« Cest du cousu main : un projet adapté au budget, aux envies du client et à lenvironnement du terrain. » Le sur-mesure na pas de secret pour Pierre Alain Camiade, gérant dAnoste Bois ! Et pour cause ! Cest le quotidien de cette entreprise landaise, spécialisée dans la construction bois, qui commercialise entre cinq et dix maisons chaque année. Comme lui, de nombreux constructeurs se sont spécialisés dans les projets sur mesure, dautres réalisent également ce type de constructions tout en proposant également à leurs clients des modèles de maisons. Focus sur douze points clés pour un projet réussi.
Un rendez-vous à ne pas rater
Une maison sur mesure satisfera dautant plus les acquéreurs que leurs demandes seront parfaitement comprises. Le premier rendez-vous organisé avec le technico-commercial est essentiel pour la suite du projet. « Cest même le plus important », précise Jean-Philippe Cazalets, directeur adjoint de Depreux Construction, un constructeur implanté en Loire-Atlantique. « Le client doit en effet ressentir de lécoute de la part du constructeur. La vente dune maison est parfois ratée à cause dun détail qui na pas été pris en compte. » La découverte des besoins des clients doit être dailleurs des plus poussée car cette maison est bien souvent la deuxième, voire la troisième accession. Le conseiller doit identifier les changements souhaités par les familles, les pièces auxquelles ils sont attachés. « Nous devons les coacher dans la définition de leur cahier des charges »,résume Fabrice Tréguer, directeur commercial de Trecobat, un constructeur breton.
Le budget le plus juste
Lenveloppe budgétaire doit être bien entendu prise en compte. Si les acquéreurs disposent généralement dun budget supérieur à la moyenne, oscillant entre 1 600 et 2000 /m², il nest pas non plus extensible ! Tous les choix du client seront arbitrés sous langle budgétaire. Rien ne sert de faire rêver les acquéreurs en leur proposant un projet quils seraient incapables de financer. « Le budget doit être défini dès le départ », prévient le patron du constructeur breton. « À nous dêtre performant dans la cohérence du cahier des charges du client avec son budget. Il ne faut pas le frustrer mais lui apporter la meilleure proposition. »
Chacun son style
Plus que larchitecture de la maison, cest surtout lesthétique qui prime aux yeux des acquéreurs. Ces derniers voulant personnaliser leur future résidence principale : hauteur de la construction, enduit ou bardage bois pour la façade, taille des menuiseries. « Nos clients nous demandent de grandes ouvertures pour leurs pièces de vie », note Bulent Demirci, directeur commercial du groupe Moyse qui construit cent cinquante maisons par an. « Nous installons des fenêtres panoramiques dans le salon. Très lumineuses, elles permettent de bien voir lextérieur tout en préservant son intimité. » De grandes baies coulissantes dune longueur de 3 m prennent place dans la pièce regroupant le séjour et la cuisine. Outre les dimensions des menuiseries extérieures, le choix du matériau est aussi un marqueur pour les clients. Laluminium est préféré au PVC pour apporter une touche de modernité à larchitecture, un métal qui sadaptera à tous les goûts tant il se décline dans une gamme infinie de couleurs. À condition de respecter les exigences des architectes des Bâtiments de France (ABF) qui contrôleront votre demande de permis de construire si votre maison est située dans un secteur protégé.
La bonne surface à trouver
Les acquéreurs souhaitent profiter dune maison spacieuse avec une pièce à vivre regroupant la cuisine, le séjour et le salon, soit 60 à 70 m² pour une maison offrant au moins 150 m² habitables. Si les grands espaces sont le maître-mot de laménagement intérieur, ce nest pas le cas des chambres ! Des pièces de 17 m² ne font plus rêver les acquéreurs qui leur préfèrent des surfaces comprises entre 11 et 13 m². Seule exception à cette règle : la chambre parentale qui offre entre 25 et 30 m². Plus quun bel espace à vivre, cest surtout la composition de cette pièce qui a changé depuis quelques années comme lobserve Jean-Philippe Cazalets : « La suite parentale est très étudiée par les clients. Cest désormais une pièce unique dans laquelle on circule. La salle de bains est ouverte sur la chambre, le dressing. Et plus le nombre de mètres carrés augmente, plus nous avons des demandes particulières. Le lit est alors situé près dune fenêtre. Une cloison située derrière la tête de lit sépare la salle de bains et le dressing ».
