérieure ou égale à 87 %, des émissions de monoxyde de carbone (CO) inférieures ou égales à 300 mg/NM3 (à 13 % dO2) et des émissions de poussières (PM) inférieures ou égales à 30 mg/Nm3.
9 - La chaudière à granulés
Autre solution mise en avant par les pouvoirs publics : la chaudière à granulés appelée aussi à « pellets ». Elle assure la même fonction quune chaudière traditionnelle (chauffage et eau chaude sanitaire). Valorisée par la RE 2020, elle na que des qualités ! Avec des rendements autour de 105 %, elle est aussi performante quune chaudière à condensation à gaz. Et côté autonomie, selon la contenance de la trémie, elle peut fonctionner pendant près dun an sans avoir rempli son réservoir de granulés ! Exactement comme pour les anciennes chaudières à fioul. Autre atout, elle peut se brancher sur une ventouse. Donc pas de conduit de fumée à prévoir.
Pour le stockage des granulés, toutes les solutions existent : silos textiles, réserves sur mesure, mini-silos. Avec une emprise au sol de 4 m2 et de 2 m, il est possible de stocker entre 2,5 et 3,5 t de granulés. Une quantité largement suffisante pour passer une année en toute tranquillité. Lalimentation du foyer peut se faire par une vis sans fin ou en aspiration depuis un silo textile pour une autonomie annuelle. Comptez entre 8 000 à 15 000 €, avec production d'eau chaude sanitaire. Pour le silo, selon la contenance, les prix varient de 800 à 2 600 €. Si linvestissement global est un peu plus élevé, la tonne de pellets ne coûte environ que 350 €.
10 - Peut-on se passer de chauffage ?
La réponse est oui, mais uniquement si la maison est passive. Côté prix, il faut compter, en moyenne, un surcoût global de 10 à 15 % par rapport à une maison RT 2012. Et en été, la climatisation nest pas nécessaire ! Techniquement, la maison reprend les principes bioclimatiques avec une orientation préférentielle en direction du sud ou du sud-ouest pour bénéficier du meilleur ensoleillement possible. Ce qui change, cest lisolation. Les ponts thermiques sont systématiquement détectés et supprimés. Murs, toiture, sols, bénéficient naturellement dun très haut niveau de performance en termes disolation. Quant aux menuiseries extérieures, elles sont équipées de vitrages à basse émissivité. Le secret de la maison passive repose sur une VMC double-flux. Cette dernière « récupère » les calories de lair vicié sans que lair neuf entrant ne se mélange avec lair extrait pollué du logement. Résultat le chauffage devient facultatif !