Cambriolages : sécuriser sa maison à tout prix

Manuel Apruzzese
Mis à jour par
le 15 mars 2021
Journaliste chez PAP.fr

Concevoir sa maison, c’est également penser à la sécurité. Portes d’entrée renforcées, alarmes, domotique, télésurveillance, les solutions ne manquent pas pour bien se protéger sans dépenser une fortune.

On compte environ 650 cambriolages par jour en France. Des chiffres qui incitent à protéger efficacement sa maison. © sestovic/Getty Images

La maison inviolable n’existe pas. Et ça, les particuliers qui font construire le savent. « Une enquête menée auprès de nos clients en 2019 a révélé que le besoin de sécurité des acquéreurs reste très fort », explique Loïc Vandromme, secrétaire général du groupe Hexaôm. « Nous avons constaté que près de 60 % de nos clients s’étaient équipés d’une solution de sécurité plus ou moins fiable dans l’année qui a suivi leur emménagement. »

La sécurisation de la maison s'apparente à une assurance : on rechigne à la payer mais on est bien content d’en avoir une en cas de besoin ! Comme le confirme Thierry de Premilhat, directeur commercial de Picard Serrures, « la sécurisation de la maison n'est pas toujours considérée comme prioritaire chez les particuliers. Elle passe trop souvent après la décoration ». Si elle fait moins rêver qu’une cuisine de chef ou qu’un jacuzzi, la sécurité de la maison demeure pourtant essentielle.

Sans être matérialiste, perdre des objets de valeur, son outil de travail (un ordinateur notamment) ou tout simplement des souvenirs est souvent vécu comme « un viol » de son intimité dont on met plusieurs mois à se remettre. Pour autant, vous pouvez largement réduire les risques. Une sécurité optimale repose ainsi sur le triptyque porte blindée, alarme et télésurveillance. Mais pour les budgets limités, il existe également des solutions simples, efficaces et peu onéreuses.

Cambriolage : l’état des lieux

Pour bien calibrer votre installation, vous devez tenir compte des habitudes des malfrats. Selon le ministère de l’Intérieur, 80 % des cambriolages ont lieu en ville et un sur deux concerne les résidences principales tandis que seulement 6 % des résidences secondaires sont visitées. Contrairement à beaucoup d’idées reçues, les cambrioleurs opèrent de jour. Près de 80 % des effractions interviennent durant la journée, plus précisément entre 14 et 16 h.

Le mode opératoire des cambrioleurs reste très classique. Environ 41 % passent par la porte d'entrée. Si elle résiste, ils font le tour de la maison et se rabattent sur la porte de garage. Souvent négligée, elle constitue souvent le gros point faible de la maison. Les voleurs empruntent aussi les fenêtres dans 38 % des cas. Mais c’est visible et sonore : ils doivent casser soit la vitre, soit les montants de la fenêtre.

Discrets par nature, les cambrioleurs n’aiment pas le bruit. Le déclenchement d'une alarme les fait fuir immédiatement dans 95 % des cas. Ils n’ont alors pas le temps d’emporter quoi que ce soit et seuls les dégâts liés à l’effraction sont à déplorer. A noter également : un logement déjà visité, donc connu, a une probabilité six fois supérieure de faire de nouveau l’objet d’un cambriolage. Si votre maison est bien protégée, les cambrioleurs le sauront, ce qui aura forcément un effet dissuasif.

Sécurité active ou passive ?
La sécurité passive consiste à empêcher les cambrioleurs de pénétrer dans la maison. Tout est envisageable : haies défensives, portes blindées, barreaux… Si le cambrioleur réussit à entrer, c’est souvent trop tard. En quelques secondes, il peut « rafler » des bijoux, un ordinateur portable et autres objets de valeur. Pour prévenir ce risque, il faut miser sur la sécurité active. Alarmes, caméras de vidéosurveillance ou encore fumigènes feront fuir les malandrins. Autre option : s’abonner à un service de télésurveillance qui avertira la police si nécessaire.

Porte d’entrée : la priorité

Près d’un cambrioleur sur deux passant par la porte d’entrée, celle-ci doit être renforcée. Sauf demande particulière de votre part, elle sera équipée à la base d’une serrure trois points A2P⋆ (voir encadré Serrures certifiées). Si c’est suffisant pour résister à un cambrioleur occasionnel, un voleur plus expérimenté aura vite fait de la forcer.