Le terrain dicte sa loi
Le cahier des charges défini, le constructeur vérifie si le terrain est adapté à lédification de la maison. Les règles durbanisme qui encadrent les constructions dans la commune peuvent être très contraignantes. Limplantation du bâtiment doit souvent respecter un recul par rapport à la voirie et à la limite séparative de la parcelle du voisin. Sans oublier une hauteur maximale du toit qui peut limiter la construction détages. Le relief de la parcelle ne facilite pas non plus toujours la tâche du constructeur ! « Cest le terrain qui commande », prévient Jean-Philippe Cazalets, qui file la métaphore militaire. « Les terrains en pente nécessiteront un projet sur mesure, la construction étant par exemple réalisée sur différents niveaux pour épouser la forme du terrain. De même pour un projet de construction prévu derrière une maison existante, nous devrons être très vigilant sur le positionnement des fenêtres sur les façades pour préserver lintimité de nos clients. Des murs décoratifs faisant office de brise-vue pourront être aussi prévus. »
Des plans fidèles
La future maison prendra forme grâce aux plans en trois dimensions : surface des pièces, volumétrie de lhabitat, luminosité
Cet outil est précieux pour les acquéreurs
qui se projetteront plus facilement dans leur futur cadre de vie comme lexplique Fabrice Treguer : « Les clients attendent cela. La visualisation en trois dimensions ressemble en effet à la réalité que ce soit les étages de leur maison, les perspectives intérieures et extérieures ». Les échanges entre constructeur et clients affineront le projet. Mais ces plans en trois dimensions, aussi réalistes soient ils, ne suffisent pas toujours à certains clients ! Les constructeurs leur font alors visiter des chantiers à différents stades davancement pour les aider à visualiser la surface habitable de leur maison, lintégration des menuiseries dans les façades. « Nos clients qui habitaient une ancienne grange de 350 m² avaient du mal à se projeter dans leur maison de 220 m² », raconte Bulent Demirci, qui a fait visiter une maison dont la surface était proche de celle choisie par ses clients. Ces visites permettent également dexpliquer comment sera construite leur habitation et de répondre aux nombreuses interrogations.
Des prestations de qualité
Les prestations sont aussi passées au crible par les futurs propriétaires qui se montrent des plus exigeants : carrelage, parquet, portes intérieures, portes extérieures, robinetterie Avec une attention particulière apportée à léquipement de la salle de bains qui simpose comme la pièce la plus choyée de leur demeure. « Quand on construit sa maison, on veut que sa salle de bains soit un cocon. Cette pièce concentre à la fois le confort et la personnalisation souhaités par le client. Elle est dailleurs très importante pour les cinquante/soixante ans », constate Fabrice Treguer. Les bacs de douche extraplats, le sèche-serviettes connecté, des vasques design, une robinetterie encastrée dans les cloisons, une baignoire îlot avec son robinet posé par terre, ont le droit de cité. La recherche dune personnalisation plus poussée des prestations concerne aussi la conception de lescalier quand ce dernier est situé dans la pièce principale de la maison. Tous les matériaux ont alors leur carte à jouer que ce soit le béton allié au verre ou un escalier mariant le bois, lacier au verre. De quoi faire grimper les prix ! « Il faut compter 15 000 € contre 4 000 € pour un escalier classique », calcule Jean-Philippe Cazalets.
Des conseils à la clés
Pour choisir ces prestations, les futurs propriétaires poussent la porte des show-rooms des constructeurs. Des visites peuvent être programmées chez les clients du constructeur pour visualiser les prestations intéressant lacquéreur. « Nous navons pas de show-room mais nous accompagnons nos clients chez nos fournisseurs où un conseiller les aidera à choisir la couleur des peintures, les sanitaires, les portes intérieures », décrit Bulent Demirci. « Nos clients ont besoin de services. » Chez certains constructeurs, les acquéreurs peuvent même bénéficier dune prestations sur mesure comme chez Trecobat avec son service créations. Ce dernier, qui allie compétences en décoration et agencement, peut dessiner aussi bien un dressing quune salle de bains !
