Les isolants biosourcés ont une belle carte à jouer avec la RE 2020 ! Lutilisation de ces produits fabriqués à partir de matière végétale ou animale sera en effet encouragée par la nouvelle réglementation environnementale qui sapplique depuis le 1er janvier 2022 aux permis de construire.
Coup de pouce de la RE 2020. Cette dernière a en effet pour objectif de diminuer les émissions de gaz à effet de serre (GES) des maisons neuves, ce qui devrait se traduire par un recours accru aux isolants biosourcés, ces derniers captant du carbone lors de leur croissance. Selon les experts, les isolants biosourcés, qui représentent seulement 3 % des surfaces posées en 2021, devraient atteindre en 2030 9 %.
Le bois en avance. Si les isolants biosourcés devraient bénéficier de cette contrainte réglementaire, tous ne partent pas sur le même pied dégalité sur la ligne de départ. Certains comme le bois ont une longueur davance. La fibre de bois - 55 % des isolants biosourcés - est employée depuis de nombreuses années dans les maisons à ossature bois pour lisolation des murs. Un produit dont la pose est bien maîtrisée par les artisans. La ouate de cellulose fait, elle aussi, la course en avant avec une part de marché de 31 %. Fabriquée à partir de papier recyclé, ce matériau se décline en flocons pour isoler le plancher de combles perdus ou des caissons. Sans oublier des panneaux de ouate pour isoler des rampants.
Le coton en outsider. Certains industriels comme Isover ont misé sur le coton (4 % des isolants biosourcés) avec leur isolant Isocoton. Ce dernier, fabriqué à partir de vêtements recyclés, isole aussi bien les combles aménagés que les cloisons et les contre-cloisons. La pose de ce produit est dailleurs des plus faciles. « Avec 100 milliards de vêtements vendus dans le monde, il y a beaucoup de matière à récupérer », explique Isover. « Et à léchelle de la France, ce sont 12 kg de vêtements qui sont jetés chaque année par chaque Français. Nous disposons dune ressource importante. »
FDES obligatoires. Mais tous les isolants biosourcés ne peuvent pas, à lheure actuelle, être utilisés en maison individuelle neuve. Pour contribuer à la baisse des GES, les isolants biosourcés doivent, comme les autres produits utilisés pour la construction de la maison, bénéficier de FDES. Ces fiches contiennent des données environnementales et sanitaires permettant détablir une analyse du cycle de vie (ACV) de lhabitation. Ces données concernent aussi bien lextraction de la matière, que son transport, lutilisation dans le bâtiment jusquà sa fin de vie. Or certains isolants comme la balle de riz, la paille de colza, nen possèdent pas !
Des maisons pénalisées. Faute de données certifiées, ce sont des valeurs par défaut qui sont retenues par le bureau détudes thermique réalisant létude pour le permis de construire. Des valeurs qui ne permettront pas datteindre les exigences réglementaires. « Ces démarches réclament du temps et sont très coûteuses pour de petites entreprises », rappelle un collaborateur du Codem, un centre technique dédié au développement des matériaux biosourcés, qui sexprimait lors de Passi-Bat 2022, une manifestation consacrée à la construction passive.
Biosourcés plus chers. Les isolants biosourcés pourraient être aussi freinés par leur prix plus cher que celui des isolants traditionnels comme les laines minérales. Un écart qui sexplique, selon le Codem, par un processus de fabrication qui nest pas encore optimisé. Mais cette différence de prix pourrait se réduire à lavenir, compte-tenu de lexplosion du prix du gaz, une énergie utilisée par les fours de fabricants de laines minérales. « Le coût des matériaux biosourcés samortit sur la durée, car ce sont des produits performants et durables dont la durée de vie est plus importante que celle des matériaux conventionnels », conclut le Codem.