Conseils pour réussir l'isolation de sa maison

Jérôme Augereau
Mis à jour par
le 31 octobre 2017
Journaliste chez PAP.fr

L’isolation est une pièce maîtresse de la performance énergétique de votre maison. Une pose de qualité et une étanchéité réussie seront les garantes d'une bonne performance thermique.

Ces panneaux de toiture intègrent à la fois l'isolant et la finition, pratique pour valoriser les poutres apparentes. © Unilin

Une consommation énergétique divisée par trois ! En dix ans, les maisons neuves sont devenues plus économes ! L’actuelle réglementation thermique, la RT 2012, a en effet renforcé les exigences en termes d’isolation par rapport à la précédente loi, la RT 2005. Les constructeurs ont notamment augmenté l’épaisseur des isolants pour diminuer les déperditions thermiques du bâtiment. « L’isolation du sol est passée de 6 à 8 cm, celle des murs de 10 à 12 cm et celle des combles de 25 à 35 cm », explique Thierry Perrin, directeur associé de Bastide Bondoux, bureau d’études thermiques, qui réalise des études thermiques pour le compte des constructeurs de maisons individuelles.

Cette membrane fixée par soudure assurera l'étanchéité des toitures-terrasses, un ouvrage très répandu dans l'habitat individuel. © Siplast

Des produits certifiés pour isoler la maison

Des performances vérifiées. Pour isoler la maison, les constructeurs disposent d’un large panel de produits : laine de roche, laine de verre, polyuréthane, polystyrène expansé, fibre de bois… Quel que soit l’isolant choisi, celui-ci doit être impérativement certifié. La certification garantit en effet que les performances annoncées par l’industriel ont été contrôlées par un organisme tiers. Dans le cas d’un produit non certifié, la performance thermique de l’isolant retenue dans le calcul de l’étude thermique subirait une décote de 20%. Ce qui obligerait le constructeur à compenser cette décote par le choix d’un système de chauffage ou de production d’eau chaude très performant donc plus coûteux !

Ce doublage en polystyrène expansé assure une excellente isolation intérieure tout en facilitant le passage des canalisations hydrauliques et électriques sans risque de dégradations de l'isolant. © Placo - Saint-Gobain

Un isolant différent pour chaque élément de la maison

Le succès de la laine de verre. L’isolation des murs des maisons s’effectue le plus souvent via des panneaux de laine de verre semi-rigide qui seront maintenus par une ossature métallique. Les plaques de plâtre vissées sur cette dernière assurent la finition. Un système qui représente selon Bastide Bondoux environ sept maisons sur dix. Peu onéreuse, cette solution permet par ailleurs de pallier les légers défauts de planéité qui peuvent survenir sur les parois, la laine de verre épousant en effet parfaitement le mur. Les canalisations électriques pourront être également placées entre l’isolant et la plaque de plâtre. Autre produit : des plaques de polystyrène haute densité qui sont collées directement sur la maçonnerie.

Ces panneaux de polyuréthane haute performance se posent directement sur les parois des maisons. © Soprema

Les atouts du polystyrène. L’isolation du plancher de la maison différera selon le choix constructif. Si l’habitation est construite sur vide-sanitaire – un espace vide ventilé séparant le plancher du sol naturel –, le plancher est alors isolé avec des hourdis en polystyrène expansé. Il s’agit d’un plancher constitué de poutrelles de béton armé entre lesquelles sont insérés des blocs de polystyrène. Des rupteurs de ponts thermiques sont placés à la jonction des poutrelles et des parois pour assurer une isolation continue, gage d’efficacité. Ce procédé est très répandu car il assure une très bonne isolation du plancher tout en réduisant le poids de l’ouvrage et son coût ! Si la maison est édifiée sur un terre-plein, le plancher bas repose directement sur le sol naturel. L’isolation est alors assurée par la pose de panneaux de mousse de polyuréthane.

Ces panneaux en bois isolent le sol de la maison. © Soprema

L’isolation de la toiture. Elle dépendra elle aussi de la configuration de la maison. Dans le cas d’une habitation dotée de combles perdus, de la laine minérale (roche ou verre) sera soufflée en flocons sur l’intégralité du plancher. Très répandu dans l’habitat individuel, ce produit est cependant soumis à la ventilation naturelle occasionnée par l’air passant par les rives du toit. Une circulation d’air qui déplace parfois l’isolant installé. Pour supprimer ces problèmes, ROCKWOOL a conçu une laine de roche en flocons disposant d’une tenue au vent plus élevée. « Les tests que nous avons réalisés en soufflerie démontrent qu’il n’y a pas de déplacement significatif de l’isolant lorsqu’un vent de 126 km/h s’engouffre dans les combles dépourvus de déflecteurs, ces planches de bois ou en acier qui dirigent le vent vers le haut de la toiture », observe Matthieu Biens, directeur marketing et développement Europe du Sud. « La performance thermique du produit n’est pas pénalisée. » Si la maison dispose de combles aménagés, des panneaux de laine de verre ou de roche seront en revanche employés pour isoler cet ouvrage.

Une bonne étanchéité pour isoler la maison

Réduire les fuites d’air. Pour garantir à l’acquéreur une isolation de qualité, les constructeurs doivent également améliorer l’étanchéité à l’air du bâtiment en réduisant les pertes de chaleur. Cette étanchéité fait d’ailleurs l’objet d’un test réalisé lors de la livraison de l’habitation. Les fuites d’air acceptées par la RT 2012 ne doivent pas dépasser 0,6 m3/(h.m²), soit l’équivalent de la surface d’un CD si ces flux d’air étaient concentrés en un seul point. Un effort conséquent pour les constructeurs qui n’étaient soumis à aucun contrôle lors de la précédente réglementation thermique qui avait instauré une valeur d’étanchéité atteignant par défaut 1,30 m3/(h.m²).