Quand le sur-mesure s'allie à la tradition
Larchitecture, cest lune des signatures du sur-mesure. Elle permet à la maison de
trouver tout naturellement sa place dans son environnement, de donner limpression davoir toujours été là. Outre lintégration dans le paysage, larchitecte (son intervention est obligatoire si la maison dépasse 150 mètres carrés) prend en compte les caractéristiques du terrain, lorientation, lensoleillement, la vue, mais aussi la végétation environnante. Il met ensuite en scène la volumétrie densemble, la toiture, les jeux de façades, les couleurs, les matériaux
Cest aussi une affaire de goûts du client. Certains choisissent la tradition. On retrouve alors des architectures fidèles aux styles régionaux. Dans le Sud, la maison provençale sinspire souvent de la bastide. Elle sorne de génoises (un rang par étage) et de tuiles canal. En Bretagne, la pierre est employée, notamment pour les soubassements et les encadrements de fenêtres. Dans les Alpes, on construit de grands chalets ou des demeures qui reprennent lallure des fermes traditionnelles. Le style Mansart et les autres références aux grands architectes des temps jadis ont également leurs amateurs, notamment en région parisienne ou dans les centres des grandes agglomérations.
La tradition peut intégrer des éléments plus modernes. Dans le Sud, la bastide provençale se déstructure en plusieurs volumes. Elle sagrémente davancées de toiture, de jeux de façades et de grandes baies vitrée. En Île-de-France, le style briard peut suivre la même évolution. En Bretagne, on trouve des néo-bretonnes qui reprennent larchitecture traditionnelle en lui ajoutant façades travaillées, parements de pierre et plus grandes ouvertures. Dans le Centre, place à la longère ou à la ferme traditionnelle revisitées avec là encore jeux de volumes et belles ouvertures.
Les audaces contemporaines sont également permises. « De plus en plus, la volonté des clients est daller vers des architectures modernes, voire audacieuses. Ils sont très soucieux de laspect extérieur de la maison, qui doit être flatteur, valorisant », constate Pierre Laude, directeur associé dArteco, en Bretagne. « Souvent, les acquéreurs demandent beaucoup de grandes ouvertures, de décrochés de façades et de toitures, avec aussi des appentis, des porches, des terrasses qui font le tour de la maison pour, au final, obtenir des architectures plus modernes et plus travaillées », complète Hermann Genouel, directeur dexploitation des Maisons de lAvenir, un autre constructeur breton.
Mais cela ne suffit pas à offrir un supplément dâme. « Il faut naturellement travailler sur des formes, mais aussi sur les ambiances. Certaines maisons sont très simples, mais elles font montre dune authentique élégance et de beaucoup de charme tout simplement parce que les détails sont très soignés et quun élément sort de lordinaire. Comme sur cette maison en L bâtie à Bois-le-Roi (77), où nous avons ajouté une petite tour octogonale qui fait toute la différence », note le maître duvre francilien Serge Gautier.
Sur-mesure et règles techniques
Les maisons sur mesure sont plus sophistiquées sur le plan architectural. Or, dans ce domaine, tout nest pas possible. Il sagit bien sûr de réaliser un projet conforme aux règles durbanisme. Notamment dans les secteurs protégés, là où lautorisation de larchitecte des Bâtiments de France est requise. Mais surtout, la maison doit être conforme à la réglementation thermique 2012 (RT 2012) jusquau 31 décembre 2021 et à la réglementation environnementale 2020 (RE 2020) dès le 1er janvier 2022.
Ces textes imposent un bâti ultraperformant avec, entre autres exemples, un traitement poussé des ponts thermiques, mais aussi une isolation et une étanchéité renforcées. Or, si lon ny prend pas garde au moment de la conception, les subtilités architecturales peuvent aboutir à une non-conformité. Il faudra alors remettre louvrage sur le métier et sans doute dépenser davantage dargent pour remettre la maison « dans les clous » de ces réglementations. Pour ce faire, le projet sera élaboré en partenariat avec le bureau détudes du constructeur.
Ce spécialiste fera tourner ses logiciels (moteurs de calcul en langage technique) pour trouver les meilleures solutions techniques. De même, larchitecte (les maisons sur mesure sont le plus souvent réalisées par ces hommes de lart) planchera, toujours en partenariat avec le bureau détudes, sur les meilleures solutions à apporter pour trouver les bons compromis entre le style et le nécessaire respect de la RT 2012 comme de la RE 2020.