Si vos moyens vous le permettent, faites installer un bloc-porte. C’est LA solution la plus efficace pour protéger votre habitation. Composé d'une porte associée à une huisserie (ou dormant ou cadre), le bloc-porte blindé est un ensemble cohérent beaucoup plus résistant qu'une porte complétée par des éléments de protection de diverses origines. Le vantail est une structure métallique sur ses quatre côtés, complétée par une feuille de blindage.

Les blocs-portes sont quasiment inviolables car le temps et les outils nécessaires pour réaliser l'effraction sont tels que les cambrioleurs renoncent. « Les particuliers s'équipent majoritairement de portes A2P BP1 munies d'une serrure A2P*. Cette certification offre déjà un bon niveau de protection. Elle représente environ 80 % de nos ventes », précise Thierry de Premilhat. Autre atout : ce type de porte améliore le bilan thermique et phonique de la maison. Côté prix, comptez entre 2. 500 et 4 000 € suivant le modèle et les options. Pour une porte à deux vantaux, il faudra débourser entre 4 500 et 7 000 €.

Que des matériels certifiés !

La pose d’une serrure certifiée « anti-effraction » est un minimum. Comment la reconnaître ? Vos clefs affichent un logo A2P et selon le niveau de sécurisation, il est accompagné d’une *,**, ***. Cette certification délivrée par le Centre national de prévention et de protection (CNPP) classe les niveaux de résistance à l'effraction en minutes :

Le label A2P * regroupe les serrures qui résistent 5 minutes à l'effraction, pour une attaque de type « opportuniste ». Un cambrioleur « amateur » en quelque sorte.
Le label A2P 2 ** est décerné aux serrures résistant pendant 10 minutes à une effraction réalisée par un cambrioleur expérimenté et outillé.
Le label A2P *** concerne les serrures résistant pendant 15 minutes, pour une menace qualifiée de « professionnelle ».
Les qualités anticambriolages des blocs-portes vont de BP1 à BP3, ce dernier étant le plus performant. Une serrure A2P*** associée à un bloc porte BP3 offre une sécurité maximale. La norme européenne EN 1627 s’organise en six classes de résistance, de 1 à 6. Avec la classe 2, le temps de résistance à l’effraction est de trois minutes pour un cambrioleur occasionnel. Une installation classée 6 résistera vingt minutes à un cambrioleur expérimenté.

Les fenêtres peuvent également être certifiées par Centre national de prévention et de protection. Trois niveaux de sécurité, de CR1/E à R2 attestent d’un haut degré de retard à l’effraction.

• Le niveau A2P CR1/E correspond à une baie équipée de quatre gâches, d'une plaque de protection antiperçage, d'un double vitrage feuilleté retardateur d’effraction, de parcloses collées pour renforcer la résistance à l’effraction et d'un renfort acier du dormant. Elle résistera aux assauts d’un intrus peu expérimenté.
• Le niveau CR1/R1 offre en plus cinq gâches de sécurité, une poignée à clé renforcée et un renfort acier de 100 % des profils. Elle sera efficace face à un cambrioleur expérimenté.
Le niveau A2P R2 propose en plus un double vitrage feuilleté (encore plus résistant) retardateur d’effraction et des parcloses collées. Un cambrioleur professionnel aura les plus grandes difficultés à fracturer la fenêtre.

Les serrures se connectent !

La maison est de plus en plus connectée. Les serrures n’échappent pas à cette révolution. Et pour cause : elle vous simplifie la vie. Il suffit d’appuyer sur votre smartphone pour ouvrir votre porte. Vous ne cherchez plus vos clés au fond de votre sac, les perdre n’est plus un problème. Et l’angoisse d’avoir laissé la porte ouverte quand vous partez travailler disparaît. Autre atout : plus besoin de partager des clefs avec le personnel de ménage, les aides à domicile ou les enfants.

La serrure connectée, via le Bluetooth généralement, se verrouillera et se déverrouillera grâce à une application mobile iOS/Android. Ainsi, le smartphone, avec un code numérique, se substitue à la traditionnelle clé métallique. Mais on peut également ouvrir la porte depuis un badge RFID, une télécommande ou une montre connectée… Les prix démarrent à 100 € et vont jusqu’à 500 €.