Un revêtement technique peut être projeté sur les murs pour assurer leur étanchéité. © Placo

Une mise en œuvre de qualité. Pour obtenir une bonne étanchéité à l’air, les constructeurs peuvent utiliser différents produits. Des boîtiers électriques étanches empêchent ainsi l’arrivée de l’air extérieur. Les trappes d’accès aux combles sont équipées de joints en caoutchouc. Outre l’utilisation de produits spécifiques, une étanchéité à l’air de qualité passe avant tout par le respect des règles du DTU qui définissent les bonnes pratiques professionnelles. Un pare-vapeur doit être ainsi posé sur l’isolant dans une maison à ossature bois. Cette membrane selon sa perméance, limite ou empêche le cheminement et la stagnation de vapeur d’eau dans les parois tout en assurant l’étanchéité à l’air. Dans une maison réalisée en maçonnerie traditionnelle (parpaings, briques), un joint de mousse expansée sera utilisé entre le mur et les menuiseries (fenêtres, baies vitrées) pour éviter tout infiltration d’air.

Un test d'étanchéité à l'air sera effectué avant la livraison de la maison. © diagtherm

Un deuxième bouclier contre le froid. Une seconde barrière d’étanchéité doit être aussi réalisée afin de constituer un rempart supplémentaire si la première était endommagée. Des joints seront ainsi effectués entre les cloisons et les menuiseries tout comme au pied des cloisons. « Les constructeurs sont sûrs de leur processus de fabrication et n’effectuent plus de tests d’étanchéité intermédiaires lorsque la maison était hors d’eau, hors d’air », observe Thierry Perrin qui rappelle que les maisons livrées affichent à l’échelon national une étanchéité de 0,50 m3/(h.m²) en moyenne. Les cessions de formation organisées en 2011-2012 par les bureaux d’études thermiques pour sensibiliser les artisans à l’étanchéité à l’air ont porté leurs fruits !

L’isolation des combles
L’isolation des combles est essentielle car cet ouvrage concentre environ un tiers des déperditions thermiques d’une maison. Le DTU, document technique unifié, qui définit les règles professionnelles, impose l’utilisation d’une membrane d’étanchéité. Cette dernière doit être posée sur l’isolant avant la pose de la plaque de plâtre qui servira de finition. Une solution technique qui n’est pas utilisée systématiquement en raison de son coût et du temps nécessaire à sa pose. Certains artisans se contentent de réaliser des joints silicone au pied de la cloison de plâtre. Si l’étanchéité globale est conforme aux exigences réglementaires, elle risque de se dégrader au fil des années. Knauf Insulation a conçu un système facilitant le travail des poseurs. Il s’agit d’un rouleau de laine minérale de verre avec un pare-vapeur intégré assurant à la fois l’étanchéité à l’air et à la vapeur d’eau. Le poseur réalise ainsi en une seule fois l’isolation et l’étanchéité, soit un gain de temps estimé par les entreprises ayant testé ce produit à 15% par rapport à la pose d’une membrane d’étanchéité séparée. A l’aide d’un adhésif spécifique, le technicien réalisera la jonction entre les lés d’isolant pour assurer une isolation continue. Un mastic sera aussi employé pour effectuer le raccord entre l’isolant et la maçonnerie. L’utilisation de produits agréés par l’industriel pour un usage dédié évite par ailleurs les incompatibilités entre les matériaux, sources de désordres à terme.

Avis d’expert
Richard Delamare, est responsable technique de Diagtherm, une entreprise réalisant des tests d’étanchéité pour le secteur résidentiel et tertiaire. Pas moins de 3 500 tests ont été effectués l’an dernier en maison individuelle.

Faire construire sa maison : En quoi une bonne étanchéité à l’air contribue-t-elle au confort des occupants ?

Richard Delamare : Une bonne étanchéité à l’air évite à l’air chaud de sortir de la maison et à l’air froid d’y pénétrer. Elle contribue également au bon fonctionnement de la ventilation mécanique contrôlée (VMC) car le renouvellement de l’air intérieur est maîtrisé. Les entrées d’air sont en effet contrôlées.
La maison livrée, quels sont les réflexes à adopter pour pérenniser l’étanchéité ?
Le particulier doit surveiller le réglage des fenêtres et portes de service. Car le joint doit être parfaitement comprimé lors de la fermeture. Il peut arriver par exemple que le joint d’une baie vitrée donnant sur la terrasse se décolle au fil des passages. Il est alors nécessaire de le changer. Autre cas : les joints silicone en périphérie des différents ouvrants donnant sur l’extérieur doivent être renouvelés lorsque ceux-ci sont altérés.
Quelles sont les précautions à prendre en cas de travaux ?
Si le client souhaite installer ultérieurement un poêle, il doit acheter un produit étanche car l’appareil doit prélever l’air nécessaire à la combustion à l’extérieur de l’habitation. Et s’il envisage la pose de spots, il doit acheter des modèles étanches. Dans le cas contraire, s’il perce dans le plafond situé sous les combles perdus, il fera entrer de l’air froid dans la pièce. 

Zoom sur l'isolation des combles

 


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