Ce travail déquipe est dautant plus important que la maison, toujours pour être conforme aux réglementations, doit insister sur la conception bioclimatique. Ses baies vitrées doivent représenter au moins un sixième de la surface habitable pour favoriser les économies dénergie et léclairage naturel. Il faudra aussi penser à protéger la maison contre les surchauffes estivales. On mettra en place des casquettes, des brise-soleil qui tempéreront les ardeurs de lastre du jour .
Toutes ces impositions peuvent modifier les choix des acquéreurs. Ce qui peut être source de déceptions ou dincompréhension. « Le constructeur doit bien expliquer à son client les divers choix techniques et architecturaux puisquils ont un impact sur lapparence, mais aussi le prix de la maison », rappelle Fabien Cuminal, directeur général du groupe Cofidim (Le Pavillon Français, Maisons Sésame). « Les acquéreurs ont aussi intérêt à sinformer en amont de leur projet pour être bien conscients que la RT 2012 ou la RE 2020, mais aussi les règles durbanisme, peuvent influencer le style de la maison. »
Belles adresses pour belles demeures
La maison sur mesure relève souvent du haut de gamme. Elle élira alors domicile dans une commune résidentielle, recherchée, donc chère. Bref, difficile denvisager la construction dune résidence de plus de 200 000 € sur un terrain qui en vaut 20 000. « Plus encore quune maison classique, une demeure sur mesure de grand standing doit miser sur la valorisation du patrimoine. Ce qui passe dabord par la sélection dune belle adresse », confirme Arnaud Costa, de la société Costa Construction, un constructeur haut de gamme basé en Lorraine.
Outre leur commune délection, ces maisons sont souvent bâties sur de vastes terrains, qui offrent en général plusieurs milliers de mètres carrés. Elles peuvent aussi être bâties dans les beaux quartiers de communes résidentielles à forte image de marque. Mais toutes ou presque sont construites sur des terrains qui le plus souvent dépassent les 200 000 €. Dans certaines villes de louest de la région parisienne, les parcelles peuvent dépasser les 500 000 €. Voire nettement plus pour lexceptionnel, qui comme chacun sait na pas de prix.
Entrée de gamme, le sur-mesure c'est possible ?
Le sur-mesure est-il réservé aux maisons haut de gamme, voire luxueuses ? Pas forcément. Car aujourdhui, la très grande majorité des maisons neuves est personnalisée. Lobjectif : créer un habitat qui répond le plus précisément possible aux souhaits des familles, qui leur ressemble vraiment, sans pour autant exploser leur budget. Conscients de ces demandes, les constructeurs proposent de nombreuses solutions.
Au programme : des enduits deux tons, des éléments coordonnés (menuiseries, portes de garage et portes dentrée de même couleur, par exemple), le choix en matière de toiture (plate, deux ou quatre pentes, etc.). « Les constructeurs, souvent en collaboration avec des architectes, élaborent des maisons qui savent varier les styles pour sadapter aux besoins de chacun comme aux règles durbanisme », indique Patrick Vandromme, président du Groupe Hexaôm. « Les nouveaux outils informatiques permettent de mettre en scène ces demandes, de vérifier si elles sont réalisables sur les plans techniques et financiers. Cette tendance à la personnalisation est si forte quaujourdhui, on ne peut plus parler de maison sur catalogue. »
Cette logique est très poussée chez certains constructeurs. À partir de quatre solutions de base (plain-pied, de plain-pied en L, à étage ou avec combles), lun dentre eux propose cinq types de surface par solution, trois possibilités daménagement par surface, pour une centaine de plans. Un autre commercialise trois architectures de base, qui peuvent être personnalisées grâce notamment à des packs optionnels (habitat connecté, tendances déco, etc.), plusieurs solutions de chauffage, tandis que les plans sont modulables.
« Nous pouvons, sur nos modèles, apporter nombre de modifications, notamment sur les plans et la distribution des pièces pour coller au plus près des demandes de nos clients, même lorsquils disposent dun petit budget », résume-t-on chez Maisons Pierre. Bref, chaque projet est désormais personnalisé, offrant un bon compromis entre sur-mesure et modèle catalogue. Autre atout de ces maisons très individuelles : un prix accessible, puisquelles démarrent le plus souvent aux alentours de 1 200 €/m².