Attention aux modèles bas de gamme. Ils peuvent présenter des failles de sécurité. Comme pour les serrures mécaniques, les systèmes connectés disposent d’une certification identifiable par le logo A2P@ attribué par le Centre national de prévention et de protection (CNPP). Les serrures ainsi certifiées doivent résister aux cambriolages et aux attaques numériques. Pour le moment, une seule marque de serrures a réussi à décrocher cette certification avec une seule étoile. La deuxième étoile sera attribuée à une serrure capable de résister à un informaticien dotée de connaissances en « hacking ». Ce niveau n’a pas encore été délivré, faute de modèles suffisamment résistants.

Sonner l’alarme

Les alarmes constituent le complément logique de la sécurité passive. Si le cambrioleur a déjoué les dispositifs en place et s’apprête à pénétrer dans la maison, elles ont pour objectif de le déstabiliser pour l’inciter à fuir rapidement.

Le cœur du système reste la centrale. Reliée aux différents capteurs, en cas d’alerte, elle déclenche l’alarme intérieure et extérieure, le flash pour signaler la maison, le fumigène, l’enregistrement de l’éventuelle caméra, envoie un message sur votre smartphone et/ou à une société de télésurveillance, etc. Un système d’activation et de désactivation de l’alarme, une télécommande, un clavier ou votre smartphone pilotent l’installation à distance.

Tout commence par la pose de capteurs. En cas d’ouverture non prévue, ils préviennent la centrale. Mieux vaut en prévoir au moins un pour chaque porte et chaque fenêtre donnant sur l’extérieur. Des détecteurs de mouvements, dits volumétriques, sont à placer dans les endroits stratégiques : hall, escalier qui mène à l’étage.

Le cambrioleur entre dans les lieux ? Une sirène d’intérieur, complétée par un puissant fumigène, se déclenche. Son niveau sonore de 115 dB (bruit équivalent à un coup de fusil ou une corne de brume) sera insupportable pour les tympans de l’intrus, tandis qu’un flash clignotant extérieur alertera le voisinage à identifier la maison cambriolée.

Vous pouvez compléter l’installation par des caméras Pas indispensables, mais fortement recommandées, elles permettent au propriétaire de voir en direct ce qui se passe chez lui et de visionner à distance des séquences prises au moment de l’intrusion. Elles sont très utiles pour effectuer une « levée de doute ».

Comme pour les serrures, les alarmes subissent des tests de certification et sont classées selon leur niveau de sécurité A2P1 bouclier, A2P2 boucliers, A2P3 boucliers, le niveau 1 correspondant au degré de sécurité le plus faible. Ce dernier convient aux particuliers qui souhaitent dissuader des cambrioleurs amateurs. Dans les zones à fort taux de cambriolage, il est recommandé de privilégier deux boucliers. Enfin, le niveau A2P3 boucliers reste destiné aux maisons renfermant des objets de grande valeur.

Acheter ou louer son installation ?
Les alarmes vendues dans le commerce ne nécessitent pas d’abonnement. Mais en cas d’alerte, vous devrez gérer le problème à distance. Vous vérifierez notamment si le cambriolage a bien eu lieu et vous préviendrez si besoin les forces de l’ordre. Le prix d'une alarme filaire varie de 450 à 2 500 € pose comprise et de 600 à 3 500 € pour un système sans fil. Le tarif d'une alarme radio est compris entre 500 et 3 500 €, tandis que celui d'une caméra IP est compris entre 100 et 1 000 €.
L’alternative : souscrire un abonnement mensuel qui comprend la pose du matériel et la télésurveillance. Cette prestation peut être fournie par votre assureur ou par une société spécialisée. Le professionnel prend en charge la réception des alertes et la gestion du sinistre. Une solution pratique quand on est en vacances à l’autre bout du monde ou lorsque l'on part en week-end ! Il vous en coûtera entre 15 et 30 € par mois selon le niveau de sécurisation et la taille de la maison.

La télésurveillance, c’est quoi ?

En échange d’un abonnement mensuel, vous pouvez faire installer et entretenir votre installation et déléguer la gestion des alertes 24 h/24, 7 j/7. C’est la télésurveillance. L’offre comprend en général un diagnostic sécurité pour définir la meilleure solution technique : équipements, nombre de détecteurs, emplacement. Une fois la pré-étude réalisée, un technicien spécialisé installe tous les éléments. Le système d’alarme est ensuite connecté à un centre de surveillance par la box internet.

Dès qu’une alerte est émise, un télésurveilleur vérifie la réalité de l’intrusion en écoutant et en regardant ce qui se passe dans le logement grâce aux micros et aux caméras installés. Si le doute est avéré, en fonction de l’option choisie dans le contrat, le centre de surveillance prévient les forces de l’ordre et dépêche un agent de sécurité sur place.

Mais attention, la télésurveillance ne s'apparente pas à « Big Brother is watching you » comme dans 1984 de George Orwell. Les opérateurs ne peuvent pas vous épier à votre insu. La prise et l'enregistrement de photos et vidéos n’a lieu que lorsqu’une intrusion est détectée.

Télésurveillance : que dit la loi ?
Le législateur ne transige pas avec le respect la vie privée des individus. Les textes de loi sont très clairs sur ce point, et particulièrement l'article 226-1 du Code pénal. « Est puni d'un an d'emprisonnement et de 45 000 € d'amende le fait, au moyen d'un procédé quelconque, de porter volontairement atteinte à l'intimité de la vie privée d'autrui, soit en captant, enregistrant ou transmettant, sans le consentement de leur auteur, des paroles prononcées à titre privé ou confidentiel ; soit en fixant, enregistrant ou transmettant, sans le consentement de celle-ci, l'image d'une personne se trouvant dans un lieu privé. » Ainsi, lorsque vous installez une caméra, elle ne doit filmer que votre propriété, et rien d’autre. Pas question de filmer la rue et son trottoir, le jardin du voisin et les maisons autour de chez vous. Il est également interdit de filmer une personne sans son consentement, et même chez vous, toutes les personnes concernées doivent en être averties. Cette disposition doit être appliquée si vous employez du personnel (ménage, baby-sitter, etc.). Vous êtes tenu de les informer de l’existence du système de vidéosurveillance et ne devrez pas les filmer pendant leur activité.

Une protection efficace à petit prix

Nombreuses, les installations de sécurité ne sont pas forcément hors de prix. Tout commence par le jardin. Les voleurs étant souvent des personnes discrètes détestant se faire remarquer, il faut essayer de les éclairer durant leur approche. Un éclairage à détection automatique dans le jardin fera parfaitement l’affaire. Pour environ 20 € le spot, vous pouvez commencer à équiper votre maison. Une répartition judicieuse des points lumineux devant votre porte d'entrée, votre garage, le long de votre rez-de-chaussée et au niveau de votre portail les dérangera.

Vous devez aussi protéger vos fenêtres en les équipant de poignée à clef (à partir de 10 €). Vous ferez poser un film anti-effraction sur les ouvertures du rez-de-chaussée. Il renforcera les vitres et pourra selon son épaisseur résister à un coup de marteau. Ce procédé a fait ses preuves sur les vitrages dans les trains contre les jets de pierre. Selon son épaisseur, les prix varient de 20 à 50 € le mètre carré.

Pensez aussi à sceller des barreaux (à partir de 30 €) devant les fenestrons, faciles d'accès. Ultime conseil peu coûteux : simulez votre présence. Pour cela, rien de plus facile : investissez dans des prises programmables (à partir de 10 €) qui allument et éteignent la lumière selon votre scénario. Vous pouvez aussi déclencher une radio ou de la musique pendant votre absence.

Le mieux, c’est encore de concevoir votre installation de sécurité à l’avance, lors de l’élaboration de votre projet. Vous pourrez ainsi équiper votre maison de A à Z avec des systèmes spécialement adaptés, fournis par des professionnels reconnus, à des prix abordables. A partir de 15 € par mois, vous pouvez vous protéger efficacement, ce prix incluant la mise à disposition du matériel d'alarme, du dispositif de télésurveillance et de la maintenance à distance.

Les constructeurs proposent quant à eux des « pack sécurité » pour un prix forfaitaire optimisé, variable selon les professionnels. « Ces solutions sont spécialement adaptées aux maisons neuves », indique Loïc Vandromme, secrétaire général d’Hexaôm. « Elles constituent un vrai plus pour l’acquéreur qui bénéficie, dès la réception, d’un cadre de vie sécurisé. » Souvent, ces prestations d’alarme et de télésurveillance sont intégrées dans des offres domotiques globales. De quoi ajouter à la sécurité le confort d’une gestion de l’énergie au doigt et à l’œil.


La rédaction vous conseille